23 Juin 2015
En route vers les Fifres de Garonne, encore une nouvelle aventure qui démarre sur les bords de la Garonne!!

Merci à Iza Pauly pour les photos – Iza.Pauly copyright

Je sors à peine de ce long travail avec Serendou et je repars vers le Sud Gironde retrouver les amis et cette fête populaire merveilleuse. Me voilà en gare de Bordeaux, je vais prendre le train vers Langon où Pierre Scheidt vient me chercher. Une bonne partie de mes affaires arrivera demain avec le magnifique camping car J9 que Riquet vient d’acquérir. Cette année, encore un programme bien chargé entre Suède, Brésil, Réunion, Bretagne et bien sûr le Fifre de Saint Pierre avec la belle tribu des Sous-Fifres.
J’arrive à Langon, Pierre est là, nous allons faire quelques courses avant d’aller sur le site retrouver toute l’équipe qui s’affaire avec cette belle énergie et ce merveilleux humour.

Nous allons déjeuner ensemble sur le site, l’équipe de cuistos bien rodée apporte les repas et tout le monde échange autour d’un apéritif à durée variable et extensible. Je rentre travailler chez Pierre et, en milieu d’après-midi, nous partons vers la gare de Marmande chercher Richard l’un des flûtistes du trio suédois Zephyr. Vers 19h00 arrivent  Jonas et Ingrid Simonson, Goran Manson a râté son avion et arrivera plus tard avec Didier Houde, fidèle ami, toujours disponible et présent pour dépanner en cas de soucis. Tout le monde semble heureux d’être là, la bulle Garonnaise se forme, comme à chaque fois, progressivement, avec humour, tendresse et générosité.
24 Juin
Levé avec ma sinusite qui m’ennuie depuis quelques jours, je prends mon petit déjeuner et me met au travail sur le morceau de Egberto Gismonti que je suis censé joué avec Antoinette Trio vendredi soir. Riquet arrive avec ma carte son, le bissap, le jus de gingembre, le cidre, le backline percussion pour Bernardo prêté généreusement par Hopi et Olivier Le Gallo.

Nous retrouvons tout le monde sur le site et je prends un petit temps pour discuter avec Didier. Je retourne chez Pierre travailler et vers 17h00, j’aurai le droit à une petite séance d’acupuncture chez Francine pour tenter de faire disparaitre cette ennuyeuse sinusite. Je retrouve Carlos Malta et Bernardo Aguiar sur le site en début de soirée.

Nous sommes super contents de nous retrouver, cela me fait très drôle de voir Bernardo ici, c’est superbe! Après une rapide installation chez Geneviève, nous retrouvons toute l’équipe pour dîner, le site se monte progressivement,

les scène sont installées, nous avons le doit à une répétition des Sous-Fifres à laquelle Jonas participe….Le ton est donné!
25 Juin
Ce matin je travaille seul et retrouve les amis pour déjeuner sur le site. De là, nous partons pour une répétition chez Pierre. D’entrée ça sonne, Bernardo a un set de percussion très varié et sait trouver les sons qu’il faut selon les morceaux. La relation avec Carlos est toujours là, simple, évidente,on s’amuse. Nous retournons sur le site pour dîner, jouons un petit morceau et assistons au spectacle du soir, projections de vidéos sur la Garonne de Francis Lacroix accompagné par une chorale, avec les amis,
on papote on papote…

26 juin
On papote tard peut-être, ce matin un peu difficile d’émerger. Aujourd’hui, le festival démarre. C’est l’effervescence en bords de Garonne. Tout doit être prêt! La soirée va démarrer avec les Sous-Fifres qui donnent le ton sous le chapeau chinois.

Puis l’Antoinette Trio monte en scène, ce trio de musique Lusophone composé de Julie Audoin, Arnaud Rouanet et Tony Leite propose un programme de musique Portugaises et Brésiliennes avec quelques belles compositions d’Hermeto Pascoal et de Egberto Gismonti.

Carlos, moi, Bernardo et Yoann Scheidt allons les rejoindre pour quelques morceaux, le son est agréable et la compagnie généreuse et souriante.

De là, les Sous-Fifres amènent tout le monde vers la Garonne pour le feu d’artifice de Gaël. Les Suèdois de Zephyr jouent sur une petite scène pendant qu’un feu d’artifice silencieux se développe autour d’eux, derrière eux, au dessus d’eux.

On sent qu’ils sont contents d’être là mais un peu inquiets par tous ces pétards qui explosent autour d’eux.

Le grand Richard aura même quelques éclats à lui tomber sur la crane pendant le concert. La musique est belle, le feu très beau, Gael est très très bon. Puis final de fou, cela explose dans tous les sens, couleurs, mouvements, sons, tout tourbillonne! La classe!!!

Nous revenons vers la scène principale où Lorkes 974 est installé.

Le concert démarre et ça groove du tonnerre!! Je croise le regard de Bernardo Aguiar enchanté! Le festival est maintenant commencé, il n’y a plus qu’à se rencontrer.

27 Juin
Ce matin, il y a atelier avec Bernardo et Carlos, je m’occupe d’envoyer les élèves vers les différents ateliers et faire quelques courses. L’après-midi, je participerai à celui de Carlos. Nous sommes samedi matin, c’est la présentation des travaux des enfants, fifres et danses occupent la scène, instant tendre et doux de présentation des travaux faits tout au long de l’année par les écoles du secteur.

L’après-midi, je participe à l’atelier de Carlos, il y a de nombreux bons flûtiste et le travail sera axé sur la façon de penser le rythme entre samba, maracatu et frevo.

Très intéressant, Carlos est lumineux et fait jouer tout le monde avec passion et simplicité. Les flûtes égaient le tournoi de pétanque qui se déroule en face, les élèves sont enchantés, la communication est là.
Retour sur le site, apéritif animé par les Sous-Fifres

et dîner de l’alose (en l’occurrence la lamproie) animé par les Sous-Fifres et la FFI, j’en serai quitte pour quelques pas de plinn.

Puis, le bal démarre avec Faburden, je retrouve Arnaud Bibonne et sa belle équipe qui fait bigrement bien danser le plancher.

Les brésiliens et les suédois sont aux anges, nous voilà encore dans une belle fête populaire (par le peuple et pour le peuple). Puis, les Sous-Fifres entraînent de nouveau le public en bord de Garonne avec l’Aloze del Fuego

pour un nouveau feu d’artifice. Grandiose, spectaculaire, fou!!!

Le bal se poursuit dans une belle ambiance, je pars de mon côté dormir, demain, longue journée.

28 Juin
Ce matin installation sur scène avec le camion de Riquet les suédois font leur balance, c’est beau. Nous prenons le repas sur place après un apéritif militant au son des fifres et des cuivres. Les discours s’enchaînent, clairs, radicaux, profonds, engagés, cohérents.

Il y a du pain sur la planche pour tenter de mettre un peu d’harmonie, de respect, de partage dans ce monde fou. La ripataloulère géante se prépare, il y a du monde, notamment des enfants, élèves de Alain Erol et de Virginie Magimel, c’est très beau.

Après le repas, rythmé de belle façon par les Aganits,

le trio de Sylvain Roux/ Francis Mounier/ Pierre Thibault se met en place pour une proposition radicale autour des 30 ans de Fifre de Sylvain Roux.

L’ensemble sonne très bien, Sylvain a un très beau son et un jeu très précis sur ce difficile instrument. Francis fait groover le trio avec tendresse et sauvagerie  et Pierre fait le lien entre les instruments du haut et du bas avec une bien belle écoute. Voilà qui augure d’une belle journée. Puis arrive Zephyr, trio de flûtes autour des traditions suédoises, le son est très beau, très raffiné et poétique. Entre folk suédois et musique contemporaine avec les beaux accents de la bansuri de Richard.

Je suis très heureux d’entendre et de voir ceci en bord de Garonne, le panel de flûtes utilisé est très large et très ouvert , flûtes harmoniques, Boehm, Bansuri, flûte à bec basse, flûtes droites de Suède,…Cette ouverture au monde avec la flûte comme boussole est absolument pertinente.

avec un merveilleux rappel où Richard tel un magicien joue des rythmes sur des flûtes harmoniques avec élégance et poésie. Tout va bien.
Puis la Ripataoulère géante se met en place dans le public, le son est très riche, je redécouvre des arrangements, il y a beaucoup de monde, les élèves d’Alain Erol et Virginie Magimel, les Sous-Fifres, La FFI, et beaucoup d’autres encore.

Le son est très beau et tout le monde est heureux de jouer ici. Nous installons Sopro da Terra sur scène pendant que cela joue et après quelques soucis techniques, nous allons démarrer le concert. Je me régale des envolées de trombone de Mathieu que j’entends au loin, quel son, quelle belle énergie! La ripataoulère termine devant la scène, les musiciens jouent, les enfants dansent sur les chaises, toute une société se rencontre et partage autour de ce fifre aujourd’hui encore magique. Bravo.
Fort de cette belle énergie, nous démarrons le concert en trio avec Carlos Malta et Bernardo Aguiar. Carlos propose d’ouvrir ce concert avec les Japurutu, flûtes harmoniques des indiens d’Amazonie. L’écoute est là, l’envie de partager et d’improviser ensemble est réelle et cohérente.

Carlos est un magicien habité par le partage, le respect, l’écoute, l’humour, l’amour et la générosité sans artifices. Saint Pierre D’Aurillac est un rêve pour lui, social, musical, écologique et anthropologique.

Ce concert sera marqué à l’hommage aux cultures du monde, un morceau dédié aux Indiens, un morceau dédié aux amis Nigériens de Serendou, un morceau en hommage aux orixas et à cette belle terre qui nous a fait naître et grandir, ce merveilleux cosmos où nous ne faisons que passer. Le concert est quasi-improvisé, aucune structure, nous jouons complètement différemment que lors de la répétition de jeudi. Ecoute, partage, échange, Carlos me pousse au solo, va dans le public, fait participer l’auditoire…ça tire vers le haut, tout le monde le sent ici.

Après une invitation faîte à Marion, Francis, Sylvain, Jonas, Richard et Goran à nous rejoindre,

Le final se passera au Chapeau chinois avec tous ceux qui souhaitent nous rejoindre, fifres, percussions, cuivres,…tout le monde est ému et souriant, l’utopie n’en n’est plus une, elle est là, réelle, concrète!!

La suite…. on s’embrasse, discute, partage,…Je salue la FFI qui s’en repart vers la Bretagne. Je croise les Suèdois sur un nuage, le dîner est très calme avant la reprise avec un groupe de rock qui joue au bar, Carlos va aller taper le boeuf avec lui pendant que je savoure toute celle belle énergie ici.

A la fin du concert, Marion remonte sur le bar et, très vite, sera rejoint par tout les musiciens présents pour un boeuf magique. J’ai ma dose, il faut aller dormir maintenant, je rentre à pied en entendant au loin, le fifre qui joue, qui joue.

29 Juin
Réveil tranquille et paisible ce matin. Il faut déjà dire au revoir à Riquet qui s’en repart vers le Trégor. je retourne les amis chez Geneviève et nous commençons une séance photo avec Zaza pour « Sopro Da Terra ». La lumière est vive et nous avons besoin de photos en trio et également des portraits de Bernardo pour le disque de Serendou.  Puis, arrive le moment du départ des Suèdois, pas simple de se dire au revoir, on aimerait tellement avoir le temps d’échanger des notes ensemble, Jonas a un merveilleux répertoire et j’aurai été content de grappiller quelques thèmes de Suède qui sont si beaux. Nous retournons sur le site pour le repas et faisons une pause piscine en début d’après-midi avant de faire une réunion avec Carlos et Pierre. L’échange est riche, dense et tout le monde a envie de travailler ensemble et de se retrouver. De chez Pierre, nous retournons en bords de Garonne pour un petit  apéritif, le dîner et la fameuse tracto-parade. Nous allons rire, mais rire de cet improbable convoi entre le site et le bourg de ST Pierre, Carlos et Bernardo sont pliés de rire.

Nous arrivons sur la place de l’église et Marion va nous guider pour 45mn de musiques et de danses destinées aux enfants. C’est toujours un moment émouvant pour moi, ce temps familial avec les drôles qui s’amusent et dansent au son du Fifre.

A la nuit tombée, on allume des lampions et alors, commence la retraite aux flambeaux, déambulation au son du fifre de ce cortège familial dans les petites rues de St Pierre. Arrivés à hauteur de la maison de Pierre et Paulette, Mathieu, nous détourne et nous voilà partis dans la chambre de Pierre (qui dort déjà) pour une aubade forte en décibels et en lumière avec la torche qui brule juste au dessous du plafond!!! Trop drôle!
Nous retrouvons le cortège et reprenons la déambulation dans les petits chemins de St Pierre, je me retourne régulièrement pour voir ce beau cortège plein d’enfants.

Nous voilà sur le site, nous nous rapprochons de la Garonne et là, nous attend un guitariste/chanteur qui fait chanter les drôles sur un répertoire de Graeme Allright et Hugues Auffrey.  Arrive le temps du feu d’artifice final, petit cadeau de l’organisation aux enfants du village qui ont le droit ce soir à leur part de festival, de musique, de danses et de feux d’artifices, très touchant.

Puis le bal démarre! Un groupe très musette à l’ancienne attaque tango, valse, paso double et madisons avant que toute l’équipe de bénévoles du festival ne prenne le pouvoir pour exiger des danses des canards et des chenilles!! On sait décompresser en bords de Garonne et la joie et l’humour de cette belle équipe fait toujours plaisir à voir. Les brésiliens sont heureux, Bernardo a un sourire allant d’une oreille à l’autre, il n’en croit pas ses yeux. Arrive même la maréchaussée qui vient garer son véhicule entre le bar et la piste de danse alors que l’espace pour stationner est immense. Qu’à cela ne tienne, la chenille fera le tour de la voiture et les condés se retrouveront au bar à discuter avec tout le monde bien rapidement. Nous tentons un debriefing avec Marion, Sylvain, Mathieu, Didier et Virginie sur ce qui s’est passé ce week-end, notamment dimanche et au dodo

30 Juin
On prépare les valises entre Carlos, Bernardo et moi, nous retrouvons chez Geneviève pour quelques dernière brasse dans la piscine, avons les  dernières discussions sur l’avenir et repartons vers le site pour un ultime déjeuner. Aujourd’hui, Jean-Luc, Paulette et Francine nous ont concocté un magnifique rougaï saucisse agrémenté d’une merveilleux dessert au miel, la classe jusqu’au bout. Je prends le véhicule de Pierre pour le départ de Carlos et Bernardo, je vais les déposer à l’aéroport de Mérignac, nous buvons un dernier café et nous saluons en nous promettant de nous revoir le plus vite possible. Retour à Saint Pierre, je ramène la voiture à son propriétaire et dis un petit au revoir à l’équipe qui continue à démonter le site et je prends rapidement le train vers Bordeaux.
Voilà, c’est fini, encore une merveilleuse édition des Fifres de Garonne, basée sur le sourire et le partage affirmé cette année. Je rentre le coeur bien rempli et les oreilles chargées de sons.

1er Juillet,
Voilà, je me retrouve au calme après cette merveilleuse semaine, que dire? J’ai la tête pleine de sons, d’images, d’odeurs et surtout cette année, de sourires! En ces temps de questionnements sur le monde, où la finance mondiale tend à créer des dictats partout où c’est possible, où les extrémismes de tous poils sont plus que jamais actifs, où cette planète va de plus en plus mal,… Je reviens de ce que Carlos Malta nomme « Le Royaume de l’Utopie » un endroit où l’on ne parle ni d’argent, ni de religion, ..un lieu simple avec des gens simples, une façon de jouer de la musique et de donner de la gastronomie, des valeurs, du partage, du respect simplement. Avec amour et humour. La tête résonnant de ces mélodies au fifre, je me rappelle ces sourires, tous ces sourires, permanents, de proches ou pas qui sont là….simplement, existent, partagent, donnent et reçoivent sans artifices ni cérémonies. Tout en douceur.
En terminant ce petit billet, je souhaite juste remercier toute cette tribu d’allumés généreux qui me redonne foi en une humanité meilleure, simple et partageuse.
ça va s’arranger!!