Lundi 19 Juin
Bien arrivé sous un beau soleil pour la 27ème édition des « Fifres de Garonne ». Marion vient m’accueillir à la gare de Langon. Elle est radieuse, c’est beau à voir.

Nous allons faire quelques achats avant d’aller sur le site retrouver l’équipe. C’est toujours un bonheur de revenir sur ces bords de Garonne avec ces gens impliqués et dévoués sur cette fête magnifique.

L’ambiance est bonne, l’apéritif est servi, l’équipe cuisine arrive avec le dîner, on se retrouve, on prend des nouvelles des uns et des autres. l’ambiance est calme, tout le monde pense au montage, aux multiples détails à ne pas négliger, on sent déjà toute l’énergie qui est en mouvement, c’est palpable et cela va monter progressivement jour après jour,super!

Je vais veiller un peu pour attendre Adail Viveiros, l’ami Brésilien qui vient donner un coup de main sur la fête. Je connais bien Adail, nous nous sommes rencontrés ici en 2010 et nous croisons régulièrement depuis. Il arrive en moto de Paris et arrivera dans la nuit. Nous prenons des nouvelles l’un de l’autre et allons dormir, la semaine ne fait que commencer.

Mardi 20 Juin
Réveil tendre et doux avec un petit déjeuner poétique en compagnie de Paulette, les amis passent au quartier général toutes les 10 mn, donc, je vais voir beaucoup de monde ce matin avant le réveil d’Adail avec qui je vais prendre un café et discuter de la situation tragique du Brésil depuis 2 ans. Adail me donne des nouvelles clés de compréhension de ce qu’il se passe là-bas, les enjeux financiers et politiques autour du contrôle des gisements de pétrole (entre autres). Cela n’est guère réjouissant, je pense à mes amis de São Paulo, de Rio, du Nordeste, comment vont-ils tenir? Les grands possédants ont décider de s’accaparer la présidence et l’Assemblée et cela se traduit par des lois folles, pas une volonté affirmée de laisser les démunis sur le bord de la route, sans ressources, sans éducation, sans accès au soin,… Une véritable tragédie.
Nous nous rendons tous les deux sur le site où le montage avance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les chapiteaux se montent, la scène est en place, la fourmilière s’active tranquillement.

Je retrouve Valentin Hilaire, je lui ai demandé de mener avec Brune et leur fifres la ballade qui aura lieu samedi après-midi. C’est une première et nous faisons un point sur ce que l’on attend de lui et comment il le ressent. Je retrouve Laurent et Riquet qui arrivent de Bretagne sur le site. Nous sommes plus nombreux ce soir et tout le monde se retrouve, c’est l’occasion de reprendre des nouvelles des uns et des autres. La famille se retrouve pour une soirée tranquille et bien douce.

Mercredi 21 Juin
Ce matin, je me mets au travail de l’instrument, écoute les répétitions de Trào Libre que nous avons fait en avril, nous allons proposer une première et il faut se remettre dans le son de cette nouvelle formule riche de fortes personnalités. En fin de matinée j’ai une nouvelle réunion avec Valentin et Michel Hilaire pour faire le point sur les textes de la ballade. Michel a bien préparé ses interventions, il est tout en poésie et douce érudition. Il est imprégné par la Garonne, il est vraiment originaire d’ici et part voir le fleuve qui a bercé sa vie tous les jours. J’apprends beaucoup avec lui aujourd’hui, passionnant et habité!
Je vais déjeuner sur le site et je retrouve Yoann Scheidt et Kristof Hiriart qui sont arrivés. Nous allons nous installer chez Pierre et Paulette pour les répétitions.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il nous faut nous remettre dans le son, l’après-midi passera vite et je pars pour la fête de la musique à la Réole avec Laurent et les Sous-Fifres. Je ressors le Fifre, oulala l’embouchure!! C’est un instrument impitoyable, le moindre relâchement de pression est immédiatement sanctionné d’un « triiuuiiuuuiit » strident et sonore. Je vais m’appliquer pour ne pas semer de zizanie dans l’équipe des amis.

C’est un plaisir d’être plongé dans ce son, Mathieu et son beau trombone, la rythmique caisse claire-grosse caisse est en place et avance bien. Les sensations reviennent peu à peu et ce petit temps de musique simple et partagé nous fait du bien à tous. Je découvre La Réole magnifique petite ville dans laquelle le groupe déambule à la rencontre des flâneurs venus profiter de la musique et de la chaleur pour une petite ballade.

Nous retournons sur le site pour diner, Jérémie Ternoy est arrivé, nous faisons connaissance.Il travaille depuis pas mal de temps maintenant avec Kristof Hiriart et est invité à contribuer à la création de dimanche, il est très sympa, nous avons des connaissances en commun et allons échanger tranquillement jusqu’à l’arrivée de Carlos Malta et de Yvan Vendamiati sur le site. Nous les accueillons en musique, tout le monde est content de se retrouver et il y aura de chaleureuses accolades dans une belle ambiance.

Jeudi 22 Juin
Ce matin répétition à 10h00 chez Pierre et Paulette, ça joue! les idées fusent, l’écoute est là, tout le monde a le sourire. Nous déroulons les morceaux, mélange de notre travail à Uzeste en avril dernier, des choses que je connais avec Carlos et des morceaux d’Hermeto Pascoal. Cette journée tournera autour d’improvisations et de propositions des uns et des autres. Le son est là! Clairement palpable d’entrée de jeu. Kristof est lyrique et inspiré, Yoann tout en sourire soutient et fait groover l’affaire en contact direct avec un Jérémie solide, d’une magnifique écoute et aux riches couleurs.

Carlos a un large sourire et s’amuse de tout.
Nous ferons une petite pause déjeuner sur le site avant une reprise en milieu d’après-midi jusqu’au dîner, nous allons explorer les champs possibles, chercher des sons, des couleurs, des combinaisons tout en gardant la liberté telle que chacun l’entend.
Au moment du dîner nous allons retrouver Max Cilla et Mirabelle. Nous sommes très heureux de nous retrouver et les discussions vont bon train. La soirée se terminera au son des flûtes et des rires.

Vendredi 23 Juin
Réveil tranquille, je prends le temps d’une belle discussion avec Francine et retrouve l’équipe pour la répétition chez PIerre le matin. Comme chaque jour, nous prenons le déjeuner sur le site, aujourd’hui feijoada. Je prends le temps d’une petite discussion avec Max Cilla, nous nous sommes pas vu depuis le forum sur la flûte traversière en bois et les discussions vont bon train. Nous avions été convié à participer à une belle rencontre autour des flûtes à l’initiative de Yann Cariou du conservatoire de Quimper. Après une journée riche en échange, nous avions terminé au Pub pour une inoubliable session irlandaise ponctuée de sons caribéens. A la sortie du pub, nous prenions la tragédie du Bataclan et des attentats de Paris. Inoubliable.
Vers 15h, arrivent les amis Polonais, je suis très heureux de retrouver Maciej et Mateusz Richly , notre dernière rencontre date de juin 2013 au festival EthnoPort de Poznan, il s’en est passé des choses depuis.  J’ai rencontré Maciej il y a près de 20 ans grâce à Hopi Hopkins, A chaque rencontre il m’a mis en situation d’improviser radicalement, sans filet, sans préparation,… j’ai gagné 3 ans de cours de musique grâce à lui et j’ai une vrai dette de « je » avec ce personnage. Nous prenons le temps de prendre des nouvelles des uns et des autres avant d’aller faire l’installation chez Francine. Un petit thé et nous partons retrouver Michel, Carlos, Laurent, Max et Brigitte pour une réunion en bord de Garonne concernant la ballade du lendemain. Michel nous fait part de ses idées, nous présentons les lieux que nous avons sélectionné pour chacun des musicien et tout le monde est très content de cette proposition libre, intime, de proximité dans ce cadre splendide.

Retour sur site, c’est heure de l’apéritif et le démarrage des festivités. J’aurai une belle discussion avec Carlos, je vois les regards des amis qui découvrent l’ambiance et la pression monte tranquillement. Après une ouverture par les Sous Fifres auxquels je me joindrai ainsi que Carlos et Max, la fête commence.

Il y a ce soir une fête foraine à l’ancienne avec des jeux très drôles, je passe de l’un à l’autre et me laisse séduire par les rires des adultes et les yeux lumineux des enfants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous jouons avec les Sous-Fifres, Max vient se joindre à nous, il est émouvant notre patriarche! Avec sa canne et son allure dégingandée, il semble flotter sur l’espace et le temps, avec son rythme, son battement,… qui irradie autour de lui, apportant calme et douceur.
Nous irons avec les Sous-Fifres jusqu’à la Garonne où aura lieu le feu qui cartonne terrible.

Ils ont mis le paquet ce soir les incroyables artificiers des Palombes Del Fuego. Nous en prenons plein les oreilles et les yeux, plein la gorge aussi, pas simple de jouer du fifre sans manger de la fumée dégagée par les artificiers. Puissant!!!

Retour sur le site ou l’orchestre de René Lacaille démarre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vais ramener Max à son gite et vais gérer les Polonais; un bon thé chez Francine, une bonne discussion et au lit.

Samedi 24 Juin
Grosse journée aujourd’hui où se succèdent répétition, déjeuner, tentative de sieste car j’ai mal dormi cette nuit.
Je croise les amis  Maciej et Mateusz autour du café d’Oc, ils ont l’air très contents d’être là, Pierre nous présente Amina Mezaache qui sera sûrement présente sur l’édition 2018 du festival. Elle est très sympa et comprend bien vite où elle met les pieds et le Flûtistan comptera très vite une nouvelle présidente.  Arrivent les musiciens du bal, je rencontre un peu tout le monde et flâne à droite à gauche avant le rendez-vous de 16h30 pour les Flûtes en ballade.

En route pour la ballade au son du fifre de Valentin et Brune, de la rythmique de Yoann, Kristof et Jérémie pour une ballade poélitique menée avec profondeur, douceur, humour, tendresse, érudition et convictions par Michel Hilaire.
Nous arrivons en bords de Garonne et à la première étape nous retrouvons Carlos. Michel, nous explique beaucoup de choses sur cette autoroute fluviale favorisant rencontres, commerce, échanges, partages,…

Carlos nous parle d’Oxum, Orixa de l’eau douce, il nous parle des graines que l’on plante et du Fifrier,, il dépose sur le pied d’un arbre quelques gouttes d’eau et va cueillir sur une branche un pifano, il se promènera dans le public, distribuera des appeaux au public avant d’improviser au pifano, c’est plein de talent, une fois de plus, de douceur et de tendresse, Carlos est éblouissant, tout en simplicité avec une grande grande classe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette séquence s’achève et le cortège se reforme au son des fifres et repart dans la forêt. Je cours voir Maciej qui nous attend.

Il a déposé au pied d’un arbre un ensemble de flûtes qu’il a fabriqué, certaine sophistiquées, d’autres rudimentaires.

Il y a là du bambou, du bois, des os et, après que Michel aie parlé des oiseaux de la Garonne, qu’il aie demandé au public d’écouter, le cortège nous rejoint. Maciej va à sa rencontre et commence à improviser des sons d’oiseaux. Là où Michel n’avait pas eu grand succès dans son écoute d’oiseau, il semble que Maciej réveille les habitants de ce bois. Il a lui même une allure d’homme des bois.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous entendons très vite les réponses se faire, timides d’abord, plus fournies ensuite. Moment magique, j’en ai la chair de poule. Quel bonhomme!!! Il est d’une apparence brute et sauvage et d’une posture douce et drôle. Il se dégage de ce personnage une force magique!!!
Maciej repart vers le chemin et le cortège s’ébroue et repart pour la dernière étape.
Max interviendra devant le lavoir  du jardin de Francis Lacroix. vieux sage, poète spirituel, il nous parle des échanges de l’esclavage, de la créolisation, il joue un long long morceau et je vois les gens partir vers une autre dimension, sorte de rêve éveillé.

Une paix se dégage de ce moment, loin du fracas du monde et des incohérences de l’humanité, Max nous ramène à ce que l’homme a de plus simple, de plus poétique, de plus profond.

Cette ballade est un moment magnifique.
Retour sur le site.
Apéritif au chapeau chinois avec les Sous Fifres, ça groove terrible cette année, il y a plus de fifres, sont présents, outre les habituelles Marion, Delphine et Carole, Virginie, Valentin, Brune, Mirabelle, Ivan l’ami brésilien commence à s’intégrer peu à peu. Amina s’approche et fait ses premiers sons sur le fifre. La matière s’épaissit, les sourires nous entourent, l’utopie concrète est sous mes yeux et dans mes oreilles. Moment très juste.
Diner de l’Alose, avec tous les musiciens à la même table, je discute avec Geneviève je vais rencontrer Anna Besson, elle est charmante, je la connaissais de réputation sans connaître vraiment son parcours, elle va m’éclairer et nous aurons un petit temps d’échange très sympa
et le bal démarre ça danse très bien au son du duo Artense, il y aura une version quartet avec l’arrivée d’Anna Besson et son compère avant le retour des Sous-Fifres pour le Fifre del Fuego.

L’artificier a décidé cette année de mettre un terme à l’Alose Del Fuego pour le remplacer par ce fifre qui danse, chargé de pétards, entraînant musiciens et public en bords de Garonne pour un nouveau feu sonore et coloré. Je bois du petit lait. Retour sur la piste où se produit le superbe duo Besson/Rio. Je vois Maciej et Mateusz accoudés sur la scène écoutant attentivement cette merveilleuse flûtiste au très beau phrasé et à la technique d’embouchure impressionnante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il me faut rentrer car demain la journée sera longue.

Dimanche 25 Juin
Balance matinale, nous sommes sur le site à 9h30 pour nous préparer. Fabien et Vincent ont toujours un beau sourire et nous accueillent comme ils savent le faire avec calme, bienveillance et professionnalisme. La balance se passera bien. Mon émetteur de micro disfonctionne depuis quelques jours et Fabien a jeté un oeil dessus. et fait les réparations qui me permettront de l’utiliser aujourd’hui. Merci Fabien!
Max nous retrouve en fin de balance et nous jouerons une de ses compositions tout à l’heure. Il fait beau, tout le monde se réjouit des sons que nous jouerons en ce bel après-midi. Après la balance de Max Cilla et de ses musiciens c’est le moment si important de l’inauguration du festival. Je suis toujours ému de ce temps de paroles où tout prend du sens, les implications des uns et des autres, les valeurs des gens d’ici, l’éthique, le partage, le respect, l’amour, l’ouverture à l’autre, cela démarre en chanson après le mot de la présidente, le ton est donné, le refrain est distribué au public tout le monde partagera simplement une posture militante réelle et déterminée.

Puis les prises de parole se succèdent, engagées, sensibles, concrètes, je suis ému, je ne suis pas le seul dans ce cas là. Ce temps du festival me remue toujours tellement je le trouve juste. Tellement l’implication des gens d’ici est juste, leur générosité magnifique, sans démagogie, par les actes, de la présence, toujours dans l’humour. De l’humain qui transpire, pense et partage sans calcul.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai du mal à tout suivre car j’ai le fils de Pitou et Jennifer qui vient jouer avec moi
Nous partageons un verre et allons déjeuner avec l’équipe de Lagunarte, les collaboratrices de Kristof Hiriart. Puis, en place pour la RIpataoulère éphémère qui ouvre l’après-midi. Alain, Virgine et Marion continuent à dévelloper cette rencontre de Fifrayre depuis 2014.

Cette année on sent que la mise en espace a été pensée, il y a des mouvements, les nombreux musiciens bougent selon des mouvements mis en place et la musique s’enracine peu à peu. Je suis très ému de voir toute cette jeunesse qui joue, il y a beaucoup d’adolescents, c’est magnifique. Les adultes sont impliqués, on joue, on se regarde, on bouge, on rit, on pleure un peu aussi! Mais de joie.
Mateusz et Maciej Richly vont s’installer sous le soleil pour un concert très beau.

Maciej est une des personnes les plus imprévisibles que j’ai eu l’occasion de rencontrer. Il est plein de finesse, de fantaisie, d’érudition et d’humour. Le texte introductif du plus petit trio du monde est très drôle pose l’ambiance d’une séquence qui sera riche en rythmes, en sons, en silences,… Maciej se joue d’un répertoire qu’il maîtrise parfaitement, il finira le concert en coupant des bouts de branches pour en faire des petites flûtes qu’il  distribuera au public avant de m’inviter sur un dernier morceau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je suis très heureux de voir cette proposition à St Pierre D’Aurillac. Maciej représente une vision de la musique, la sienne. Son interprétation d’artiste d’une musique séculaire qu’il joue en 2017 en bords de Garonne avec son fils. Cet homme m’as mis en situation d’improviser il y a 20 ans, j’ai beaucoup grandi les rares fois où nous avons joué ensemble et il est extrêmement important dans mon cheminement musical. C’est presque un rêve que je réalise aujourd’hui en le voyant jouer sur cette scène où j’ai vu passer Harry Bradley, Michel Godard, Pedram Khavarzamimi, Ravichandra Kulur, Yacouba Moumouni, Zephyr, François Lazarevich,.. Un temps dédié à l’ouverture au monde, à la curiosité, ..loin, très loin, des musiques médiatisées des radios commerciales, des téléviseurs qui formatent et conditionnent.

Juste des hommes cultivés, généreux, improvisant avec fantaisie, amour et humour, Force et douceur, parfois violence et tendresse, toujours surprenants, toujours inattendus, toujours inspirés.
La Ripataoulère se remet en place pour une nouvelle séquence pleine de joie et de danses. J’entends au loin le trombone de Mathieu toujours en phase avec le moment. Le soleil illumine ce temps de transmission et de partage, des graines sont plantées pour demain et les fifres chantent à l’unisson avec le bonheur d’être ensemble, de bouger ensemble de respirer ensemble.

Max Cilla se met en place avec ses musiciens. J’ai rencontré Max à Quimper en 2015, le jour des attentats du Bataclan, lors d’un forum sur la flûte traversière en bois. Nous étions restés en contact et les hasards de la vie (en sont-ils vraiment?) a fait que Pierre et Paulette Scheidt étant en Martinique en juillet 2016 au moment où Max lançait la première édition de son festival sur la Flûte des Mornes. La rencontre entre Pierre et Max a fait qu’aujourd’hui, ce dernier est sur scène pour nous parler de flûte, d’esclavage, de créolisation, d’esprit, d’amour. Il est très très ému d’être ici.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il a été également touché par la générosité qui transpire de chacun. Il a compris l’idée fédérante du Fifre dans cette magnifique réunion et il en parle, il joue. Sa musique est très inspirée, son jeu est précis, il est venu avec un joueur de Kora sénégalais, Ali Sissouko qui chante magnifiquement. Je vois sur scène, mon voisin, Cyrille Le Penven qui est venu jouer de la basse. La Rencontre toujours la rencontre.
Le concert passera très vite et Trào Libre se mettra en place pour terminer cet après-midi. Nous sommes tous très concentrés. Le répertoire est tout frais, tout neuf, les structures se fabriqueront sur scène et il va falloir être concentré.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une fois de plus, tout ira vite. Le son sur scène est très bon, chacun se lâche, envoie des idées, rebondit,.. de l’écoute de l’écoute!! Nous inviterons Marion et Amina,

Mathieu, Francis, Maciej, René Lacaille avant de terminer avec Max et son morceau qui groove « rythme mystère ».
Le final sera magnifique, tout le monde est ému et heureux. Pierre a encore gagné son pari!

La journée s’achève par le traditionnel pélerinage vers le bar à vin de la coopérative locale pour de belles discussions avec les amis pendant que la fête bat son plein sous la tente du bar Gascon.

Lundi 27 Juin
Levé matinal pour saluer Maciej et Mateusz qui s’en vont. Adail est là et tout le monde part vers 6h00 du matin. Je retrouverai Yoann et Carlos au déjeuner, Max est déjà parti, tout comme Kristof et Jérémie. Dernier repas, dernières salutations, on se promet de se revoir bientôt. On se serre très fort avec beaucoup d’émotions avant de repartir travailler, l’équipe de bénévoles a déjà démonté la scène, le chapiteau est déjà dans le camion et le site retrouvera très vite son apparence habituelle. Dans 2 jours, il ne restera plus rien ici. Les bénévoles magnifiques de cette fête auront tout démonté, rangé, nettoyé. Là encore, je prends une leçon. Tous les ans, ce rituel m’impressionne, quelle énergie ont ces gens qui montent un festival et le démontent en 10 jours. Les contraintes personnelles semblent passer bien après l’aventure collective, le projet de société locale basé sur le partage, l’entraide, la curiosité et l’impertinence semble couler de source. J’admire la dédication de toute cette équipe à cette aventure! Tout le monde se retrouve à 19h00 pour l’apéritif du Comité Des Fêtes suivi du repas. On dresse les premiers bilans, échange les anecdotes du week-end dernier, on partage des émotions, des éblouissements et vers 20h00, tout le monde grimpe en camion pour la tracto-parade.

L’équipe musicale arrivera sur la place de l’église où elle est attendue par des enfants et leur parents. Nous allons jouer durant une quarantaine de minutes avant que les lampions ne s’allument et que la procession démarre. Comme à chaque fois, ce petit temps tendre et doux est très émouvant.

Le répertoire est composé principalement de morceaux traditionnels et les thèmes se déroulent durant la marche tranquillement, dans une joie collective simple, douce, bienveillante. Nous arrivons sur le site où des jongleurs nous attendent avant que le feu d’artifice ne démarre et pétarade pour un ultime moment où nous en prendrons plein la vue et plein les oreilles.
Le traditionnel bal s’enchaine où tout le monde va se lâcher dans une ambiance bon enfant.

Un dernier débriefing avec Marion, Didier et Virginie avant d’aller dormir, il est tard.

Mardi 28 Juin
Voilà, il faut rentrer, d’autres activités m’attendent, le temps se rappelle à moi. Il faut se débrancher de cette énergie magnifique pour retrouver le « Vrai » monde, où peut-être que c’est l’inverse finalement, il me faut laisser le vrai monde pour retourner  dans le monde fou, des actualités sanglantes de cette humanité qui se perd.
Je range mes affaires, retrouve les amis sur le site pour des derniers échanges, des derniers rires et sourires et en route.
Je repars avec Laurent, nous serons obligés de nous relayer plusieurs fois pour conduire car nous sommes, lui comme moi, épuisés. Epuisés mais plein de forces et d’énergie car nous en avons reçu de l’énergie durant ces quelques jours. Les sons de Fifres chantent toujours en nous, ils se mêlent à des rires, à des couleurs et des odeurs qui semblent ne pas vouloir nous quitter.
Je ne m’y habituerai jamais je crois à cette leçon d’humanité simple et vraie que je reçois à chaque année. Comme le dit Carlos, c’est un peu le nouvel an cette fête. Carlos le dit si bien « je viens ici pour laver mon âme et redémarrer mon année, nettoyé! » On dresse le bilan de l’année passée et on repart plein d’énergies, d’idées, de projets, d’envies, de rêves,.. pour nous et le monde.
Saint Pierre D’Aurilax, royaume de l’Utopie, merci de me nourrir et de me faire grandir!!

Merci à Laurent Petereau pour les images