Une table ronde sur la flûte traversière en bois- 11/2015

12/11/15
J’arrive chez Stéphane Morvan. L’accueil est comme toujours chaleureux. Stéphane me présente son nouveau modèle de flûte, il me montre ses machines qu’il pilote numériquement maintenant et me raconte ses dernières aventures irlandaise.

Atelierfin

Il vient de rentrer et a vécu de grands moments, notamment à Westport auprès du grand Matt Molloy. La lumière s’allume dans son regard quand il me narre le moment ou le maître a essayé sa flûte et en a commandé immédiatement une. Il est super heureux et j’en suis très content pour lui. Sa joie se communique facilement, d’autant plus quand on le connait un peu et que l’on mesure l’importance du jugement de Matt Molloy sur un travail rigoureux , qui s’est fait sur la durée, à force d’écoute, d’expérimentations et d’amour. La patience et le travail sont enfin récompensés.

Je fais le tour de l’atelier et Stéphane m’explique comment il travaille actuellement.
Le bois

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Atelier2

 

 

 

 

 

 

Atelier2
Les machines à commande numérique

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Les outils

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Les finitions

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L’’huilage et l’entretien.

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J’en profite pour faire quelques images qui serviront au diaporama illustrant l’intervention de Stéphane au Forum sur la flûte traversière en bois qui se déroule demain.

 

 

 

 

 

 

 

 

13/11/15

Yann Cariou, merveilleux flûtiste du sud Bretagne a eu l’idée d’organiser ce Forum sur la flûte traversière en bois et m’a contacté pour y participer durant l’été.

Y.Cariou   Y seront traités la pédagogie, la facture, la création artistique et l’idée de créer un évènement autour de nos instruments à l’horizon 2016/17. Sont présents, Yann Cariou, Philippe Boisard, Christine Bellec, Malo Carvou, Max Cilla et 2 accompagnateurs dont Brigitte Costa Leardee, Anne Girard, Stéphane Morvan et moi-même.

 

 

 

 

Introduction, présentation par Yann et Julien Weill le directeur du Cmad de Quimper (Conservatoire de musiques et d’art dramatique), nous allons échanger en parlant d’abord de la pédagogie.

P.Boisard2

Anne Girard
Anne commence sa présentation en parlant de son parcours d’enseignante, elle vient du conservatoire et défend l’idée de transmission orale de la musique Irlandaise.

Anne

 

Elle a suivi un parcours d’abord en musique classique puis a découvert la musique irlandaise.
Par des voyages en Irlande, du travail, des sessions et des rencontres avec des musiciens (observation, écoute,..) elle s’est constitué un solide bagage et milite pour la richesse de l’échange avec les élèves,
Aujourd’hui elle se pose des questions sur l’enseignement de la musique traditionnelle irlandaise sur 3 points
-diversité de la facture (position des doigts, embouchure,…), démarrer sur un instrument cohérent par rapport à la suite du parcours musical cela ouvre un débat sur les flûtes en bambou (Jeff Barbe), les embouchures, l’écartement des doigts,…
-enseignement oral de la musique traditionnelle? Partition/oralité, Travail sur la mémoire et l’oreille, avoir des notations qui sont davantage des outils de mémorisation. Anne détaille sa méthode de travail.
-Pratiques collectives, pratiques individuelles

A ce point Max Cilla intervient, mettant en avant  la notion d’amour, l’approche sensitive de la musique.

-Culture musicale:
comment transmettre une culture musicale sans le contexte? Rester relié aux musiciens passeurs, au contexte social,…

Conclusion
-Donner une priorité à la formation de l’oreille, reproduire des phrases simples avec les petits, donner différentes versions d’un même morceau, cultiver au mieux le couple mémoire/écoute.
-Travail essentiel sur la colonne d’air et l’embouchure dès le début.
-intérêt d’une pratique au tin-whistle en parallèle.
-Développer des échanges avec des classes de flûte bois dans d’autres pays (Pologne, Suède,  Espagne,..)
-Développer un partenariat entre facteurs,..
-Réunir au mieux les moyens de transmission de la musique traditionnelle dans les écoles de musique, conservatoire,..sans en perdre l’essence.

Stéphane Morvan
Stéphane, là aussi nous parle de son apprentissage du biniou et de la bombarde, sa formation en mécanique, la découverte de la flûte, sa rencontre avec Jean-Michel Veillon. Il est autodidacte et a eu un coup de cœur pour la flûte et ensuite pour la fabrication.
La quête de Stéphane et la quête d’un son, d’une musique,
Trouver un instrument qui fonctionne!

S.Morvan

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il a commencé par copier des flûtes puis a fabriqué ses outils, s’est débrouillé par lui même, on ne partage pas ses secrets dans le métier de facteur.
Après beaucoup d’expérimentations et quelques rencontres il a commencé à fabriquer ses propres outils.
Stéphane a travaillé de façon empirique, repris des côtes de vieilles flûtes et a commencé pas à pas à fabriquer des instruments.
La perce, l’embouchure faite à la main,
Il aime regarder un instrument, le comprendre,…tout en continuant la pratique de l’instrument.
Jean-Michel Veillon a beaucoup aidé sur le timbre et progressivement Stéphane s’est intéressé à la musique irlandaise. Il est toujours en quête d’un son, d’une facilité de jeu et défend la pratique du facteur de la musique sur les instruments (pas 3 notes), beaucoup de rencontres lui ont permis de tester les instruments, la quête continue, chaque musicien cherche une chose spécifique,
Sonorité, facilité de jeu.
Comment fabriquer un instrument pour quelqu’un qui a des habitudes, des tempéraments musicaux qui sont très différents?
Stéphane travaille sur différents bois, ébène, cocus.

M.Carvou

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis c’était à moi d’intervenir
J’ai commencé l’intervention comme les autres avec une petit rappel du parcours par un bref historique avant d’entamer la philosophie. La relations entre ces multiples dualités:
Terreau-Rencontre ,  Territoriamisation/déterritorialisation,  Improvisation/relation au terreau local.
Le lâcher prise, l’idée d’accepter que l’autre écrit l’histoire avec soi, Apprendre avec les autres, faire attention au formatage de l’environnement des enseignants, garder conscience de sa liberté.

Max Cilla

Max commence par nous parler de la culture des Mornes, de la Martinique d’ou vient la flûte traversière en bambou.

Max.Toutoun Bambou
Le « Toutoune Bambou » en Créole, (tube sonore de bambou), les mornes sont les montagnes, entre la colline et la montagne.Il a entendu cette flûte depuis son enfance, elle était jouée par les travailleurs des champs (banane, igname, élevage,..)
La lutherie est intuitive, la musique inspirée par la nature, l’environnement et est devenue la biguine, Le rythme fondamental est le bélai mais la diffusion est confidentielle,
Il a commencé par un pipeau (marque atlas)
Musique syncrétique (Afrique, occident, caraïbe) avec en outre la dualité rural/urbain.
Max a découvert plus tard la musique cubaine (typica françesa)  liée à la décolonisation d’Haïti où certains musiciens ont quitté Haîti pour aller à Cuba d’où la connexion avec la flûte traversière en bois.

Max2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il nous explique son parcours en France, ses études de fraiseur et son retour à Paris ou il a fait diverses rencontres plutôt décourageantes.
puis, il a démarré une démarche pédagogique, en travaillant sur l’improvisation, la philosophie, le ressenti,

Après avoir joué un morceau à la flute en bambou, il nous emmène faire un tour vers la musique cubaine avec la flute en bois.

Concernant la facture, Max revient sur le nécessaire arbitrage entre qualité acoustique-résonnance et justesse.
Famille

Conclusion:
Je laisserai Yann Cariou et son bel enthousiasme pour conclure:

« Chaque intervenant fut donc invité à partager son parcours, ses problématiques, ses rêves, afin d’initier chez les participants débats, discussions, comparaisons etc…
Débats qui ont eu lieu ! et comment aurions-nous pu faire autrement ? passionnés et rêveurs, mais aussi pragmatiques et conscients des réalités, les différentes personnalités présentes ont abordé leurs sujets avec beaucoup d’envie, de spontanéité et de liberté.
Tout au long de ces exposés, échanges nourris des uns et des autres, confrontant les idées, les méthodes, déballages d’instruments intempestifs, et défilés d’images et de souvenirs au mur… bref du partage…
Fin de journée, en se disant qu’on ne peut pas en rester là, qu’il faut que l’on poursuive, peut-être que l’association « Flûte de Traverse » pourrait prendre la relève pour un évènement plus important autour du forum (Master class, concert, expo, …).
Puis session au Poitin Still, Mazurka martiniquaise entre deux jigs, Bodhrán devenant tambour Bata, sans frontière en gardant les codes… Merci Max ! «

Session

 

Session-Max

 

Puis arrive la sortie du pub, la tête pleine de notes et de sourires et là, on apprend les attentats qui se sont déroulés à Paris. Le choc est brutal, on rentre chez Stéphane pour aller sur le net voir ce qu’il en est. Les images se succèdent, les interventions, les chiffres, heures et statistiques… ou comment transformer l’information en communication. En gros, nous n’apprendrons pas grand chose et nous coucherons avec le sentiment contrasté que les paroles de la journée, si belles, si passionnées, si profondes, si fraternelles, si lumineuses,…ne sont pas la priorité de notre monde qui court à sa perte dans sa course au pétrole, au pouvoir, à la consommation.
Que vive la musique!

Merci à Brigitte Costa Leardee pour les photos