Résidence à Bangalore du 15 Janvier au 5 Février 2014. Avec l’aide de la Région Bretagne, l’Institut Français et la Cie Hirundo Rustica.
Jeudi 15 Janvier
Arrivée à Delhi, voilà, deuxième voyage en Inde vers le Sud maintenant, à l’invitation de Ravichandra Kulur que j’avais rencontré à Rudolstadt.
Me voilà en transit entre Delhi et Bangalore. Heureusement que j’étais prévenu avec une toute petite nuit de sommeil, tu sors de l’avion et un bordel sans nom t’attend. Je vais récupérer ma valise, la ré-enregistrer et ensuite attendre 4h00 avant de repartir vers Bangalore.
Arrivée à Bangalore, je récupère mes affaires, trouve un taxi et au bout de 2h00 dans les embouteillages , j’arrive à l’hôtel. Tout de suite les Klaxons me rappellent le dernier voyage en 2007. Tout est là, les rickshaws, camions, bus, motos,.. tout le monde slalome
allègrement dans ce bazar. J’assiste même à un passage d’une 2X2 voies en 6 voies (2 sur le goudron, les autres où ça peut!). Très drôle!
Mon hôtel est très bien et je parle rapidement au téléphone avec Ravi qui passera me prendre demain. Pour l’instant, pas de programme, on improvisera avec Ravi. Je prends une douche salutaire et part dîner en bas de l’hôtel. Un mélange de légumes bien relevés. Tout va bien, je suis bien arrivé en Inde!
Vendredi 16 Janvier
Très bonne nuit. Je me suis bien reposé. Petit tour de l’hôtel pour commencer à me territorialiser après le petit déjeuner et au travail. Ma carte wifi vient de retomber en panne. Me voilà privé d’internet jusqu’à nouvel ordre, je vais donc prendre la flûte et préparer le morceau que j’ai composé pour Ravi juste avant de partir.
Ravi me prévient qu’il arrivera avec un peu de retard. Quand il arrive je suis prêt, nous allons discuter une bonne heure avant d’aller chez lui.
Il habite tout près de l’hôtel, donc, je ferai las route à pied les prochains jours. Sa maison est superbe, nous allons travailler toute la journée, tranquillement, prendre un bon déjeuner à base de lentilles, légumes et riz. reprendre le travail pour arrêter vers 18h00. retour à l’hôtel, je refais un petit point de la journée, j’ai un peu de travail. Des morceaux à bosser, des exercices de flûte, demain on reprend vers 11h00.
Dîner tranquille au bas de l’hôtel, j’irai élargir mon rayon d’action demain. Ce soir c’est buffet, j’avais décidé de manger léger, c’est raté! Superbe soupe de lentilles épicée comme il faut suivie d’un mélange de sauce (épicée bien sûr) sur des vermicelles de maïs et une sauce de légumes avec du riz. C’est la classe, j’avais envie de tout gouter mais attention aux calories!! J’observe les clients du restaurant, je suis le seul non-indien. c’est très intéressant, les femmes souvent bien rondes sont habillées de merveilleux saris aux couleurs flamboyantes, le costume de sortie des hommes se limite à la chemise à carreaux. Tout le monde en a, certes les tailles de carreaux diffèrent mais c’est l’invasion des chemises à carreaux, oulala!!!
Je profite de la sortie du resto pour faire une petite prise de son de la circulation, ça klaxonne toujours, jour et nuit. Ils conduisent n’importe comment, je l’avais déjà remarqué en 2007, mais il y a des règles. en gros, celui qui décide de couper la route devient prioritaire dès qu’un véhicule s’arrête, beaucoup d’exceptions, néanmoins, à ce principe général. Ravichandra m’a dit d’être très prudent quand je sortirai me balader à pied car le trottoir n’est pas exclusivement réservé aux piétons et le danger est partout!
Samedi 18 Janvier
Bonne nuit, petit déjeuner copieux et je vais travailler dans ma chambre les exercices que m’a donné Ravi hier. Voilà une belle opportunité d’apprentissage, il est très calme et c’est un maître. Nous avons discuté un peu de son apprentissage hier. Il a commencé la musique très jeune, son père, qui était flûtiste amateur, l’a initié, d’abord aux percussions puis à la flûte. Il a travaillé dur dans un système très dur dans l’éducation musicale et a commencé sa carrière il y a pas mal d’années. Pour finir par jouer avec Anoushka Shankar il y a quelques années et, du coup, avec le papa, le grand maître Ravi Shankar. Il essaie de défendre une esthétique sans compromis mais il m’explique qu’ici comme ailleurs, les démarches profondes et poétiques ne sont pas celles qui séduisent les masses qui sont bombardées de films de Bollywood avec une musique de variété qui est certes plus intéressante que chez nous, à mon goût, mais qui monopolise tout. Je reviens à mes exercices et à 11h00 Ravi passe me prendre. Nous allons chez lui travailler 2h00. Un nouveau morceau au programme qui permet de travailler des exercices de musique Carnatique, j’en suis à mes débuts mais les exercices sont superbes, difficiles mais cela va faire progresser. Donc, je prends. Ensuite, nous essayons de composer une mélodie sur le Raga (Raga=mode musical) du jour. Ravi compose très vite une mélodie, il compose comme il respire, génial!! Super thème,je vais avoir du travail. Puis nous révisons les morceaux d’hier et il est temps d’arrêter.
Ravi me ramène à l’hôtel, je vais aller déjeuner , des pommes de terre Tandoori (miam)
et je fais une petite marche dans le quartier. Les klaxons, encore et encore,… Il fait beau et la ballade est très sympa dès que je m’éloigne du boulevard. La ville est construite en damier, difficile de se perdre, toutes les rues sont à angle droit!
Je rentre à l’hôtel et je vais travailler une bonne partie de l’après-midi sur les morceaux de ce matin. Il y a du boulot, le maître corse les choses. très bien, je travaille, je travaille. Il faut profiter de ce séjour pour emmagasiner le maximum d’informations pour les travailler de retour à Kerlavéo.
Petit dîner tranquille, ce soir la tenue de soirée masculine est le polo à rayure, amusant. Le restaurant est plein à craquer et je suis le seul occidental. Retour à l’hôtel et travail encore, j’ai des chantiers à terminer pour être pleinement en Inde. J’espère avoir fini pour demain soir.
Dimanche 19 Janvier
Petite nuit, je vais me promener dans le quartier après le petit déjeuner et retour pour bosser un peu. Je vais déjeuner et reprends le travail tranquillement avant d’aller me faire une petite ballade.
Il fait beau, la température est idéale, dès que l’on quitte les boulevards les routes perpendiculaires sont beaucoup plus calmes.
La végétation, ici aussi, est impressionnante, palmiers, manguiers, cocotiers poussent partout et très haut! Je flâne, je cherche à entendre des oiseaux mais le brouhaha des boulevards couvre tout. Les poubelles trainent partout et les chiens errants pullulent. Ici le chien est un animal rejeté, j’en croise un qui a une sorte de galle, il n’en a plus pour très longtemps le pauvre. Je suis au Sud du pays, la ville prospère grâce à l’arrivée massive d’entreprise liées aux nouvelles technologies (informatique, internet,..) mais on voit quand même la pauvreté qui côtoie des pavillons neufs et rutilants. La corruption, ici aussi, est très importante et le politique n’a pas l’air d’être bien respecté.
Petit dîner à base de curry de noix de cajou et dodo.
Lundi 20 Janvier
Mal dormi, du bordel dans l’hôtel jusqu’à 3h et ensuite j’ai tourné et retourné dans mon lit jusqu’à 5h00. Du coup, pas franchement frais ce matin. Ravi passe me prendre et nous allons travailler efficacement ce matin quand même; Au programme des reels, il veut se manger du répertoire, il va voir ce qu’il va voir, je tiens ma revanche, il se les avale en un rien de temps, je suis dégoûté! La grande classe.
Petite pause pour parler un peu travail, Ravi est en quête d’un manager, il avait un manager pendant de longues années qui vient de décider de tout plaquer, il se trouve un peu démuni. Il n’est pas sans travail vu le talent mais il aimerait proposer des choses davantage liées à son esthétique et là, c’est difficile. Il est très curieux de savoir comment nous travaillons en France, les contacts, la méthode, j’essaie d’apporter des réponses à ses interrogations et nous nous remettons au travail.
Nous voyons comment travailler autour des modes des reels, sa méthode de travail est incroyable, une analyse immédiate du mode et des rythmes, du coup, il travaille en profondeur sur l’essence de la mélodie pour en dégager de l’improvisation ou une autre mélodie, tout cela à 300 à l’heure mais tout en douceur. Impressionnant! Nous allons déjeuner ensemble et reprendre l’après midi par la continuité de mon apprentissage de la musique carnatique, du rythme et encore du rythme. La fatigue commence à se faire sentir et nous allons nous arrêter vers 17h00.
Retour à l’hôtel, j’essaie de bosser un peu, mais je suis un peu claqué.
Mardi 21 Janvier
Bon, bonne nuit. Je révise un peu les morceaux quand Ravi vient me chercher. Nous allons travailler dur aujourd’hui mais c’est une très bonne journée, 2 morceaux pas simples, mais qui groovent bien, avancés. Nous sommes très contents. Nous allons déjeuner dans un restaurant. Toujours le bordel de la circulation, je demande à Ravi quelles sont les bases à connaître pour comprendre le code de la route. Il me répond « c’est très simple! Quand c’est vert tu passes, quand c’est orange tu accélères, quand c’est rouge tu regardes à droite et à gauche et tu passes! En fait tu passes toujours mais il y a quelques nuances d’intensité!!! »
Me voilà prévenu pour cette première leçon.
Le restaurant est super bon, nous mangeons léger, des beignets de blanc d’oeuf un peu épicé et un Dhal à base de lentilles et d’épinards.
Superbe.
Je mange végétarien depuis le début de mon séjour (et pas d’alcool) et tout va bien. J’avais peur que l’accumulation de plats épicés ne me secouent un peu mais, pour l’instant, tout va bien.
Retour chez Ravi et on se remet au travail, ce n’est pas simple pour moi (pour lui, cela ressemble à un jeu).
Puis, à 17h00 nous arrêtons, nous passons déposer sa fille ainée à son cours de danse
et nous partons nous balader dans un parc où il y a un espace pour les petits. J’entends mes premiers oiseaux, superbes. Tout est couleurs ici, les femmes de tous âges se promènent dans le parc avec des saris aux couleurs merveilleuses, je me pose avec Ravi et la petite et me laisse bercer par les sons et les couleurs.
Pause poésie! Retour à l’hôtel, durant la répé, Ravi a organisé mes transports, ce week-end, je pars dans le Kerala retrouver les amis Christophe et Deepali qui sont en vacances. Un petit week-end au bord de mer va me faire grand bien et me vider la tête de toutes ces notes et rythmes que je reçois ici.
Ce soir, je dîne avec Krishna Prasad, un ami de Jacques Yves Lafontaine, ingénieur du son de Mumbai qui vient d’arriver à Bangalore. La soirée va être très sympa, nous allons dans un petit resto très sympa et il m’explique qu’il est acousticien, il fait des installations de systèmes son dans des resto (plutôt cossus), fabrique des enceintes, les règle, il travaille également pour la marque Bose, travaille sur des prises caméra en cinéma, en fait, il est hyperactif! Et tout en douceur et calme. Nous allons bien discuter durant la soirée. Nous finirons dans ma piaule à écouter de la musique et à regarder quelques vidéos. Il m’explique son travail, nous en profitons pour passer un appel à Jacques-Yves, nous allons le voir ainsi que Cécile et Capucine. Tout le monde est super content de voir Krishna. Une fois la communication terminée, il continue à me faire découvrir des choses, il travaille pour une légende Indienne de la musique fusion, je découvre Stephen Devassy
Dans un autre style, plus poétique, Krishna me dit qu’il doit mixer le prochain dvd de U Shrinivas
Une soirée très très sympa.
Mercredi 22 Janvier
Re-boulot aujourd’hui. Ravi m’a mis la pression hier soir, nous enregistrons nos 2 flûtes aujourd’hui pour transmettre les morceaux aux autres musiciens qui vont jouer avec nous le 1/02. Cela veut dire un enregistrement avec un minimum de qualité. J’installe donc, l’ordinateur et prépare Digital Performer. Ravi a un couple de micros, me voilà preneur de son. Nous réglons le click (de la rigueur encore et encore) et commençons à travailler. Nous répétons des morceaux sans structure définitive 2 ou 3 fois et hop! Dans la boîte. Nous ferons 3 morceaux aujourd’hui sans trop de pauses. Puis, nous repartons déposer la fille de Ravi à son cours de danse et passons boire un thé à l’hôtel pour discuter un peu. Ravi est très content de la rencontre et de la direction que cela prend. Super! Demain nous continuons les prises et nous avons déjà 6 morceaux de quasi fini + 2 en chantier + des idées pour un solo de chacun durant le concert.
Tout va bien.
Petit dîner et retour dans la chambre pour travailler les enregistrements, j’édite et mixe un peu les 2 flûtes, il y a déjà des jolies choses. Je prépare des Mp3 pour que tout le monde puisse travailler à la maison. Puis, dodo, demain, une nouvelle grosse journée avant de faire une pause de quelques jours. Ravi joue avec Anoushka Shankar à Shennaï, je vais aller passer le week-end dans le Kerala au bord de la mer!
Il y a même des Prim Holstein!
Jeudi 23 Janvier
Toujours au travail, Ravi passe me prendre ce matin et nous faisons un crochet par la banque pour que je retire de l’argent et là!! Galère, machine bloquée! J’essaie 5 fois sans succès, le banquier, pas plus inquiet que cela me dit de repasser dans une heure, ça me rappelle un peu ma première rencontre avec un ordinateur!
Du coup, nous allons travailler, l’ambiance est bonne, studieuse, rigoureuse et relax. Donc, on travaille et 2 morceaux d’enregistrés ce matin. Petite pause déjeuner, toujours aussi bon. J’ai le droit à un beau numéro de danse de la plus grande fille de Ravi (5 ans) qui présente tout à l’heure un spectacle à l’école. Nous rebossons dans l’après-midi puis Ravi me ramène à l’hôtel, un petit crochet au distributeur mais toujours sans succès. Je me remémore la maxime du gourou de St Pierre D’Aurillac (ça va s’arranger!) mais je commence à m’interroger un peu. Coup de bol, elle fonctionne à l’hôtel, je peux régler mon séjour mais pas retirer d’argent de poche. Ravi, toujours là, me trouve quelqu’un pour me changer quelques euros en roupies histoire d’être tranquille pour le week-end.
Je retourne travailler dans la chambre, j’édite les morceaux de la journée et les exporte avec et sans click grâce au tuyau que m’a refilé Jacques-Yves ce matin. Il y a de jolies choses, c’est très fragile, en fait c’est très vert, donc il va falloir que ça murisse tranquillement.
Vendredi 24 Janvier
Aujourd’hui, départ vers le Kerala, je laisse un maximum de choses à l’hôtel et prend le bus vers l’aéroport (2h00), tout va bien, je me prends un petit Dossa Massala avant de décoller, délicieuse galette de farine de lentilles garnie de pommes de terre épicée que l’on mange avec plusieurs petites sauces (évidemment relevées). Superbe.
Tout se passe bien, j’arrive à Calicut, prends un taxi pour aller à la gare. C’est un super vieux taxi, très classe, pas d’électronique superflue, pas de ceintures de sécurité non plus…
Une bonne occasion de réfléchir au code de la route indien.
Franchissement de ligne continue
Dépassement dans un virage
Arrivée d’un homologue qui roule en double sens parce qu’il a franchi la ligne continue.
Arrivée d’un autre véhicule imprévu par la gauche ou la droite
Demi-tour imprévu d’un véhicule lors d’une séance de dépassement.
Un petit rappel des sanctions en cas d’inattention!
J’arrive sain et sauf à la gare, il y a beaucoup de monde, des couleurs encore et encore.
Le bille ne coûte rien. 40 roupies (60 roupies= 1Euro). Je vais patienter 2h, observer les gens, sentir les odeurs,…puis le train arrive. Je comprends un peu le prix du billet, pas de place, si tu en as une, tu crèves de chaud.
Je vais donc faire mon trajet de 2h00 près d’une porte ouverte sur le vide me donnant un bon courant d’air. Il fait chaud ici, je ne suis plus à Bangalore, il fait au moins 32° avec une forte humidité (70%). L’odeur de transpiration du compartiment est très forte, il y a une armée de ventilateurs au plafond, la moitié est hors d’usage et ceux qui tournent brassent l’air chaud ambiant + l’air chaud du ventilateur. Très vite, je m’habitue à cette odeur et elle s’atténue pour laisser la place à une très forte odeur d’urine, je suis placé près des toilettes. Le courant d’air venu de l’extérieur est le bienvenu. Cette porte grand ouverte me permet de savourer le paysage tropical incroyable, palmiers, bananiers, cocotiers, il y en a partout!!!
Beaucoup d’eau aussi, nous traversons de nombreuses lagunes, c’est très beau.
J’arrive à Kannur, Christophe est là qui m’attend, nous allons prendre un nouveau bus pour aller à leur appartement. Kannur est en bord de mer (mer d’Arabie), c’est une ville peu touristique et apparemment, il y fait bon vivre. Nous faisons une marche nocturne près de l’océan qui chante auprès de nous.
Demain, il fera jour, je découvrirai tout cela.
Samedi 25 Janvier
Très bonne nuit malgré la chaleur, j’ai très bien dormi et je sens que je suis en décompression, beaucoup de choses à faire avant de partir, beaucoup de choses à Bangalore, du coup, je dors, je dors,….
Après un bon chaï, je pars me balader avec Deepali et Neel (leur petit) au bord de la mer, la plage est immense, il n’y a quasiment personne et je fais le plein de soleil et d’énergie maritime, superbe.
Petite ballade dans le quartier, ils sont là depuis 3 semaines et tout le monde les connaît, donc on discute en chemin avec les gens du quartier. Les Indiens sont très altruistes, il y a beaucoup de bonjours et de sourires et tout cela est bien doux.
Deepali est ici pour étudier l’Ayurvédisme, c’est à dire la médecine naturelle à base de plantes et surtout la bonne connaissance de l’alimentation nécessaire à chacun pour bien vivre (tu es ce que tu manges). La formation a l’air très intéressante, elle y travaille beaucoup avec d’autres personnes majoritairement non-indiens qui sont là, pour certains depuis quelques mois.
Retour à la maison, Christophe me fait découvrir le studio et près d’une des fenêtres, je vois un truc étrange, en fait, c’est une ruche qui s’est installée là, il y a des milliers d’abeilles, l’ouverture de la fenêtre est fortement déconseillée.
Petite sieste, déjeuner, re-sieste et nous partons nous balader. Le programme démarre par la visite du fort San Antonio, c’est un fort militaire construit par les portugais qui sont arrivés là les premiers avec Vasco De Gama, puis les Hollandais sont arrivés et enfin les anglais. Le fort en lui même n’a pas grand chose de passionnant mais le parc est splendide, des fleurs, des couleurs et là encore des gens avec leur sourires.
Puis, la voiture nous emmène voir la plage et il y a un truc spécial ici, c’est le drive-in beach. Tu paies le droit d’entrée et tu roules sur la plage, c’est très étrange pour moi! Il y a des voitures partout qui longent la mer, parfois on s’arrête pour faire descendre femmes et enfants et on repart.
Les gens ici ne se baignent pas, ce n’est pas dans les moeurs. Du coup, j’assiste à cet étrange balai mécanique entre océan radical et végétation luxuriante, incongru!
La ballade continue et nous voilà parti vers un temple dédié à Shiva. C’est un petit temple, on nous accueille très gentiment, les hommes doivent se mettre torse nu pour pénétrer dans le Temple! Bon, allons-y! Petit tour de quelques autels dédiés à des épouses de Shiva. On nous offre des fleurs et une préparation à base de riz sucré à déguster ce soir entre amis. Tout cela est très sympa mais je ne suis pas vraiment à l’aise. N’étant pas franchement croyant, davantage intéressé par la philosophie ou la spiritualité qu’à la religion elle-même, je me fais l’impression d’un voyeur, assez désagréable, malgré la beauté du lieu, la profondeur de la foi qui y règne et la gentillesse des gens autour de moi. J’aurai quand même pénétré un Temple Hindou.
Nous rentrons à la maison et sur la route, nous arrêtons pour un petit achat de noix de coco et de fruits. La voiture nous dépose en bord de mer et Christophe et moi allons nous baigner dans l’océan. Super baignade, l’eau est au moins à 26°. La nuit tombe, donc la chaleur est plus supportable et le soleil moins agressif. Je nage comme un fou dans les rouleaux avec Christophe, à un moment un poisson long comme un bar saute au dessus de nous.
Retour à la maison et nous repartons en ville pour un petit restaurant, j’invite les amis, super repas, une fois de plus, je commence à bien gérer ma main droite et retour à la maison. Je vais rentrer dans ma chambre qui est voisine de celle des amis et vais discuter un peu avec Roy, un des élèves de la formation. Il partage notre petit studio. Il est Israélien et est devenu routard il y a quelques années après un grand ras le bol, travail, Israël,…
Dimanche 26 Janvier
Re-bonne nuit, les batteries se rechargent. Je retourne au bord de la mer avec Christophe et Neel, la ballade est toujours aussi superbe et nous passons une petite demi heure sur la plage à jouer avec les coquillages et des crabes qui sont super drôles ici. L’après-midi sera consacrée au travail, je révise ce que j’ai reçu de Ravi et en fin d’après midi, petite ballade dans le quartier. Dès que nous croisons des gens, nous avons droit à des sourires et des bonjours, le fait d’avoir Neel avec nous crée des liens immédiats. Nous sommes mêmes invités par une famille qui termine un mariage, on nous offre bananes et jus de fruits. Nous terminons la ballade par une baignade toujours aussi agréable, une petite soirée tranquille.
Lundi 27 Janvier
Re ballade ce matin avec Christophe et Neel, je profite de mes dernières ballades dans la nature avant le retour en milieu urbain. Puis nous irons dans l’après midi dans un temple pour assister à un Teyum (ou quelque chose dans le genre). C’est un rituel Carnatic de transe. Une personne est « possédée » par un des Dieux du panthéon Hindou et il danse fait des incantations et finit par une consultation individuelle des fidèles qui le désirent.
ça démarre en trombe avec 6 tambours, 2 hautbois en métal (type bombarde) qu’on appelle ici nagashwaraw et un sourdeau. Dans une acoustique de temple, woaw! C’est super fort. Je me concentre sur la musique n’y entendant pas grand chose au rituel. Les mouvements rythmiques sont hyper écrits et les conventions très subtiles, tout s’enchaine, entre musique et rituel d’une manière très fluide malgré les violentes ruptures parfois des percussions. Je fais une bonne prise de son pour réécouter cela à oreille reposée ultérieurement.
Puis Deepali nous propose un ballade en bateau sur fleuve, allons-y. Chouette ballade dans une nature vraiment incroyable, Il y en a partout, cocotiers, bananiers, manguiers, amandiers,…
Nous croisons quelques pêcheuses qui sont à la quête de moules.
L’eau du fleuve est en contact avec l’océan et du coup, il y a beaucoup de moules ici qui sont vendues à bon prix.
Retour au studio, je prépare mes valises, un dernier petit restaurant avec les amis et me voilà parti vers Bangalore dans le train de nuit.
L’ambiance est très bonne dans le train, tout le monde se salue, je vais dormir en pointillé mais au final la nuit sera bonne.
Mardi 28 Janvier
Je me réveille dans une gare où nous allons rester longtemps, j’observe les gens et le paysage et je vois que je suis bien sorti du Kerala.
Le paysage n’est plus le même, on avance, on avance et nous arrivons dans les environs de Bangalore. La carte postale se modifie buildings, bidonvilles,..
L’explosion de la ville et du modèle urbain ne peut cacher la misère et les exclus. Derrière les façades brillantes, la misère est toujours là. l’explosion économique de l’Inde ne profite pas, là aussi, à tous et les exclus s’accumulent autour des villes. Mon train reste 1h00 à l’arrêt loin de la gare et j’arrive très en retard à Bangalore. Du coup, après 14h00 à ne rien faire et la distance est de 312 kms, je suis en pleine bourre!! Je tope un taxi et retourne à l’hôtel et c’est très long à cause des embouteillages! J’arrive enfin à l’hôtel et j’apprends que ma piaule a été louée!!! Oulala, On trouve une solution de dépannage et l’hôtel m’assure que je serai logé sans soucis jusqu’à la fin de mon séjour. je prends une rapide douche dans une chambre avant de déménager dans une autre et reprends le taxi car nous avons rendez-vous avec Ravi à l’Alliance Française. J’arrive avec une heure de retard et les gens de l’Alliance n’ont que 15mn à nous consacrer, ce premier contact est très bien et nous allons nous revoir avant mon départ. Puis je dois faire une interview avec Allan un journaliste pour annoncer le concert du 1/02. Rapide interview très sympa puis retour à l’hôtel.
J’ai cherché un peu d’info aujourd’hui sur l’Inde, je suis allé dans google et j’ai fait « Inde » puis « Actualités » et là, 6 pages autour de la visite de Valérie en Inde suite à ses déboires avec François!!!!!! Navrant, archi navrant, la règle de la quantité et de l’intérêt déterminée selon google! Beurk!
Petit dîner à base de cuisine d’Inde du Sud et petite marche tranquille dans le quartier avant de retourner à ma piaule pour quelques mails et une petite discussion Skype avec Pierre Scheidt. Demain, on se remet au travail donc une bonne nuit s’impose.
J’ai découvert aujourd’hui l’oeuvre du poète et écrivain Rabindranath Tagore. cet homme exceptionnel, après une grande carrière d’écrivain (prix Nobel de Littérature en 1913) s’est beaucoup investi dans les problèmes d’enseignement, il a milité pour que celui-ci mette en avant la créativité au service de l’amélioration des conditions de vie des êtres humains. L’enseignement scientifique devait être associé au savoir philosophique et spirituel, et l’éducation devait permettre à chacun le plein épanouissement tout en lui enseignant un moyen de gagner sa vie. Il souhaitait également une fréquentation internationale des universités, la connaissance des autres cultures et leur contact étant le meilleur moyen de lutter contre la nationalisme qu’il considérait comme une grande source de conflits, la classe!
Mercredi 29 janvier
ça se précise, aujourd’hui nous avons répété avec les autres musiciens, Arun Kumar (Batterie), Aman Mahajan (piano, mélodica) et Prakash Kn (basse). Ce sont de très bons musiciens (et de beaux bébés) qui comprennent très vite les morceaux et apportent des couleurs. Nous allons passer en revue 2 morceaux qu’ils vont encore complexifier davantage!! Woaw! Quelle éducation musicale chez ces musiciens!! Une petite pause déjeuner dans une cantine près de l’hôtel, parce que nous répétons dans ma chambre! C’est un peu sonore mais la direction ne dit rien, tout va bien, ça déglingue comme il faut!!
Nous allons donc déjeuner, repas à base d’Idli,
Ces gâteaux sont généralement d’un diamètre de 5 à 7 cm, et sont préparés en cuisant à la vapeur une pâte composée d’un mélange d’urad (lentilles noires) écossées et fermentées, et de riz. Le processus de fermentation casse les amidons de manière qu’ils soient plus facile à métaboliser par le corps.
Mangé la plupart du temps au petit déjeuner, ou en tant que snack, les idli sont habituellement servis par deux avec du chutney, du sanbar, ou d’autres accompagnements. Les mélanges d’épices séchées écrasées, tels que le milagai podi, sont les condiments préférés pour accompagner les idli que l’on mange en chemin. Par ailleurs, les idli sont considérés par certains comme un des dix aliments les plus sains au monde du fait des ingrédients dont ils sont faits.
Retour à la répétition et petite pause à 16h00 car à 17h00 je vais voir un concert de Zakir Hussain, le grand maître du table hindoustani qui joue à Bangalore ce soir. J’arrive à une très belle salle de concert, un peu vieillotte mais très poétique.
Il y a beaucoup de monde et le public est en tenue de soirée. La salle sera pleine et le concert fabuleux. Il y a ce soir Jayanthi Kumaresh (Veena) et Zakir hussain (tablas) pour ce qui ne connaissent pas Zakir Hussain, c’est un des plus grand percussionniste du monde, il est Trésor National Vivant en Inde. Il a derrière lui une carrière incroyable à jouer avec des musiciens extraordinaires du monde entier. Pour info:
Je sors sur un nuage de toute la qualité que j’ai reçu! Poésie, violence, humour, tendresse, imagination, connaissance, nuances,… il y a tout ce soir. Un concert de plus de 2 heures à 2. Une salle survoltée! Standing ovation, voir ce musicien en Inde est très émouvant. Dieu du rythme, il maîtrise tout, il garde gentillesse en coulisse avec tous ses admirateurs malgré l’énergie dépensée par ce concert incroyable. Il a 62 ans, il en fait 40. La classe!!
Ensuite, je retrouve Ravi qui me cherche dans les coulisses, il est avec Zakir Hussain et plein d’autres musiciens de Bangalore, l’ambiance est très drôle, je sers des mains à plein de gens qui me disent qu’ils seront au concert de samedi….la pression monte.
Retour tranquille à l’hôtel, les amis sont un peu mitigés, ils me disent que c’est superbe d’avoir une salle pleine pour un Trésor National mais sinon, les gens sortent très peu aux concerts. Bollywood balaie tout ici avec ses stars télévisuelles, les vedettes des comédies Indiennes sont de tous les journaux, de toutes les publicités et de tous les évènements publics, donc, peu de place pour de nouveaux Ravi Shankar, Chaurasia et autres Zakir Hussain alors qu’ils sont là, il y a des musiciens époustouflants partout ici.Allez, au lit! Demain on répète dès 8 heures!!
Jeudi 30 Janvier
Les amis sont là dès 8h00 mais ils n’ont pas pris leur petit déjeuner, je vais donc accompagner dans une petite gargote Aman Mahajan (claviers) et Prakash Kn (basse). Nous retournons dans ma chambre où nous ne tarderons pas à être rejoints par Ravi et Aroun Kumar (Batterie). Nous allons travailler intensément toute la matinée car Aman doit nous quitter vers 12h30. Donc, ça bosse, les musiciens sont vraiment à notre service et demandent à être dirigés par leurs intrigants leaders. Ils n’osent pas prendre d’initiative de peur de faire une faute de goût! C’est très drôle. A un moment, Ravi propose un final sur un morceau en demandant quelque chose de très rythmique, là le batteur propose une ligne rythmique et cela devient fou!!! Les autres comprennent tout à la seconde et ça jour monstrueux!! En fait, Aroun, c’est au moins le cousin de Trilok Gurtu, mesures asymétriques, changement de rythmes,.. tout y passe et en même temps, ça groove! mais ça groove!! Bref, tout ira très vite et j’ai intérêt de réviser car j’ai plein de choses à emmagasiner!
Nous allons déjeuner dans notre petite cantine et l’après-midi sera consacrée à une petite discussion avec Ravi sur l’avenir de l’aventure, une séance photo pour le Hindu Newspaper qui prépare un article sur le concert de samedi.
Ensuite, j’irai faire quelques courses et je reviens travailler dans ma chambre, j’ai un solo à faire et j’ai envie de glisser des prises de son que j’ai fait ici via Logelloop dans le cadre de ce solo.
Dîner tranquille, la découverte continue, je déguste ce soir du Sihi Kootu (curry de citrouille délicieux) accompagné par un neer dosa (une crêpe à base de pate de riz). Hier, j’avais goûté du Yennegai (Aubergines farcies de massala moulu superficiellement et passées à la friture, avant de mijoter avec du gingembre, de l’ail, de l’oignon et de la coco rapée sans oublier la coriandre fraîche avec laquelle je viens de me réconcilier).
Me voilà plein d’idée de plats à préparer à mon retour.
Vendredi 31 Janvier
Ce matin, nous avons un nouveau rendez-vous avec les gens de l’Alliance Française, Ravi passe me prendre et nous allons tranquillement là bas.
Très bon rendez-vous, très gentil accueil de l’équipe. Puis nous filons manger un petit Taco-truc ou Taco-Machin, sorte de fast food mexicain près du lieu ou Ravi doit répéter cet après-midi. On oubliera vite ce moment d’anti gastronomie. Ravi me laisse car il y a pas mal de magasins et il faut que je fasse un peu de shopping. En fait, je me retrouve dans un grand centre commercial très occidental, il y a même une marque connue chez nous et je ne trouve pas grand chose, je pense que je préfère aller me perdre dans un petit magasin. Mais, je comprends d’où viennent les chemises à carreaux et les polos à rayures, j’ai trouvé la source!!!
Puis, je retrouve Ravi à sa répé, en fait, il doit jouer demain après-midi dans un gros festival et c’est avec un groupe de rock. Basse, batterie, chant, guitare électrique. Mais ça joue super! Les compositions sont très originales, avec là aussi, des options rythmiques assez incroyables. Très belle musique, je me régale.
De là, nous rentrons à l’hôtel en « auto », c’est le nom qu’ils donnent aux Rickshaws ici, ces petits véhicules jaune et vert. en fait, c’est un gros scooter aménagé.
La ballade est super, car, avec un véhicule comme celui-ci, tu as l’option slaloms dans ta conduite. Je me marre beaucoup.
Retour à l’hôtel, ce soir c’est buffet! Je rattrape la baisse de niveau de ce midi!
Samedi 1 Février
Ce matin, travail dans la chambre, à 14h00 on passe me prendre! Le taxi passe attraper Prakash, le bassiste, qui ne prend pas sa voiture car i file après le concert prendre le bus pour rouler 12h et faire un concert demain près de Goa. Nous arrivons à la salle « Windmills Craftworks » qui est située dans un quartier archi moderne.
Le Bangalore de l’informatique et des entreprises est ici. Il y a énormément d’entreprises qui fabriquent des Softwares qui se sont installées ici, techniques de pointes, ingénierie de la matière grise,… tout cela conduit à des hauts salaires. Nous sommes bien loin de la misère que je croise quotidiennement. Tout ici est clinquant et rutilant.
Aman, le clavier, nous rejoint vite et nous prenons un petit casse-croute (pommes de terre aux épices et au miel, le tout avec des graines de sésame).
Puis, Arun, le batteur et ensuite arrive Ravi qui nous rejoint, il a déjà fait un concert!!
Tout va bien, l’ambiance est bonne. L’ingénieur du son est super et la balance ira vite. Nous nous refaisons le programme et quelques morceaux et essayons de garder de l’énergie pour le concert. Tout va aller très vite ensuite, le public arrive, nous montons sur scène et le concert va durer plus de 2h00 avec des moments d’improvisation époustouflants. Notre programme se passera bien, quelques moments de fragilité liés à la jeunesse de l’ensemble mais l’écoute et la générosité compensent ces petits soucis. Après le concert, pas mal de gens viennent nous voir et il semble qu’un retour à Bangalore en 2015 se précise. Nous dînons avec les amis et sans Prakash qui a déjà filé prendre son bus. Ravi me dépose à l’hôtel, c’était émouvant ce soir, il y avait son épouse, ses deux enfants et sa belle mère. Tout le monde avait l’air ravi de la soirée. J’ai surpris l’ainée, elle m’avait chanté une chanson il y a quelques jours et je l’avais enregistré. J’ai fait un morceau ce soir avec des prises de son de la gare de Kannur, du train, un taxi avec Arun et Ravi et j’ai terminé en glissant la voix de la petite. C’était très drôle. Voilà dodo ce soir. Demain repos et lundi et mardi on retourne en studio.
Dimanche 2 Février
Repos, comme prévu, je vais me balader, fais un peu de shopping, rien d’exaltant, on recharge les batteries tranquille! La ballade dans un quartier que je commence à connaître me fait voir des choses que je n’avais pris le temps de voir avant, happé par le travail. La misère, les pauvres, mendiants,..voire mourants sont partout. Côtoyant les voitures neuves, les centres commerciaux et l’opulence de la cité technologique, les miséreux sont omniprésents, dans la poussière et les rues sales, remplis de papiers plastiques. Ils survivent.
Malgré le travail fourni depuis quasi 1950 par le gouvernement, les vieilles pratiques demeurent et les intouchables au mauvais Karma indiffèrent tout le monde. Petite pause dans ma chambre et ensuite je vais faire quelques courses avec Ravi, nous allons dans une supérette étrange, c’est tout petit mais c’est sur 4 niveaux auxquels on accède par un tout petit escalier. Je ne l’aurai jamais trouvé tout seul. Dans le rayon alimentaire, un employé bouge un carton à un moment qui a du déranger le rat qui avait ses quartiers ici et il déboule entre moi et Ravi à toute vitesse avant de trouver une nouvelle planque entre d’autres cartons.
Lundi 3 Février
J’attends Ravi tranquillement devant l’hôtel et j’observe le chantier en face, Bangalore se développe très rapidement et c’est un chantier de construction permanente. Entre 2 nouveaux bâtiments, il y a un petit bidonville dont les habitants devront sûrement déménager un jour pour aller, je ne sais ou, mais sûrement en périphérie pour laisser place nette à l’argent, à l’apparence et à la consommation..
Ravi arrive et nous voilà parti en studio.
Le studio est très sympa, je retrouve l’exigence de Ravi quine fait pas de compromis sur la prise de son, il y a là tout ce qu’il faut en micros et préamplis et l’ingénieur du son me semble très compétent.
La matinée sera assez lente, je suis un peu barbouillé, j’ai un peu appuyé sur la craie du piment vert hier soir et voilà le premier mal de ventre du séjour. Pas malin!!! Du coup, je rame un peu. L’après-midi sera plus efficace, 7 morceaux en boîte en duo, demain, il reste un morceau, de l’édition et quelques retouches. Je vais tâcher de bien dormir pour être un peu plus efficace demain. Pendant les pauses que nous prenons sur une terrasse, je me rends compte que, depuis que je suis ici, ou que tu sois, tu as toujours dans ton champ de vision un immeuble en construction.
Dîner chez Ravi ce soir. Je suis attendu et vais dîner avec l’épouse de Ravi (Sharmila) et ses deux enfants, l’ainée Anindita et la petite Arpita , la belle mère qui a préparé le dîner sans doute, regarde maintenant la tv. La différence culturelle est là, en permanence, me ramenant à la réalité. Pas de jugements de l’autre sans jugement de soi au préalable.
Mardi 4 Février
Je vais mieux, après une bonne nuit. Bien longue et nécessaire, prêt à affronter la journée. Je fais mes adieux à l’hôtel, je me suis fait plein d’amis dans le personnel depuis que je suis ici et que je suis poli!! Tout le monde a l’air de souhaiter que je revienne. Nous retournons au studio. Nous sommes plus efficaces (surtout moi, Ravi est d’une constance impressionnante), Nous enregistrons un nouveau morceau et passerons le reste de la journée à écouter les prises, corriger, copier, coller, changer les structures, voilà une nouvelle méthode de travail pour moi. Ravi est super affuté dans la discipline, en plus d’être un musicien extraordinaire, c’est un vieux briscard de studio. Il y a quelques années il travaillait beaucoup à ce qu’il dénomine la musique commerciale, il a fait des heures et des heures de studio, du coup, tout est possible. L’ingénieur du son, Chethan, est quant à lui un champion de l’édition, donc, ça va à 100 à l’heure. Pendant la séance, un jeune homme arrive et c’est ma livraison de cd et dvds, j’avais demandé à Ravi une sélection de disques et de films de qualité pour améliorer ma culture de l’Inde. Voilà quelques cd, tout est en MP3 avec des superbes pochettes. Incroyables. C’est une très belle sélection de musique et 4 films cultes pour parfaire ma culture. Ravi a pensé à tout et tout géré. Super!
Nous allons ensuite déjeuner, Ravi nous choisit un restaurant spécialisé dans les Dosa, les crêpes d’Inde du Sud. Tu reçois ta crêpe (fourrée ou pas) avec des petites sauces allant de la noix de coco au chutney plus relevé. Chetan prend une dosa au piment,
je reçois une dosa aux oignons
et Ravi une dosa fourrée aux pommes de terre épicées.
Ensuite, arrive la Family dosa!!!
J’éclate de rire et demande à Ravi s’il veut me tuer!!!!! Incroyable, celle dosa géante à plutôt un goût de crèpes de chez nous mais les sauces dans lesquelles nous trempons nos morceaux de dosa sont succulentes. Petit café, dernière ballade dans les rues étroites de Bangalore et
retour au studio. On continue l’édition, on structure, je refais un solo, Ravi rajoute des mises en place, j’ai du travail à faire à mon retour.
La maitrise du click de Ravi et de son compère est phénoménale. Il s’amuse en permanence avec la pulsation, la mesure, les temps forts, les contretemps, tout y passe en douceur comme une évidence.
J’apprends à travailler en studio.
Les morceaux se structurent, l’idée est d’inviter quelques amis à enregistrer des pistes sur ce travail et nous prendrons bien le temps avant de finaliser l’orchestre que nous voulons subtil et original. Voilà, la journée va passer très vite. ensuite, les derniers……dernière ballade en T shirt, dernier Rickshaw, derniers embouteillages, dernier repas délicieux,… je fais ma valise, règle ma chambre. Ravi passe me saluer avant d’aller retrouver la famille. Et me voilà dans ma chambre, j’attends le taxi qui passera me prendre dans 2 heures maintenant.
Bilan à chaud, très très positif sur tous les points. De nouvelles rencontres, de nouveaux horizons, de nouvelles choses apprises et à retravailler au calme, une fois rentré au port. De nouvelles sensations,…un nouvel ami, en la personne de Ravichandra Kulur. Enorme bonhomme, tendre et doux comme le dit si bien Pierre. Merveilleux musicien, partageur, généreux, humble, sain. Bref, les accumulateurs de rêves et de poésie sont rechargés pour la fin de l’hiver breton. A moi de travailler maintenant toutes ces musiques que l’on m’a enseigné, c’est la meilleure façon de remercier toutes ces belles personnes pour la générosité dont elles ont fait preuve à mon égard.
Fin!
