Jeudi 26 Juin
Me voilà reparti sur la route de l’Aquitaine pour retrouver cette fête merveilleuse avec laquelle je suis associé depuis maintenant 2009.

`Je ne suis pas allé directement à Saint-Pierre d’Aurlliac aujourd’hui car une répétition m’attend à Bordeaux avec Ziad Ben Youssef, Stéphane Cazilhac, Edouard Lhoumeau et Yoann Scheidt. Je suis venu en BlaBlaCar car j’ai finalement très peu besoin de mon véhicule une fois sur place. Très bon covoiturage de Vannes à Bordeaux. Je suis parti de Vannes car mardi je jouais Eaudyssée avec Pierre Henry Gouyon à la Trinité-sur-Mer. Et toute la journée de mercredi était dédié au dernier jour du mixage de l’album du Jean-Luc THOMAS quartet.
C’est donc de Vannes que je pars ce matin avec trois partenaires de route vers Bordeaux. Yoann vient me chercher à la gare Saint-Jean et nous allons directement chez Stéphane retrouver Ziad et Stéphane pour travailler le répertoire qui sera joué dimanche.
Nous avons déjà échangé par Internet quelques morceaux. Maintenant il faut donner un peu de structure à l’ensemble. Edouard nous rejoint dans l’après-midi au doudouk et au saxophone et il ne manque que Adil mon grand ami marocain qui n’arrivera que vendredi soir directement de Essaouira. L’après-midi se passe très très bien dans une ambiance très décontractée, on sent qu’il y a une très belle écoute.

On est vraiment là pour partager, personne ne tire la couverture à soi, de l’écoute, du partage, de l’échange, un peu d’humour… Tout va bien. Nous sommes bien sur terre avec de beaux terriens. Nous terminerons la soirée dans un petit club à grignoter quelques tapas et à discuter avant que Yoann ne me ramène directement chez ma logeuse de Saint-Pierre d’Aurillac, la dénommée Francine qui m’accueille depuis quelques années dans sa belle et chaleureuse maison.
Elle n’est pas couchée quand j’arrive et nous prendrons le temps de boire une petite tisane ensemble. Nous sommes tous les deux fatigués. Francine est une merveilleuse bénévole qui travaille depuis des années aux fourneaux avec une superbe équipe de femmes à l’énergie merveilleuse pour nourrir cette armée de bénévoles, qui monte les stands, chapiteaux, installe l’électricité… Bref, une vraie fourmilière, d’amour et de partage, de vie locale, pour de la rencontre, de la surprise et du partage… Toujours la même histoire quoi !
Vendredi 27 Juin
J’ai très bien dormi et je suis prêt à affronter le festival ce matin, je retravaille les morceaux que Ziad m’a envoyé, j’y vois plus clair, à présent… Tout va bien
Vers 11h30, il est temps de partir sur le site du festival, retrouver les amis. J’ai décidé d’y aller à pied, je l’ai fait plusieurs fois l’an passé et ces petites marches font toujours beaucoup de bien. Cette année il fait particulièrement chaud, très chaud, on annonce une canicule pour ce week-end… Je fais donc la marche entre la maison de Francine et le site du festival dans ce paysage de vigne… On est toujours heureux de croiser le passage d’un arbre ou d’un petit bosquet Pour récupérer un peu d’ombre, un peu de fraîcheur.
Je vais passer voir Pierre, mon ami, qui a été en charge de la programmation de cette fête magnifique pendant des années. Pour commencer, il me semble important d’aller saluer le responsable de cette connexion magnifique avec ce territoire, cette fête, qui a été si importante dans mon chemin personnel et musical.
Je retrouve un ami fatigué car il sort d’une opération au larynx. La communication est difficile, mais les regards parlent d’eux même. Nous sommes heureux de nous retrouver. Nous avons fait tellement de choses ensemble… La vie nous glisse souvent quelques vilaines peaux de banane sur la route… Essayons de retrouver l’équilibre et de continuer à marcher ensemble.
Je vais ensuite me rendre sur le site de la fête, j’y retrouve tous ces magnifiques bénévoles, appliqués dans les repas, l’installation, les chapiteaux, la lumière,…
Les retrouvailles, des embrassades, des sourires, des rires,… Là aussi il faut faire le compte de ceux qui nous ont quitté cette année… Du privilège de la longue histoire !
Je vais discuter avec les uns et les autres et tranquillement la fête prend forme de ce rendez-vous autour du fiifre, de la Garonne, des gens qui habitent ici, les valeurs qu’ils y défendent dans ce monde chahuté par l’intolérance l’égoïsme, l’individualisme et tous les abus de pouvoir liés à ces dérives.
Ici la générosité et le partage règne en maîtres.
On se sent humain, terrien, accueilli, aimé.
Petite pause dans l’après-midi et je repars avec Francine sur le site pour l’ouverture du Festival. Les amis sont là et la fanfare des Sous-Fifres est prête à jouer. Il y a eu du travail cet hiver, j’entends des nouveaux morceaux, des nouveaux arrangements… Tout cela est très joyeux .

Carlos MALTA a l’habitude de dire que la fête des fifres, c’est un peu comme le nouvel an. Effectivement, je vais retrouver plein d’amis, plein de gens qui sont devenus des amis au fil du temps et des années et nous avons beaucoup de choses à échanger et prendre des nouvelles des uns et des autres… Faire le petit point sur la vie avec ses choses belles et ses moments difficiles.
La soirée passera vite en bord de Garonne. Il fait bien chaud et rythmé par la musique des Sous-Fifres et de tous les gens autour de nous.

Samedi 28 Juin
Après une bonne nuit je me lève tôt car ce matin c’est une grosse matinée de répétition avec toute l’équipe.
On se retrouve tous dans la salle des fêtes de Saint-Pierre, une vieille salle des fêtes bien rustique qui a dû en voir passer des balles et des lotos…

Il fait déjà très chaud, on s’installe progressivement et toute l’équipe est réunie et commence à jouer. Cette répétition sera un vrai bonheur chacun est à sa place. Il y a un vrai son d’ensemble malgré le côté hétérogène de cette réunion improbable. Nous allons travailler jusqu’à 13 heures puis nous rendre sur le site pour déjeuner et commencer à préparer la suite de la journée.
Au programme préparation de la balade des flûtes avec Didier. Elle démarre à 16h il y a des petits réglages à faire; sécuriser le cortège, prévoir un peu d’eau car il fait très très très chaud. Au final nous changerons le parcours au dernier moment car il fait vraiment trop chaud et cela pourrait être très difficile, voire dangereux pour certaines personnes dans la déambulation. Nous partons du site du Festival et nous rendons tranquillement à la cressonnière qui est située quelques centaines de mètres plus loin.
Je passe avant tout le monde pour vérifier qu’aucune voiture n’arrive trop vite sur cet ensemble menée par fifres et tambour avec Valentin comme chef d’orchestre. Les voitures s’arrêtent, on me pose des questions et finalement une certaine partie des chauffeurs se joindront au cortège qui arrive dans un sous-bois à l’abri de ce soleil, si puissant, ou Hugues nous présente son travail, les sources, le Cresson, et la biodiversité qui y est associé.

Cela nous glisserons vers le lavoir où nous attend Michel qui a préparé un magnifique texte sur la migration, la Garonne, son patrimoine. Le public a décidé de s’asseoir autour du lavoir les pieds dans l’eau et on se sent une douceur dans ce moment où le temps s’arrête où sont des musiques des uns et des paroles des autres.

Franck Assemat prendra la guitare et chantera une chanson liée à un texte de Marie Lassere qui interviendra plus tard en tant que anthropologue, très beau texte, très émouvant. Puis ce sera autour de Ziad et d’Adil de faire un duo improvisé, ça respire, ça s’écoute, c’est très très beau. Ce temps suspendu s’achèvera par un autre trio improvisé dans lequel je partagerai l’écoute avec Thierno, le danseur et Marie anthropologue-poète qui lit avec une magnifique voix ces textes pendant que Thierno danse d’une magnifique façon que je tente de glisser quelques notes entre l’une et L’autre. On partage évidemment beaucoup d’eau, et il y aura de beaux échanges et de beaux sourires à l’issue de cette rencontre.
Retour sur le site il est déjà 19 heures. Je vais passer un petit temps à discuter avec Ziad et Marie et quelques autres avant de rejoindre les Sous-Fifres qui jouent en l’absence de Marion victime d’un accident… Il va falloir serrer les coudes. Au bout de deux morceaux, Marion va nous retrouver pour la plus grande joie de tous. Et cette joyeuse. musique va provoquer sourires et rires très rapidement auprès du public qui nous entoure. Je vais dîner avec Ziad ce soir.

Adil est parti retrouver un ami et je vais retrouver Camille Raibaud et son collègue guitariste qui doivent jouer au bal tout à l’heure. Ce sera l’occasion d’avoir une belle discussion sur la fête, son avenir, ce que nous y ressentons. Et au final Camille m’invite pour quelques morceaux à rejoindre le duo un peu plus tard.
Je retourne sur le site, et ce soir c’est le grand bal de Saint-Pierre d’Aurillac; la formation sur scène est magnifique, c’est la Grosse Rapatoune, très beau groupe et de beaux musiciens que je ne connaissais pas pour la plupart avec la présence de Franck Assemat et Yoann Scheidt et Alain Bruel pour tenir la maison.

L’ensemble est très cohérent, le son magnifique, ça groove et le parquet s’enflamme de danseurs et de danseuses qui profitent de la nuit qui est tombée et de la chaleur qui diminue un petit peu.
À la fin du passage c’est le Fifre del Fuego j’entends, les fifres se mettent en ordre de marche et les pétards qu’on allume, commencent à exploser encore féérie de couleurs et de pétarades… Chaque année ce moment et toujours merveilleux, inoubliable, toujours un peu fou.
Puis le duo de Camille Raibaud et Julien Esteves entre en scène, et au bout de deux morceaux, je vais les rejoindre pour des air de bourrée et un rondeau. Nous avons un thème de rondeau et de bourrée en bal. Merci les amis, joli temps de finesse et d’écoute auprès de ces deux musiciens aguerris à l’art du bal. Je bois du petit lait.
Retour à la maison dans la foulée. Demain la journée sera longue.
Dimanche 29 Juin
Levé de bonne heure en ce dimanche matin, je repars à pied vers le site du Festival. Je retrouve Adil en chemin et les autres musiciens qui s’installent pour la balance.

Nous aurons un temps d’installation très confortable et pourrons régler les retours avec précision.
Comme à chaque fois l’équipe technique est parfaite, Fabien et Vincent aiment leur métier et s’occupent de nous avec attention et compétences.
Le dimanche c’est l’inauguration du festival, c’est un temps que j’apprécie tout particulièrement, notamment les prises de parole de Francis qui me touchent beaucoup. Cette année je ne vais pas pouvoir assister à l’inauguration car nous nous refaisons le déroulé du concert et des structures avec le groupe car le répertoire est tout vert , très frais, il faut bien vérifier que nous sommes d’accord. J’entends loin des gens qui parlent et qui présentent l’esprit de ce magnifique festival en bords de Garonne et enfin la musiques des Sous-Fifres démarre. Je vais aller les retrouver pour faire le boeuf avec eux. Moment toujours tendre et doux .
Le petit repas du midi sera suivi par la petite sieste qui s’impose à la maison.
Je reviens sur le site et le groupe Prieto Picado venant d’Espagne (Castille et Leon) a commencé à jouer.

C’est super joyeux, quatre femmes et deux hommes, les hommes tiennent la rythmique basse-batterie et les femmes sont les solistes (chant, trompette, flûte, accordéon, guitare). Les arrangements sont fins, la musique est entraînante et on sent bien que le groupe est très expérimenté. Le concert est rondement mené. Une très très belle énergie très solaire de la part de ce groupe.
Les Sous Fifres se remettent en place entre la scène et le chapiteau et il va être temps pour nous de nous réinstaller sur la scène. Il fait très très chaud, nous avons décidé de mettre des pantalons pour le concert et c’est un acte de bravoure!!
Didier présente la formation, et c’est parti pour 1h15 de concert, plein d’écoute de rythme de sourire, Adil est très heureux d’être là et ça se voit, il chante très très bien et joue super bien. Le collectif est présent pour ce voyage en Méditerranée.

Je ne connais pas du tout la musique Chaabi d’Alger, Ziad va m’initier avec solidité, générosité, amour et talent. Ça groove, superbe pour un qui concert passera très vite. Comme à chaque fois, les applaudissements du public sont nourris et un rappel sera demandé.
Nous allons retrouver les amis du public après le concert et les remerciements seront nombreux, les félicitations sincères et touchantes. Je crois que nous avons fait du bien dans ce petit coin de Gironde aujourd’hui. Nous allons discuter jusqu’à tard avec les musiciens et quelques amis avec le son des fifres et de la fiancée du pirate près du chapeau chinois. Une belle soirée pour clore une magnifique journée.
Lundi 30 Juin
Réveil tranquille. J’ai passé une très bonne nuit. Je me rends sur le site en passant d’abord saluer Pierre chez lui. Depuis son opération, la communication est compliquée, il me semble plus simple d’aller au calme pour échanger un petit peu.
Je me rends ensuite sur le site où je retrouve Fabien et Vincent les 2 régisseurs son. Je les remercie évidemment pour tout le travail réalisé ce week-end en douceur et en compétence. Puis je retrouve toute l’équipe qui travaille au démontage du Festival. Cette année ce sera très dur car il fait très très chaud. Les circassiens sont passés démonter le chapiteau dès six heures du matin avant les grosses chaleurs.

L’ambiance est toujours bonne malgré ce soleil qui nous assomme lourdement c’est le moment de discuter du bilan du week-end, de la musique, de l’affluence, de la joie, des uns et des autres.
Retour àl’ hébergement avec Adil pour une petite pause avant de retourner une ultime fois sur le site pour la retraite au flambeau.
Nous retrouvons tout le monde, cette chaleur intenable et les sourires qui sont toujours là malgré la pénibilité du démontage liée aux conditions climatiques. En discuter avec les uns et les autres avant l’apéritif, suivi du repas, suivi de la tracto parade, toujours aussi drôle!

Nous traversons les villages de son du fifre et du tambour dans la remorque du camion de l’artisan du coin. Nous arrivons place de l’église où les enfants nous attendent avec quelques mamans et quelques papas. Très vite, cela va jouer des petits morceaux et les rondes et autres danses jeu vont se mettre en place. Tout cela est très joyeux les sourires et les rires illuminent cette fin de journée, les musicienne du groupe Castillan d’hier soir sont également là. Tout le monde va danser main dans la main, artiste, bénévole, enfants, Adil va même se faire attraper pour la danse de l’ours, ce sera trop drôle !

Puis la nuit tombée, on allume les lampions et on part pour une descente vers le site du festival.
C’est toujours trop mignon tous ces enfants qui portent les lampions au son du fifre, du tambour et quelques trompettes, voilà un moment simple magnifique.

Adil est très ému. Dernier verre, dernière blague, dernier souhait, ça y est il faut se dire au revoir. Peut-être l’année prochaine qui sait ? Beaucoup de choses vont changer à présent.
On verra si je suis toujours de cette belle rencontre. Didier nous attend ce soir. Nous dormirons à Bordeaux avec une très courte nuit car Adil doit être à l’aéroport à 4h30 Donc levé à 3h30 et départ à 4h. Je salue Adil à l’aéroport, nous promettons de nous revoir bientôt Adil et très heureux de son séjour ici et moi je suis très heureux de l’avoir retrouvé et d’avoir partagé quelques notes avec lui. Didier me dépose à la gare de Bordeaux ou je dois prendre un Blablabus voilà seul retour vers la Bretagne, je ferai une pause à NANTES pour finir le Master de l’album du quartet. J’ai toujours tous ces sons dans les oreilles, tous ces regards qui m’habite cette belle humanité, présente ces bords de Garonne. Merci à la vie de m’avoir permis de côtoyer tous ces gens merveilleux.
