Vendredi 13 Janvier
Suite à la sortie du disque de Magic Flutes et vu l’accueil de l’album au niveau international, nous avons été convié, avec Ravichandra Kulur à réfléchir à une formule simple pour une petite tournée des Alliances Françaises en Inde.
Nous avons opté pour un trio, avec nos 2 flûtes et une percussion. Je m’en vais donc en ce froid début janvier, retrouver l’ami à Bangalore pour quelques semaines. Le départ aura lieu de de Brest, Je suis arrivé la veille et j’ai passé la soirée chez ma soeur. Réveil très matinal, la grêle a frappé la fenêtre toute la nuit mais je suis prêt de l’aéroport et nous arriverons à temps pour l’embarquement.
Arrivé à Paris, c’est la course pour les changements d’aéroports, j’ai peu de temps et entre les valises à récupérer, la navette à attraper, le bon terminal à trouver, j’aurai vite passé 2 heures. Mais tout va bien, je m’enregistre, passe les contrôles et me voilà dans l’avion.
Le voyage est tranquille, j’ai un sympathique voisin qui est venu faire des affaires en France avec son entreprise de textiles.
L’arrivée à Bangalore est forcément radicale, il fait chaud, la pression sonore est réelle, les klaxons sont déjà présents et je me replonge doucement dans l’ambiance indienne.
Un chauffeur de taxi m’attend, nous allons rouler sur des routes désertes à cette heure, la vie est très différente entre le jour et a nuit. Le chauffeur m’explique qu’il travaille beaucoup et il est très fatigué. Nous faisons une pause pour boire le thé sur le bord de la route, il a besoin d’une pause car la fatigue le rattrape, je lui dit que je ne suis pas pressé et que je préfère que nous arrivions en entier chez Ravichandra. Il me raconte sa vie, le stress quotidien de la ville qui se développe Bangalore s’est beaucoup développée ces dernières années passant à10 millions d’habitants. Les nouvelles technologies de la communication apportent travail, argent, consommation, stress,… Bangalore ressemble de plus en plus aux villes modernes avec tout ce que cela signifie de bon et de mauvais. Nous roulons sour les boulevards où les façades des maisons ont disparu derrière les publicités de Nokia, Samsung,.. Les enseignes cancérigènes de Mac Donald, Burger King,… sont très présentes dans le royaume de l’Ayuverda, quelle tristesse.
Nous arrivons chez Ravi, c’est un immense plaisir de retrouver ce musicien de si grande qualité artistique et humaine. Nous sommes très heureux de nous retrouver. Ravi est magnifique, calme et profond. Il m’offre un thé de bienvenue et 2 dossas, petites crêpes agrémentées d’un peu d’épice et je vais dormir, je suis très fatigué.
Samedi 14 Janvier
Courte nuit, la température a baissé, j’ai eu froid pendant la nuit, la température est passé de 22 à 12 en quelques heures et avec les fenêtres ouvertes, le froid s’est vite fait sentir. Je prends un petit déjeuner constitué d’une galette faite de riz avec un peu d’épices et un bon thé.
Je retrouve la famille, la belle mère de Ravi, ses deux filles splendides et sa femme. Les enfants de Ravi ont grandi, je mesure chemin parcouru depuis ma dernière venue en 2014. Il y a un déjeuner avec la soeur de Ravi chanteuse et son mari percussionniste qui a joué sur notre album de « Magic Flutes ». Il part bientôt au festival « Celtic Connexions » à Glasgow, nous discutons ensemble et regardons les enfants s’amuser. Le déjeuner est très bon, une purée de lentilles, avec une raîta, des beignets de légumes et quelques crêpes pour agrémenter le tout.
Je fais une sieste réparatrice et nous nous retrouvons vers 16h00.
Nous devions aller à une importante cérémonie religieuse Hindou ce matin mais un ami de la famille a été hospitalisé hier et tout le monde va lui rendre visite. Ce sera donc une journée tranquille pour prendre mes premiers quartiers ici. Après une petite réunion pour mettre à plat les différentes choses liées à la tournée qui arrive, nous ferons un peu de musique avec Ravi entre 18h00 et 20h00. J’en prends plein les oreilles dès le début, Ravi est habité par la musique, chaque note chante, chaque rythme grroove nous essayons des choses à partir de logelloop et tout de suite, ça fonctionne.
Petite pause avant le dîner et encore un repas simple et magnifique. Je vais manger végétarien tout le séjour et ce soir le repas était constitué d’une purée de lentilles épicée, d’un peu de raïta, des dossas (galettes de farine de pis chiches) avec un peu de poudre d’épice imprégnées par de l’huile d’olive. Je reprends l’habitude de manger avec les doigts, uniquement la main droite (pure, la main gauche étant impure) et comme dessert une galette de riz sucrée, succulent. Un petit thé pour clore la fête. Je me sens plutôt très bien.
Nous discutons en famille, les deux filles de Ravi prennent des cours de chant et de danse et l’ainée travaille pour préparer son prochain cours à venir, elle chante une mélodie sur 5 temps dans lesquelles les variations et ornementations sont magnifiques. Elle n’a que 8 ans et chante déjà des pièces très complexes en toute décontraction. Bravo!
Une petite séance d’internet et au lit.
Dimanche 15 Janvier
Bonne nuit, j’i bien dormi et je reprends du tonus. Je suis réveillé à 8h00 par les travaux à côté, pas de dimanche ici pour les ouvriers du bâtiment.
Je descends prendre mon petit déjeuner à base de pâtes de riz épicé au piment vert avec un café serré. Ca pique un peu, mais me mets les idées bien en place pour commencer à travailler.
Nous allons travailler tranquillement aujourd’hui, Nous passons en revue 4 morceaux et changeons des arrangements car nous n’avons pas de guitare et la formule va changer quasiment à chaque concert, donc, on improvise, on se donne des srtuctures simples à mémoriser, pour Ravi c’est un jeu d’enfant, moi je prends des notes.
Finalement, le programme change. Il y a un concert du grand Zakir Hussain ce soir à Bangalore, Ravi me propose d’y aller et j’accepte avec joie. Zakir est un des plus grands musiciens au monde. Ravi ne viendra pas, il doit rester en famille. Il me commande le taxi et j’arrive sur le lieu du concert où je retrouve Sharat, un ami de Ravi. Il est très sympa, il a les billets, nous nous faufilons dans la longue queue et arrivons promptement dans la salle.
Le concert va démarrer avec du retard car il y a beaucoup beaucoup de monde. J’avais vu Zakir Hussain ici même en 2014 mais les musiciens avec qui il va jouer sont différents forcément, il faut improviser et à chaque fois de répertoire.
Ce soir il y a
Zakir Hussain: Tablas
Anantha R.Krishnan: mridangam
Navin Sharma: Dolak
Sabir Khan: Sarrangi
Le concert est un hommage aux maîtres, Zakir est « trésor national vivant » maître et fils de maîtres, les autres musiciens, qui sont jeunes, sont tous d’une lignée de maîtres de musique. La thématique du festival dans lequel s’inscrit ce concert est « Aadi Anant » qui veut plus ou moins dire le commencement se refait. Tout un symbole lié à l’humilité nécéssaire dans la musique, le travail jamais terminé, l’apprentissage toujours à faire.
Le concert sera magnifique, des improvisations inspirées, une technique instrumentale ahurissante, une maîtrise rythmique incroyable. Il y a des moments de magie dans ce concert qui se terminera en standing ovation. Zakir est d’une grande classe, plein d’humour et de facéties. Il laisse la place à ses jeunes collègues avec humilité et énormément d’écoute, c’est une véritable leçon de musique.
Le concert se termine et l’énergie dans la salle est magnifique, Sharat aimerait que j’aille dans les loges saluer Zakir mais il y beaucoup de fans et cela me gène un peu. Nous allons à l’hotel où je dois m’enregistrer et Sharat, grand seigneur, m’invite au restaurant Bengali situé en face de l’hôtel. Superbe dîner, encore des nouvelles choses, je me régale. Nous discutons de sa vie, il travaille dans une agence d’intérim qui gère des remplacements Bangalore dans les entreprise de haute technologies, ici, on IT, Information technics. C’est peut-être la capitale mondiale de l’algorithme ici!
Je rentre à l’hotel après cette journée bien remplie et vais me coucher avec les incroyables mises en places que j’ai entendu au concert. Demain, c’est mon tour, nous répétons avec les percussions.
Lundi 16 Janvier
Très bonne nuit. Prêt à démarrer cette semaine qui va être bien chargée.
Mes premières impressions à mon retour ici. L’activité de la ville est débordante, on sent la pression de la sacro sainte croissance économique. Il y a des buildings en construction partout, la ville grossit grossit et cela ne sera pas sans poser des problèmes pour la vie des habitants dans quelques années (notamment par rapport aux ressources en eau), Les gens bougent dans tous les sens, c’est une gigantesque fourmilière, ou voitures, camions, rickshaws, motos, piétons, se croisent et se dépassent dans un mouvement assez hystérique mais dans une relative douceur. La pollution et la misère sont bien sur très présents dans cette nouvelle urbanité moderne, il y a de gens qui récupèrent le plastique dans les poubelles près desquelles passent des voitures de luxe, des mendiants qui réclament leur part du gâteau sous les enseignes rutilantes des magasins occidentaux,…
Ravi est d’une grande gentillesse, j’ai été très bien reçu chez lui, sa famille est hospitalière et l’ambiance est très bonne. Aujourd’hui nous démarrons les répétitions avec es percussionnistes.
Udupa arrive en premier, il joue du Gatham (une poterie), ils se connaissent bien avec Ravi et leur complicité est impressionnante,
Udupa est bien sûr un maître du rythme et j’en prends plein les oreilles, les divisions, syncopes, mesures asymétriques, mises en place, tout y passe sans aucune faille. Il me joue tmêm un duo avec Ravi au Kanjira (petit tambourin) qu’il joue avec une grande maîtrise, je suis bien entouré. La matinée passera vite et nous n’aurons pas déjeuné qu’arrive Mutu Kumar qui jouera des tablas et percussions diverses (cajon, darbouka,..). Nous faisons tourner quelques morceaux et l’ensemble grave très vite. Mutu également est un maître et il maitrise également cet incroyable code commun de structures rythmiques (que l’on appelle Tyhaÿe ou Moktaïa). Ils s’amusent entre eux à jouer de ce code et je suis parfois un peu perdu, surtout que l’on commence à ma laisser des responsabilités de direction de morceaux. Je suis hyper-concentré. L’après-midi avance et je me rends copte que je joue avec des musiciens monstrueux, ça compte tout en jouant, il y a une liberté permanente tout en comptant les cycles en permanence jusqu’aux rendez-vous de fin qui sont ébouriffants. L’ambiance est très tranquille même si, à un moment Udupa fait les gros yeux à Ravi car il a posé le Kanjira sur la peau, risquant de l’abimer, et ça, ça ne se fait pas. on ne pose pas une percussion sur la peau!!!
Le temps file, les morceaux se déroulent et à un moment, Oglala, ça groove, monstrueux. Je suis aux anges. Nous allons travailler jusqu’à 18h00 dans relâche hormis la pause déjeuner sur le pouce mais quel pouce!!!!
Nous faisons un point sur le programme du concert,
Mutu propose de faire une petite vidéo en direct pour Facebook, en 2 temps, 3 mouvements, c’est fait. Nous sommes en Inde et, à peine publiée, la vidéo atteint des scores de ‘j’aime et de vues impressionnant.
Je reboucle ma valise pour apporter à l’hôtel les choses que j’avais laissé chez Ravi hier. Petit sambar avant de partir, délicieux, nous discutons sur le programme du concert, les disques, le taxi arrive et je repars. Je variomètre une heure à faire quelques kilomètres dans les embouteillages impressionnants. On respire du monoxyde de carbone à pleins poumons. C’est toujours étrange de voir ces véhicules à 2 ou 4 roues se croiser, se doubler, se faire des queues de poisson dans ce concert de klaxons ininterrompu.
J’arrive à l’hôtel, je fais un point sur les macros de mon Logelloop pour être prêt demain et prépare mes affaires.
Demain, premier concert!!
Mardi 17 Janvier
J’ai passé une bonne partie de la soirée à me battre avec l’écriture dans Logelloop que je ne maîtrise pas encore.
Je me suis couché tard du coup!!
Ce matin, je me remets au travail, je mets le programme du concert au propre, vérifie le Logelloop, tout a l’air de fonctionner. Muthu passe me prendre à l’hôtel, nous allons ensemble à l’Alliance Française.
L’installation se passera bien, nous prenons le temps de faire le son de chacun et tenter d’être confortable sur scène pour ce premier concert
Nous allons répéter intensément avec quelques soucis de son avant de rencontrer une partie de l’équipe de l’Alliance Française. de là, nous filons déjeuner à l’hôtel et petite sieste avant une réunion avec Ravi pour caler la set list, organiser les prises de parole, faire un petit retour sur les structures des morceaux et en route vers l’Allliance.
Nous faisons une interview avec un journaliste venu nous rencontrer et faisons un tour de la set list avec les percussionnistes avant que l’on nous annonce que la salle est plein et que nous n’allons pas tarder à démarrer.
Le directeur fait un petit discours de présentation et nous y allons. J’ai des soucis d’ordinateur le tempura que j’ai chargé pour faire le bourdon des morceaux (indispensable en musique indienne) ne démarre pas.
Cela va créer un petit flottement sur ce début de concert. Le deuxième morceau passera mieux avec des petits flottements de structure.
L’ensemble est encore bien vert, j’ai rencontré Udupa hier!! Puis 3ème morceau et les structures flottent encore, Aïe!!
Les improvisations se passent bien mais des soucis d’enchainement brisent un peu la dynamique du concert et nous ramons un peu pour ramener pulsation et énergie.
Les choses se stabiliseront ensuite, les musiciens sont de grands artistes et tout le monde mettra de l’énergie pour toucher ce public attentif et connaisseur.
Je suis un peu fébrile par moments et je décide au bout d’un certain temps d’y aller et de me lâcher. Cela fera du bien à tout le monde et la fin de concert sera superbe, chacun prenant la parole quand il sent qu’un virage peut-être difficile à négocier.
Les musiciens avec qui je suis ce soir sont magnifiques, il y a ici une culture musicale d’une telle force que le niveau est très très élevé.
Ils ont tous commencé leur apprentissage très très jeune et la rigueur de l’éducation musicale l’ancienneté de la musique Carnatique (codifiée depuis 300 ans avant JC) font que la connaissance musicale, la maîtrise rythmique et technique, le son de chacun est impressionnant, ça tire vers le haut et je sens qu’il faut que je m’accroche car j’ai beaucoup à apprendre à leur contact.
Fin du concert, le public applaudit chaleureusement, nous aurons plein de bons retours, des séances photos interminables mais dans une très belle atmosphère.
Je rencontre un ami d’Imed Alibi, le percussionniste que j’ai rencontré en Tunisie en Avril dernier, il est très ému par la proposition. Ouf! Nous savons qu’il y a beaucoup de détails à revoir avant d’avoir un ensemble cohérent et il y a encore du chapati sur la planche.
On démonte, on range et nous allons diner avec le directeur de l’Alliance, Muthu et deux de ses élèves, Ravi et Udupa ont du partir. Nous dînon sdans un restaurant àproxilité d’un mariage, qui me rappelle quelques souvenirs.
Je discute avec les 2 élèves, ils ont commencé é à jouer des tablas à 4 et 5 ans…..pas de mystère.
Bonne fin de soirée, Philippe, le directeur a un parcours étonnant et me détaille sa vie, parti de Lille, voyageant en Equateur avant d’épouser une péruvienne et venir travailler en Inde.
Je rentre à l’hôtel, fais quelques petits essais de Logelloop et j’ai effectivement trouvé un bug étonnant faisant que mes commandes par pédalier me déconnectent de la carte son.
Encore du travail à venir.
Mercredi 18 Janvier
Aujourd’hui, nous partons vers Chennai, Ravi passe me prendre à 11h00.
Il y a évidemment beaucoup de traffic, nous arrivons à aéroport et devons passer un premier contrôle de sécurité, enregistrer les bagages, un deuxième contrôle, c’est très strict ici. Puis nous partons, le vol se passe bien et Chitra nous attend, c’est une charmant jeune indienne qui travaille à l’Alliance depuis quelques années, elle nous présent l’Alliance où il y beaucoup d’élèves, nous annonce que la salle est quasi pleine pour le concert de demain.
Nous continuons dans les embouteillages où les klaxons sont accordés sur ceux de Bangalore. Ravi m’explique que Chennai est la troisième ville du pays derrière Bombay et Delhi, nous allons arriver tranquillement jusqu’à l’hôtel et là, nous apprenons qu’il y a eu de la confusion dans la circulation de l’information, il n’y a qu’une chambre double pour nous deux. Nous tentons d’avoir 2 simples mais il y a une grande conférence ici et l’hôtel (immense) est complet, concert d’excuses, multiples tentatives de Chitra pour régler le problème sans succès.
Nous allons donc partager nos quartiers cette nuit.
En dédommagement, le personnel nous faire livrer des pâtisseries, et là, grosse crise de rire, une des pâtisseries est en forme de Bansuri. Trop fort!!
Puis arrive Swam Selvaganesh qui jouera avec nous demain. C’est le fils du grand Selvaganesh que j’ai vu jouer il y a presque 20 ans dans Shakti. Il a 22 ans et fait partie d’une dynastie de grand musiciens sur plusieurs générations. Nous allons faire le tour du répertoire dans la chambre d’hôtel pendant 2h00. Le jeune musicien est impressionnant, il comprend tout très vite, joue merveilleusement, est d’une humilité hallucinante. Nous aurons du plaisir demain. Il est très content de jouer avec nous et sa façon d’envoyer le groove est magistrale.
La répétition s’achève, nous prenons un rapide dîner et retournons dans la chambre où je vais travailler pendant 2h00 sur mon Logelloop pour bien faire fonctionner le tout demain.
Jeudi 19 Janvier
Très bonne nuit, je pars au petit déjeuner pendant que Ravi fait ses mantras et observe un peu les mouvements dans cet hôtel de luxe où nous sommes. Il y a une armée de personnel (ménages, service, accueil, cuisine,…).
Le sens de l’hôtellerie ici est très important et on sent bien qu’il y a un enjeu autour de cet accueil de qualité.
En même temps, je suis plongé dans un univers bien éloigné de mon quotidien du Vieux Marché. J’arrive dans ce pays si vaste où, explosion démographique, croissance économique conduisent à plus de voitures, plus de plastique, plus de pollution.
Que va devenir l’humanité dans quelques années? Cette façon de vivre est évidemment incompatible avec ce que la planète peut offrir. Ici, je sens que personne n’est prêt à entendre cela, que la spirale étourdissante dans laquelle ce pays est engouffré entraîne tout le monde. Il faut aller vite, faire mille choses, on s’occupe en permanence, portables, écrans, sont partout.
Si nous ne nous ressaisissons pas, le réveil sera trop tardif, terrible, irrémédiable.
Je retrouve Ravi et nous allons travailler 2 heures sur les morceaux et les structures. Logelloop fonctionne bien. Ouf! Les choses se précisent. La musique est exigeante et mes camarades de jeu ont un parcours musical d’une profondeur hallucinante et mon empirisme est parfois plein de lacunes, je m’accroche, je m’accroche!!
Petite pause avant de partir à la balance. Nous voilà à l’Alliance Française.
Un bien beau lieu également, l’auditorium est au 2ème étage. Nous nous installons tranquillement.
L’ingénieur du son est compétent et l’installation se passera très bien. Udupa est arrivé, tout va bien. nous allons faire un tour des morceaux et les choses se posent tranquillement. A la fin de la balance, les amis vont à l’hotel, je vais rester de mon côté travailler, revoir mes morceaux, le son, …Le temps passera vite. Swam Selvaganesh sera le premier à arriver puis Ravi et Udupa. Nous jouons dans une petite salle qui a l’air bien garnie. Ravi m’a bien prévenu, Chennai est une ville de musique, les plus grands musiciens d’Inde du Sud sont ici. On y va, le concert va bien se passer, il va encore y avoir des performances hallucinantes de mes collègues, je me régale et je suis présent qu’à Bangalore, cette musique me tire vers le haut mais je n’ai pas le droit de faiblir . Donc, je donne, je donne, je suis très concentré, la pulse, le mode, l’écoute,…
Nous allons jouer 1h45, le public est très content, nous aussi. Nous aurons de belles rencontres avec les gens, je me fais de nouveaux amis. Je vais mieux. Ce concert me ramène dans l’ensemble. J’espère que nous garderons l’influx pour Hyderabad.
Démontage, diner et dodo.
Demain, départ vers Hyderabad.
Vendredi 20 Janvier
Ce matin, il va falloir jouer serré. Il y a de grandes manifestations ici. Toute la ville est bloquée par une grève générale liée à une interdiction d’une pratique traditionnelle comme on pouvait en trouver en France. Il s’agit, si j’ai bien compris, d’une fête où on lâche des taureaux dans la rue que les jeunes hommes vont aller exciter pour prouver leur bravoure. Une association américaine a demandé à ce que cette pratique soit arrêtée pour cause de respect de l’animal, cela a été fait. Du coup, une partie de la population trouve que c’est de l’ingérence américaine dans la vie indienne et la manifestation tourne autour de cela.
Nous réussirons à partir et nous allons traverser une ville agitée par des manifestations ne ressemblant pas aux nôtres. Les gens manifestent dans la ville en voiture, en camion, en moto (du pétrole, du pétrole,..) avec quelques attroupements ici ou là. Il y a l’épicentre qui est un peu plus loin et qui réunit plusieurs milliers d’étudiants depuis 3 jours.
Nous réussirons à partir, ce ne sera pas le cas de Udupa, il s’est levé ce matin de très bonne heure pour prendre un avion et aller chez son fabricant de Gatham situé dans une petite ville assez loin d’ici. Quand il reviendra à Chennai, il ne pourra pas entrer dans un aéroport bloqué et manquera sa correspondance. Il devrait arriver vers Hyderabad vers 23h00. A noter que les manifestations ici, si elles sont pleines de colères, sont non violentes. Cela m’est confirmé par Cheitra et Ravi.
De notre côté, nous passons les multiples contrôles de l’aéroport, nous allons même rencontrer l’illustrissime L Shankar, violoniste de Shakti, incroyable virtuose dont j’ai quelques albums à la maison.
Le voyage se passe bien, nous sommes accueillis par Shruti et Lucie (une jeune française) et je vais laisser Ravi qui passe la soirée en famille dans Hyderabad. je vais de mon coté dormir dans une guest-house tout près du festival où nous jouons demain.
Je trajet va durer 1h30, j’observe les environs, le paysage est beaucoup plus sec qu’à Bangalore ou Chennaï, on sent la proximité du désert. Hyderabad explose de toutes parts, c’est la deuxième ville du pays en terme de IT après Bangalore. Il y a des chantiers de construction partout.
Je vais arriver à mon hébergement, je suis dans un quartier populaire, près de la grande route, ça klaxonne!! Je vais avoir une petite chambre dans une guest-house neuve et pas encore terminée. ça sent la citronnelle, je vois les moustiques dans l’ascenseur, ce soir, pas le choix, je vais me protéger un peu.
Je vais mettre du temps à me connecter car le réseau a l’air très fluctuant. Ce soir, au calme, je vais tenter de faire une bonne nuit pour être bien dans la musique demain. Concert à 3 avec Udupa, il va nous falloir donner de l’énergie sur une grosse scène semble t’il.
Je tente de me poser tranquillement dans ma chambre mais le quartier est très sonore. Nous sommes proches d’un grand axe de circulation et il y a beaucoup de bruit.
Je descends marcher dans le quartier et les sens sont très sollicités, les camions, et autres autobus amènent des sons de klaxons que je n’avais pas encore entendu, il y a une variété incroyable de sons, demain j’enregistre. Il y a de la couleur partout vêtements, décoration des camions, rickshaws, enseigne de magasins, ….ça fait du bien.
Je croise des visages incroyables des Sikhs, Rajasthanais, et plein d’autres compositions de cultures tout plus variés les uns que les autres.
Dès que tu croises le regard de quelqu’un, il te salue, la politesse et le respect sont des valeurs très importantes. Je prends de la poussière partout, narines, gorge, peau, et tout ceci vient se mélanger au fragrances du petit restaurant en bas de l’hôtel.
Samedi 21 Janvier
Bon ,pas très bien dormi avec le bazar du quartier, je vais demander à changer de chambre pour tenter d’être en forme pour le concert de ce soir.
Je réussis à déménager et me pose tranquillement. Udupi est arrivé pendant la nuit et passe me voir. Il me raconte son incroyable périple de la veille. Il ne pouvait accéder à l’aéroport et il y avait plus de mille personnes qui bloquaient l’accès. L’ambiance était très tendue, Udupa avait très peur que les manifestants ne s’en prennent à lui. Finalement, le chauffeur a été incroyable, après avoir tenté de négocier avec les manifestants, il a fait demi-tour, la voiture a fait le tour de l’aéroport et ils ont réussi à y entrer par un accès de service situé à l’opposé de l’entrée principale.
A ma demande, Udupa prend un peu de temps pour me monter un Mooktaïa (mise en place) particulièrement compliquée que j’ai envie d’apprendre avant de partir. il me l’écrit sur une feuille et le le chante devant le magnétophone, c’est impressionnant. La maîtrise des rythmes, des mises en place, du tempo. J’apprends beaucoup.
Il fait très très chaud ici aujourd’hui. Le soleil tape fort. Je me prépare à une grosse journée.
Je prends mon déjeuner et Ravi arrive nous allons changer l’ordre des morceaux. L’écoute sera différente aujourd’hui et, Ravi et Udupa veulent que l’on fasse bien attention aux énergies de chaque morceaux. De plus, c’est notre premier concert en trio.
Nous allons nous rendre sur le site, il s’agit d’un festival organisée par des étudiants d’IIT (Indian Institute of Technology), du coup, c’est une organisation non professionnelle et nous allons le sentir tout au long de la journée. Le site du campus est un gigantesque chantier en construction qui sera terminé d’ici 3 à 8 ans.
Nous arrivons sur le site et il y a un sonorisateur avec une équipe de jeunes. Autant dire que l’installation, le câblage, la balance vont prendre plus de temps que prévu.
Il fait très très chaud, nous ne voulons pas sortir les instrument car la scène est découverte et cela peut être dangereux pour les flûtes. Nous attendons que tout soit installé et on fait une rapide balance, le public est dispersé sur tout le site du festival et nous jouerons devant une petite centaine de personne finalement. Tout se passe bien, la musique est là, les petits doutes sur les structures, peu à peu disparaissent et nous jouons tranquillement et avec une belle écoute. Ce sera un moment très sympa.
Le concert s’achève à peine que la sono repart sur du gros son pourri de boite de nuit, nous voyons arriver une légion d’étudiantes en tenue de soirée occidentale pour lancer un défilé de mode, chose très rare dans ce pays où les femmes sont très discrètes et pudiques. Nous ne pouvons même pas discuter avec les gens qui sont là tant la puissance de la sono nous écrase. Nous décidons donc, de quitter le site et de nous retrouver avec les gens de l’Alliance Française à l’hôtel qui est au pied de notre hôtel pour un petit diner entre amis.
Soirée très sympa. Udupa nous quitte, il prend le bus de nuit vers Bangalore, il va rouler toute la nuit pour arriver demain chez lui.
Une petite discussion avec Ravi et dodo.
Enfin presque, le taxi d’Udupa est parti trop tard pour qu’il attrape son bus, il est donc revenu, il repartira demain matin vers Bangalore.
Dimanche 22 Janvier
Ce matin, c’est un peu compliqué, il semblerait que les étudiants qui organisent le festival nous aient oublié. Nous voilà donc, bloqué à la guest-house, les enfants de Ravi sont souffants également. Je vais faire un tour dans la ville avec Ravi pour acheter quelques médicaments et nous discutons de notre tournée, de l’organisation,… Je pense que nous sommes bons pour passer une bonne partie de la journée ici avant de partir vers Amenabad.
Finalement, nous aurons la visite de 2 étudiants navrés par les soucis d’organisation, ils sont passés s’excuser pour les petites défaillances concernant notre venue. Nous discutons tranquillement avec eux et leur disons que nous comprenons que nous n’avons pas affaire à des professionnels et sommes bien conscients de leur situation d’étudiants, il sont dans un processus d’apprentissage et il y a beaucoup à apprendre sur l’organisation d’un événement comme celui ci.
Nous restons déjeuner sur place et partiras en milieu d’après-midi. Je commence à être l’ami des 2 filles de Ravi, elle sont contentes de jouer avec moi, on s’amuse bien.
La richesse du pays en terme d’alimentation est impressionnante. Ravi m’explique toutes les spécialités que l’on peut trouver à Hyderabad et qu’on ne trouvera nue part ailleurs, car plus loin, il y a autre chose. Et tout est bon.
Il fait encore très chaud aujourd’hui, pas de dimanche ici, tout le monde travaille dans cette chaleur. Près de ma chambre, il y a un bâtiment en construction, un homme y monte des brouettes pleines de sables avec une poulie rudimentaire.
Tout près, l’échafaudage en bois sur lequel ne grimperait pas nombre de nos artisans.
Nous prenons la route avec Ravi et laissons la famille qui repart vers Bangalore en bus.
Hyderabad-Bombay- Ahmedabad, nous passons beaucoup de temps dans les transports, j’en profite pour demander à Ravi de me donner des exercices rythmiques pour travailler dans l’avion, ce qu’il fait et le trajet passera vite.
Nous arrivons enfin à Ahmedabad. Alors là…… par quoi commencer? Nous sommes reçus par Kahel, un jeune homme très très sympa, il plaisante allègrement avec le chauffeur tout le trajet et je sens, très rapidement qu’il y a une légèreté ici assez étonnante. L’autoradio joue de la musique commerciale mais qu’est ce que ça grosse!!
Kahel travaille à l’Alliance Française, il s’occupe de culture et communication. Il nous détaille tranquillement ses fonctions et nous arrivons à la guest-house où nous logeons. L’endroit est très spacieux, il y a de quoi faire du café (yes!!) malheureusement pas d’internet. On va voir comment il est possible de se débrouiller sans, nous sommes là pour 3/4 jours. Sahel est très disert sur la vie ici, il nous envoie dans une rue incroyable où il y a des restaurants de part et d’autres,.. il y a du monde partout, l’ambiance est très légère, beaucoup de jeunes, l’alcool est interdit ici, et ça fait drôle de voir autant de jeunes assis sur des motos en train de boire du thé, je ne suis pas habitué.
Nous nous posons sur une table et je vais déguster une doss (galette de farine de pois chiches) bien épicée et pleine de fantaisie, Ravi en rigole encore.
Kahel nous explique l’histoire de la ville, le sens des affaires des gens ici, la ville s’est construite sur ce sens des affaires, et les riches familles (3-4 qui détiennent la moitié de la ville) ont eu l’idée d’investir beaucoup dans tout ce qui est architecture, culture,.. je ferai une ballade demain pour voir à quoi cela ressemble. Il nous explique le commerce, la culture, le tempérament des gens d’ici, nous sommes dans une ambiance très brésilienne, les gens adorent manger, font des mélanges incroyables au niveau gastronomie, la vie semble douce. Nous traversons la rue, buvons un tchaï dans une petite boutique,
Ravi se prend un mélange digestif de fin de repas, une feuille dans laquelle on mélange épices, fruits,.. je fais un peu attention à mon estomac et décline la proposition à déguster.
La petite marche sera très sympa, Kahel est intarissable sur la ville, il est très cultivé et très agréable, il a été professeur d’anglais à Pau il y a quelques années et garde un très bon souvenir de la gastronomie du sud ouest. Ravi me rappelle le bon dicton de Pierre Scheidt: « Ici, tu recevras ce que tu apportes! ».
Je suis très impressionné par le gigantisme et la diversité de ce pays, du moins la toute petite partie que j’y vois, c’est du puissance hallucinante, il y a une force de vie ici comme dans d’autres pays tropicaux que j’ai déjà visité mais avec une certaine douceur étonnante. Ca bouge de partout, le mouvement est permanent, il y a du monde partout, la vie, la vie…
Ravi est très prévenant avec moi, il s’inquiète de savoir si tout va bien, si je dors bien, si je mange bien, j’ai un gros rhume depuis 2 jours, je pense que c’est une allergie à la poussière. Il s’inquiète de cela et ne veut pas qu’il m’arrive quelque chose. Voilà une bien belle personne.
Beaucoup de choses à digérer à cette arrivée à Ahmedabad,…demain c’est jour de repos, nous allons nous promener dans la ville et je ferai peut-être quelques achats.
Lundi 23 Janvier
Très bonne nuit, je reprends des forces. Le quartier est très sonore mais j’ai été bien inspiré de prendre avec moi des bouchons d’oreilles.
Le nez est toujours un peu encombré.
Nous sommes logés dans un appartement spacieux et je peux travailler un peu la flûte sans avoir peur de déranger les voisins.
Un petit tour sur la terrasse et j’aperçois mon premier singe. Surtout ne pas sourire, c’est un signe d’agressivité!!
Nous descendons vers midi avec Ravi, et là,.. ce sera la journée incroyable. Khayal nous rejoint au restaurant, nous faisons une interview avec un journaliste local et ensuite, petit tour dans un magasin proposant beaucoup d’articles de toute l’Inde, c’est immense.
Puis Khayal nous propose d’aller voir un bâtiment fabriqué par Le Corbusier à la fin des années 40, nous y allons, le lieu est surprenant, il s’agit du Mill Owner’s Building.
Le Corbusier a travaillé pour capter la lumière indirecte du soleil. Nous allons visiter, c’est du béton/béton mais l’atmosphère de l’endroit est étonnant.
Nous allons tester l’acoustique d’église de l’auditorium
et nous ferons le tour de l’édifice avant d’aller retrouver le directeur du lieu Il se plaint qu’il ne s’y passe pas grand chose par manque de moyens. Il garde un humour et une profondeur magnifique et passe des jeux de mots à la philosophie profonde sans arrêt. Il nous détaille l’histoire de ce bâtiment. Dans les années 40 , il y a 65 fabriques de textiles à et autour d’Ahmedabad, cela génère beaucoup d’argent et les 65 propriétaires décident de financer ensemble la construction du lieu qui symboliserait, richesse, science, culture, art, artisanat. Projet magnifique d’investissement culturel, aujourd’hui il reste 3 fabrique de textile ici. Nous discutons beaucoup avec Khayal qui rêve de résidence pluridisciplinaires ici, des photographes, des danseurs, des comédiens, des peintres, des musiciens, des vidéastes,.. c’est vrai que le lieu s’y prête complètement.
Nous faisons une petite escale tchaï (thé aux épices, au lait, très sucré) dans une petite cantine, le lieu est étonnant, il y a un arbre qui pousse en plein milieu et on vient de faire bruler beaucoup, beaucoup d’encens.
Les amis me font remarquer les petits enclos situés ça et là dans le restaurant, amusés il me font part du fait qu’il s’agit de tombes.
Il y avait là anciennement un cimetière, quand la ville s’est agrandie et qu’il a fallu de la place pour construire des bâtiments, le cimetière était gênant, comme cela coûtait de l’argent de déplacer les caveaux, on a construit le restaurant dessus, pas compliqué la vie!!!.
De là, nous repartons en rickshaw visiter une endroit magnifique en périphérie de ville, sur le chemin je croise les premières vaches errant dans les rues, j’en verrai beaucoup aujourd’hui.
Je croiserai également quelques singes ici et là, et ça bouchonne et ça bouchonne..
Nous arrivons enfin à Sabarmati, il s’agit d’une retenue d’eau.
Les gens ont fabriqué ce bâtiment incroyable au XVème siècle simplement pour en faire une retenue d’eau pour la consommation et le bain.
Nous sommes époustouflés, cet endroit construit par les musulmans jouxte une mosquée magnifique que nous allons également aller voir.
C’est l’heure de la prière, nous tâchons d’être discrets.
Nous profiterons des qualités de photographe de Khayal pour nous faire une petite séance en duo. Khayal est plein de ressources décidément.
Nous remontons le quartier tranquillement et traversons des dépôts de sacs de charbons, il y en a partout.
Nous attendons notre chauffeur Uber (tout le monde est Uber ici) et partons visiter une maison historique du centre ville, The House of Mangaldes. Sorte de château converti en restaurant, la maison est la propriété d’une des 3/4 grandes familles les plus riches d’Ahmedabad.
Le lieu est impressionnant, c’est d’une pureté, d’une finesse, d’une splendeur. Nous nous y attardons un peu avant d’aller nous poser au bord du fleuve.
Ravi aime ces temps de tranquillité. Nous allons rester 45mn tranquillement à discuter.
J’apprends que Ravindra Moodi, l’actuel chef du gouvernement indien est d’Ahmedabad (tout comme Gandhi). Il a fabriqué cette ville moderne selon Khayal. Nous en avons une image véhiculée par les médias français d’un homme autoritaire et islamophobe, ce n’est pas la vision des gens d’ici. Ils le voient comme un moine incorruptible dormant toujours à même le sol et redressant le pays. Il lutte contre la corruption et tente une pacification des relations Hindous/musulmans,.. même si Khayal est plus mesuré que Ravi sur le personnage.
Bref, l’Etat du Gurajat où nous sommes a une économie florissante maintenant, le textile est en berne, la joaillerie en perte de vitesse mais les micro-économies dans la ville et l’industrie dans l’état sont très dynamiques, ici on fabrique voitures, ordinateurs,.. .
Nous parlons de a violence dans le monde et les Hindous (non violents) sont stupéfaits qu’une religion puisse porter autant de violence, nous échangeons alors sur les 2 monothéismes dominants ayant au coeur de leur dogme l’individu, le prophète, l’égo et qu’il est bien loin de la spiritualité offerte par des polythéismes non prosélytes ayant l’humilité et le respect de l’autre au coeur de leur doctrine.
Nous allons diner dans une petite cantine. Sur le chemin, c’est le festival de couleurs et d’odeurs, on passe d’odeurs d’encens, de fleurs au gaz-oil, j’ai le nez bien pris, je pense que c’est lié au mélange poussière/pollution. Retour à la guest-house. Khayal m’a prêté la carte sim de son père mais elle ne rentre pas dans mon téléphone!!! Aïe galère.
Bref, journée très bien remplie, Khayal est magnifique de disponibilité et de ressources. Ravi est étonnant, toujours tranquille mais toujours présent, comme avec son instrument, aucun excès, le calme intelligent.
La compagnie est vraiment très très bonne.
Mardi 24 Janvier
Nous partons ce matin, comme convenu vers « The Mill Owners », le bâtiment de Le Corbusier pour tenter de poser nos notes dans cette étrange acoustique. Khayal vient nous chercher et nous allons tranquillement en rickshaw vers le lieu. Je vois mon premier éléphant! Le Gujarat n’est pas très loin du Rajasthan et j’y trouve quelques similitudes. Nous arrivons sur le lieu et le directeur nous présente 6 jeunes élèves et un professeur d’une académie d’architecture de New York. Ils sont justement en train de travailler sur le son. Nous allons donc avoir un public pour cette petite performance. Ravi commence en solo, j’enchaîne et nous terminons en duo. Le son est parfait pour les flûtes. Khayal nous filme et je me promène dans le lieu en cherchant des sons qui résonnent avec l’environnement. Belle expérience, le directeur du lieu nous offre un café en suite et nous filons à l’Alliance Française pour rencontrer l’équipe et retrouver Muthu Kumar qui vient d’arriver.
Le chemin sera très intéressant, nous prenons des rues de traverse et passons de boulevards très sonores sur du béton quasi neuf à des ruelles en terre pleines de nids de poules et à l’habitat très pauvre. Nous y croisons plusieurs singes avec leur petits sous le ventre, des éléphants et de nombreuses vaches et des chameaux très présents ici
Arrivée à l’Alliance, nous rencontrons l’équipe et passons un peu de temps à échanger autour du déjeuner, belle ambiance et belles discussions. Je dévelloppe un peu mes connaissances sur la politique du Gujarat, il n’y a pas le droit de consommer de l’alcool ici mais il y a des licences-dérogations pour les gens non originaires du gujrat ou ceux capables de présenter un certificat médical attestant qu’ils sont alcooliques.
Nous retournons à l’appartement pour répéter, avant cela Muthu me signale un singe puis 2, 3, 4, 5, 6 ils ne prêtent pas attention à nous et Muthu me dit que cela vaut mieux.
Je retourne à ma chambre et j’en vois un à 5m de moi. Le regard est d’une expressivité magnifique.
Nous allons ensuite travailler jusqu’à 19h00, retour la musique et au programme, je prends de l’assurance au fur et à mesure (pas trop tôt).
Nous serons rejoints par Khayal et Fabrice un jeune de Plougastel qui étudie à Science Po et qui passe un an en transition en Inde.
Nous irons dîner dans le quartier « Malek Chowk », nous partons en rickshaw et traversons encore d’invraisemblables embouteillages, pollution, klaxons,…
Nous arrivons dans le quartier et faisons une petite marche. C’est un quartier de bijoutiers, il y des petites boutiques partout. Il y a quelques années, il y eau des vols de nuit et les commerçants avisés ont eu l’idée d’instaurer un marché alimentaire nocturne pour qu’il y ait tout le temps du monde, le marché ferme à 2h00 du matin, cela a interrompu toute forme de vol. Bien vu!
Nous allons déguster des petits en-cas dans la rue, c’est la tradition et la spécialité ici. C’est bon mais un peu gras.
Puis nous allons nous poser à une terrasse pur diner de spécialités du Gujarat. Dhal épicé, et riz parfumé, c’est très bon. Je décline l’invitation à déguster la glace.
Nous sommes rejoint par un autre ami de Khayal et avec lui, nous continuerons la ballade slalomant entre motos, scooters, piétons et rickshaws. C’est noir de monde, les stands sont étonnants. Nous nous arrêtons devant un étalage, il n’y a là que des herbes digestives que l’on prend en fin de repas.
Le choix est énorme, les amis me font déguster une petite sélection et c’est d’un variété phénoménale, du plus sucré au plus salé.
Retour à notre appartement, je reprend la rédaction de mon journal et entame une discussion avec Muthu. Il est très calme, très doux et très positif. Il s’avère qu’il a étudié la philosophie, le yoga et beaucoup d’autres choses. Il me parle des Kosha, de Shankaracharya, du Kaya-Kalpa,… nous allons parler longtemps avec calme et sérénité. Voilà une bien douce soirée.
Mercredi 25 Janvier
Nous allons commencer la journée par une séance de shopping, nous ferons 2/3 magasins les amis ont la négociation âpre. Après le déjeuner, une petite répétition, s’organise, un petit points sur les structures, une révisions de petits détails. En route vers le lieu du concert
Nous arrivons sur le lieu qui est très beau, un parc au bord du fleuve d’Ahmedabad. L’équipe technique est hallucinante, 9 personnes
Peu connaissent le métier et l’installation n’est pas en place. Nous allons tâcher de faire bouger tout ce beau monde. Petit à petit les choses s’organisent, je teste mes affaires, tout fonctionne. Pour Ravi c’est ok, nous allons prendre du temps avec les percussions de Muthu, il semblerait que l’ingénieur du son ne connais pas très bien sa console. Un petit essai à trois et nous décidons que c’est ok.
Le concert va démarrer avec 45 mn de retard car il faut attendre du monde. Ce sera un super concert, peut-être le meilleur à ce jour, belle écoute, magnifiques improvisations, les structures sont là et commencent à être digérées, on s’écoute, on se regarde, tout va bien. Le public est avec nous.
Nous aurons le droit à une standing ovation de l’intégralité du public à la fin, nous apprendrons plus tard dans la soirée que c’est rarissime ici. A l’issue du concert, beaucoup de gens viendront nous voir, nous aurons droit à une séance de selfie interminable avec de nombreux sourires et des gens très émus par la proposition.
Nous sommes contents tous les trois de ce moment, les graines semées commencent à germer.
Jeudi 26 Janvier
Petite nuit! Nous nous sommes couchés vers 1h00 et nous devons nous lever vers 3h00 pour partir vers Delhi. Donc, peu de temps de sommeil, si on rajoute les pétards nocturnes du Republic Day, les bagarres de chiens du quartier,…. je vais me traîner un peu ce matin. Khael arrive comme convenu à 3h45 et nous voilà partis vers l’aéroport. Petite escale tchaï en bord de route. Nous allons perdre Muthu dans les contrôles de sécurité, il repart vers Bangalore, le concert de demain sera encore avec une nouvelle formation.
Le trajet se passe bien, nous voilà à Delhi, on s’installe, un petite déjeuner et une sieste nécessaire. Le temps se gâte, nous avons été accueillis par un crachin et voilà le tonnerre qui gronde.
Vù la météo, ce sera activités d’intérieur, le facteur de flûtes de Ravi a son atelier tout près, c’est donc l’occasion d’aller y faire un tour.
Nous allons y passer toute l’après-midi. Ravi est accueilli en gourou, on le salue en lui touchant les pieds (ça fait partie des usages ici). Nous rencontrons son assistant car le facteur n’est pas là. Il y a du monde à travailler ici, Ravi me dit qe le facteur a commencé son activité avec lui et que depuis, ils ont une petite relation privilégiée. Je vais découvrir l’atelier,
il y a un stock de bambous incroyable.
On fabrique ici des flûtes pour la musique Carnatique (Inde du Sud) à 7 trous et des flûtes pour la musique Hindoustanie (Inde du Nord) à 6 trous. Pour chaque type de flûte, il y a bien sûr plusieurs tonalités. Il y a du stock d’avance.
Ravi va essayer une trentaine de flûtes très rapidement, mettant d’un côté celles qui l’intéresse et celles qui ne l’intéressent pas. Il fera une sélection en 3-4 étapes.
Dans la dernière sélection, il joue et l’assistant retravaille les trous de jeu et l’embouchure au 10ème de millimètre et fait des propositions à Ravi.
Pendant notre passage arrive un jeune de 12 ans avec père et mère venu acheter un bansuri d’Inde Du Nord, il essaie nous discutons avec lui et c’est un moment très doux. Le jeune flûtiste sait ce qu’il veut et il a le regard de celui qui va travailler, travailler.
Retour à ravi, les essais continuent, on nous offre du thé, du raisin, des bananes,.. quel accueil. Finalement Ravi jette son dévolu sur 6 flûtes. Ok, maintenant, on s’occupe des finitions, on ligature,
on ponce, on colle le bouchon à la colle à bois.
Quand la colle est sèche on emballe.
C’est très intéressant à observer.
Retour à l’hôtel, il y a eu un vrai déluge, les rues sont replies d’eau et les flaques sont immenses. La température a sérieusement chuté. L’air est très humide et je ne suis absolument pas équipé pour un temps de pluie. Retour à ‘hôtel, Ravi et moi sommes un peu barbouillés du repas d’hier soir, nous dînerons léger et nous coucherons de bonne heure, demain une grande journée nous attend.
Vendredi 27 Janvier
La nuit fût réparatrice, nous retrouvons Udupa qui est arrivé à 4h00 du matin, juste revenu d’un concert en Iran. Il fait 19° mais la pluie a cessé. Le trio part en fin de matinée vers l’Alliance Française, ce soir nous donnons l’ultime concert « officiel » de cette tournée.
Nous allons déjeuner à l’Alliance et faire la connaissance d’une partie de l’équipe avant de nous installer pour la balance. L’équipe est compétente et à l’écoute, tout ira bien. Nous allons jouer ce soir avec Rafique Langa qui joue des Khartal, c’est un mélange entre les « bones »irlandais et les castagnettes espagnoles.
Rafique vient du Rajasthan, de sa musique populaire et ses interventions seront très improvisées. Ce soir, place à l’écoute et aux multiples intuitions. La balance se passera très bien, Udupa est magistral comme à son habitude, Rabique est étonnant de virtuosité sur ses instruments, du rythme, encore et toujours du rythme et du tempo. ça groove!!
Udupi et Ravi vont aller se poser à l’hôtel, je préfère rester de mon côté travailler un peu. Je vais faire des exercices pendant une heure, avant d’aller faire un tour dans les bureaux de l’Alliance pour finalement aller faire une petite marche dans le parc situé tout près « Lodhi Garden ».
C’est un très beau parc, insolite dans cette immense ville, je n’entends plus le bruit de la circulation et le chant des oiseaux est riche, varié, magnifique. Il y a aussi des monuments majestueux, mosquées, palais et tombeaux signifiant les influences musulmanes et Mongoles.
Je reviens à l’Alliance, je vais travailler encore une heure avant que Rafique n’arrive avec son magnifique costume.
Nous discutons un peu, Ravi et Udupa nous rejoignent et le concert démarre. la salle est bien garnie, nous sommes concentrés. Le son est là! L’ensemble s ‘écoute et joue.
Les improvisations seront inspirées, les mises place jouées avec gout, nous vibrons sur les mêmes fréquences ce soir, le tempo commun est palpable. Le public est attentif, curieux de cette improbable formation. Chacun fait son solo, la concentration est impressionnante et, en même temps, nous lâchons prise,… expressivité, inspirations, nuances, écoute, tempo,…il y aura tout ce que j’aime ce soir, rigueur, fantaisie, nuances, humour, amour, violence, surprise.
Le public est conquis!! Nous aurons droit, également ce soir à une standing ovation! De belles discussions avec le public à l’issue du concert. Nous retrouvons le jeune flûtiste rencontré hier à l’atelier venu avec ses parents. Visiblement, ils ont été touchés par la proposition. Petit dîner post concert et retour à l’hôtel où je vais bien discuter avec Ravi. La tournée touche à sa fin et nous avons besoin de nous parler pour voir la suite de l’aventure.
Samedi 28 Janvier
Levé tôt, ce matin nous repartons vers Bangalore pour notre ultime concert ce soir.
Trajet sans soucis, nous retrouvons les embouteillages de Bangalore. Nous irons directement au « BFlat » où nous jouons ce soir. Je viens d’avoir un message de l’ami trompettiste Gallois Tomos Williams qui me souhaite un bon concert, il a joué ici il y a quelques temps. C’est un club réputé ici, nous allons nous installer tranquillement, Udupa fait sa balance, je retrouve Muthu avec plaisir et la balance se passera très bien.
L’ingénieur du son connaît son travail, a du bon matériel et le son promet d’être rès bien pour ce dernier concert avec les amis. C’est le temps des derniers, dernier dossa, dernier idli, dernier panneer,… Après la balance nous retournons nous poser chez Ravi, je retrouve son épouse et sa petite, avec des sourires et une belle douceur. Les gens ici ont un sens de la politesse, très retenue et très élégante. Je m’en rends vraiment compte chaque jour, chaque salutation est portée par un regard, un sourire, …d’une extrême politesse. Tout cela est bien tendre et doux. Pour ce que j’en vois, bien sûr, je sais très bien que dans un autre contexte,les relations pourraient être parfois moins amicales et respectueuses.
Nous faisons tranquillement le bilan avec Ravi et sommes très très content de cette tournée. Chaque concert fût différent, les lieux ont amené chacun une énergie spécifique, les retours publics sont très positifs. Nous sommes bien conscients que nous avons posé la première pierre d’un beau chantier en construction. Nous avons plein d’idées pour l’avenir, retrouver l’ami Camilo Menjura, revenir jouer ici, prendre un peu plus te temps dans certains lieux….Nous verrons ce que l’avenir donnera. Une chose est sûre, la relation est de qualité, forte et durable.
En route vers Bflat ,nous passerons 45 mn dans les embouteillages, j’observe Bangalore en ce début de soirée. La fourmilière est toujours active, il y a du monde partout. Le quartier où nous jouons est un quartier très commerçant, les enseignes de grosses marques internationales alternent avec restaurants et commerces locaux. A un feu rouge, un transsexuel fait la manche, en fait ils seront plusieurs, ils ne se déplacent jamais seuls. Ils quêtent et l’usage ici, nous dit que la personne donnant un peu d’arme,t aura un bon karma. Nous arrivons sur place et rencontrons dès notre arrivée 2 personnes, Ravi me dit que ce sont d’exceptionnels musiciens (il n’y a que ça ici). Nous commencerons avec un peu de retard car Udupa n’est pas arrivé. Entre la balance et notre concert il est déjà parti donner un autre concert ailleurs. Nous faisons un point sur la set-list et nous y allons. Le concert se passera bien, le public est attentif et réagit à notre musique. Les percussions sont un peu fortes en retour et nous perdons parfois un peu nos flûtes. Mais l’énergie est très bonne, c’est le dernier concert et tout le monde va se lâcher. Très très généreux.
Nous terminerons le concert en invitant 3 musiciens au Kanjira, percussions et flûte. Ce sera un boeuf très sympa.
Il y aura eu une très belle énergie, de beaux sourires, une vraie écoute, de superbes solos de part et d’autres. Bref, un final comme il se doit après ces 2 semaines intenses.
Comme à chaque fois, les gens viennent nous voir et nous aurons de beaux retours à la fin du concert.
Retour à la maison claqués!!
Dimanche 29 Janvier
Nous sommes dimanche et les ouvriers du bâiment jouxtant la maison où je réside attaquent le chantier à 9h00, tout va bien. Je prend mon petit déjeuner avec Apita, la petite de Ravii, nous sommes des super copains maintenant. Puis je pars faire un enregistrement avec Muthu, il passe me chercher en scooter et je vais découvrir ce moyen de transport de plus près. Le principe est simple, on accélère, on ralentit, on slalom entre les voitures et de temps en temps entre les nids de poule.
C’est très drôle. Muthu doit livrer 5 morceaux à un producteur et il aimerait des ambiances de foret. Je vais donc tenter de le satisfaire. Nous allons passer une heure à ramer pour configurer les ordinateurs et nous finirons avec celui de Muthu. Il m’apprend une mélodie que j’enregistre ainsi que quelques voix d’harmonies. J’enregistre cela ter ensuite je lui laisse une jig irlandaise une improvisation et divers bruits d’oiseaux, de vent,..
Nous allons ensuite déjeuner en famille, je rencontre son épouse et son petit d’un an et demi. Le repas sera succulent et épicé. De là, nous partons faire les derniers achats avant mon départ. Muthu et sa femme sont magnifiques, ils vont chercher les bonnes boutiques pour que je ramène des mélanges d’épices bio. J’aurai été bien incapable de trouver les boutiques tout seul. Muthu et son épouse sont très spirituels, le moment avec eux est tendre et doux et je vais quitter Bangalore en douceur. Du moins…. je le croyais!
Retour chez Ravi, Muthu me dépose après un nouveau stage de scooter, je prépare mes bagages, trouve un pantalon propre et me prépare car nous allons à un mariage sur la route du retour. Ravi a un ami batteur qui se marrie et il a demandé à Ravi et à quelques musiciens de jouer pendant la cérémonie. Ravi est trop malin, il m’a dit qu’il assurait ce temps de musique et qu’il m’inviterait sur un ou deux morceaux. En fait, une partie des musiciens ici a reçu notre répertoire. J’arrive donc dans cette énorme salle incroyablement décorée où je vais retrouver Udupa, Arun Kumar, un merveilleux batteur avec qui j’avais joué en 2014, un bassiste et un clavier. Sur la route, nous avons eu un soucis de voiture, Panne électrique semble t’il? Cela a sema un peu la panique car c’est Ravi qui dirige l’orchestre, donc, rien ne peut commencer sans lui. Nous trouverons une solution et arriverons en cours de cérémonie. Rapide balance et on y va!!
Il y a beaucoup de monde, mariage indien oblige. Le lieu est incroyable, c’est vraiment une salle dédiée aux mariage.
Au sous-sol, je découvrirai plus tard, qu’il y a la restauration avec des plats partout tous aussi succulents les uns que les autres. Je me rappelle le mariage que j’avais fait à Delhi en 2007, donc, le marié a du défiler en ville, retrouver la mariée ici et maintenant , il va y avoir une séance photo très très longue; c’est durant cette séance que nous jouons.
Ca va groover du feu de Dieu!! Arun est une machine à jouer. Son jeu de batterie est époustouflant! Il a un jeu Jazz-Rock, un son de batterie magnifique, une précision de jeu terrible et il maîtrise les codes rythmiques carnatiques. Notre musique va se développer tranquillement, nous allons jouer 1h30 sans pauses et ça joue888
Chacun prend des tours d’improvisation et ça dialogue, ça phrase, ça réagit, ça s’écoute. Bref, la longue séance photo va être agrémenté d’un bien joli concert.
Après notre concert, nous allons avoir les chaleureux remerciements du papa de la mariée, des cadeaux et une séance photos avec les jeunes mariés. Le temps fille et j’ai peur de rater mon avion. Ravi me dit que tout va bien.
Le mariage se continuera avec les proches de la famille, il y a déjà beaucoup moins de monde maintenant, les 3/4 des convives ont quitté les lieux. Les proches resteront maintenant jusque tard, par!ès le dîner en famille, il y aura la cérémonie religieuse.
Nous descendons dîner, derniers dossas, du coup, j’en prend 2. Le taxi arrive, je transfère mes bagages de la voiture d’Udupa au taxi. Salue, non sans émotions Ravi, son épouse et sa fille. Cela fait bizarre de se quitter aussi rapidement. Je pars, je vois Bangalore de nuit pour la dernière fois. Le dimanche c’est le jour du mariage, pas uniquement à Bamako. Il y a des espaces dédiés au mariages illuminés un peu partout sur mon chemin.
Je vois le taxi qui perd de la vitesse…..galère, il tombe également en panne. Il tente de repartir 2 fois, fait 500 m et s’arrête. Au bout d’un moment, mon chauffeur me dit qu’il va transférer mes bagages dans un autre taxi et que je continuerai mon trajet dans un autre véhicule. heureusement qu’un collègue du chauffeur nous a repéré et a proposé d’aider. Finalement, j’arriverai à temps à l’aéroport, je passe les multiples contrôles non sans arrêt sécurité car mes flûtes intriguent les douaniers.
Voilà, fin de l’histoire, j’écris un message à Ravi pour le remercier de son accueil, de sa musique, de sa patience, de son énergie à coordonner tous ces concerts.
Ce fût une très belle session de Magic Flûtes, cela ne s’est pas passé sans doutes, questionnements, remises en cause. Mais Ravi et les autres ont été très solides et à l’écoute. Ce pays est vraiment riche de beaucoup de choses, une musique sublime, une cuisine magnifique, un sens du respect et une réduction raffinée. J’ai beaucoup, beaucoup appris. Maintenant, il va falloir travailler pour continuer à nourrir cette aventure magnifique.
Merci à tous ceux qui y ont contribué.
Ceci est donc, e dernier mail que je vous envoie sur ce voyage, j’espère que vous aurez reçu, par cet intermédiaire, des odeurs, des sons, des couleurs,.. des impressions profondes sur ce vaste pays.