21 Mars
Je reviens pour un dernier chantier en compagnie de l’ami Claude Le Diuzet au Lycée de Pommerit Jaudy. En effet, Claude part en retraite en juin prochain et il voulait terminer par un travail en ma compagnie sur une résidence de création. Quoi de plus judicieux qu »Oficina Digital »?
Nous sommes très émus tous les deux, un cycle s’achève ponctue de mille histoires poétiques, artistique, pédagogiques et un peu politiques quand même. Claude m’a permis de découvrir le Mali en 2000, s’en sont suivies de multiples aventures dont Serendou qui n’aurait sans doute jamais existé sans cette initiation africaine que j’ai pu recevoir grâce à Claude et sa binôme du Méridien Geneviève. Je vais m’installer ce matin, nous faisons le plan de mon travail cette semaine, les interventions que Claude veut me voir faire auprès de ses élèves, le sel qu’il souhaite faire ressortir auprès de ce public particulier de ce lycée agricole. Comme à chaque fois, je lui fais totalement confiance et lui dit de faire ce qu’il veut, je m’adapterai aux contraintes car je sais qu’avec Claude, tout cela fera sens.
Je parle au téléphone avec Philippe Olivier qui me fait un compte rendu de la présentation du Logelloù telle qu’il l’a vécu, je prends des notes et les rajoute aux autres notes que j’avais pris il y a 10 jours. Je vais commencer par refaire des montages vidéos, corriger quelques soucis dans mes macros, mes dosages de reverb, et je dois trouver un écran car la question n’est pas résolue.
Lors de la résidence de la semaine précédente à Trébeurden, Fred ma donné un échantillon d’un tissus blanc qu’il a récupéré suite à un mariage, je vais faire l’essai avec cet échantillon et ça marche, le résultat est très intéressant mais je n’ai pas assez de surface, je vais contacter Fred pour tenter d’en avoir davantage.
22 Mars
Retour salle Claude Le Pierres, le lieu est parfait pour ce genre de travail, je suis très tranquille ici, je vais continuer à faire tourner les morceaux, affiner les arrangements, le son, l’ordre du concert mes placements dans la salle et sur scène, mes prises de parole maintenant que je sais faire tourner les macros, j’ai la tête plus claire pour travailler sur le son et la musique.
Je vais récupérer une grosse boule de tissus que Daniel Salaun passe me déposer, j’ai mon écran, maintenant, il faut fabriquer le support. Ambiance studieuse et recueillie ponctuée par les pauses repas et cafés avec l’ami Claude. Tout le monde est impliqué et conscient que le cycle qui s’achève fût beau et riche, à nous, à présent d’en écrire d’autres.
23 Mars
Je répète studieusement ce matin, expérimente des choses, prends des directions sur certains morceaux et, en début d’après midi, je reçois un groupe d’une trentaine d’élèves. L’écoute est belle et les retours sont très touchants. En fait, ils sont un peu sonnés!! Je ne sais pas si c’est par la poésie du spectacle, la performance de mettre des flûtes partout ou tout simplement le fait que j’arrive d’une autre planète musicale que ce qu’ils peuvent écouter au quotidien et que les voilà désarçonnés.
Les questions et retours seront quand même d’une grand finesse et d’une belle poésie.
Une fois les élèves partis, je me remets au travail et vais enchainer les morceaux jusqu’au soir.
24 Mars
Ce matin, je fais quelques modifications dans mes macros suite à la répétition d’hier, je refais un petit filage et pause déjeuner. A la reprise, j’accueille un autre groupe plus nombreux pour un nouveau temps d’échange.
Je présente une partie du spectacle, radical, en commençant par de l’écoute et ensuite de l’immersion dans le son et les vidéos, le changement de comportement est très perceptible, au départ, je sentais l’agitation et le manque de concentration lié à des jeunes de cet âge mais durant la présentation, l’écoute arrive, le silence est là! Ils sont avec moi. Les questions suite à la présentation sont très ouverte, combien de temps ai-je mis à fabriquer ce spectacle? Comment fonctionne le Logelloop? Comment est la vie au Brésil?…et autres questions sur le Frevo,la composition, l’improvisation. Il y a aussi d’autres amis présents et les échanges post présentation vont nourrir mes questionnements sur ce chantier en fabrication.
Je vais retravailler des petits détails en après-midi et me préparer au concert du soir.
Ce soir, j’ai une belle salle, des élèves et quelques personnes de l’extérieur vont venir, le spectacle va se dérouler très rapidement, avec des moments forts et d’autres moins. Le travail en solo demande une concentration et une présence de tous les instants.
Je prends un temps pour parler un peu de mon histoire avec le Lycée et cette belle personne qu’est Claude Le Diuzet. Cet homme merveilleux, véritable coeur sur pattes, m’a fait découvrir le continent africain en 2000 par une aventure à Nintabougouro au Mali. Cette découverte allait véritablement changer ma vie, ma perception du monde, de la musique, mon jeu, ma culture,.. j’ai une énorme dette de « je » auprès de ce bonhomme, c’est son dernier projet « musique » en tant qu’éducateur socio-culturel au sein du Lycée, il voulait terminer avec moi. C’est une belle fin, sont là les valeurs qui nous rapprochent, exigence, recherche, proximité, respect, humanité,..
Nouveaux échanges avec le public à l’issue du spectacle et nouvelles questions et nouvelles pistes à creuser. Le prochain chantier se prépare activement. Puis vient le démontage et le rangement du lieu.
Une dernière accolade avec Claude, l’histoire entre moi, Claude et le Lycée s’arrête ce soir mais je connais mon ami et sa retraite sera bien active donc, d’autres rendez-vous différents verront le jour dans ce nouveau cycle qui va s’ouvrir à partir de juin.
Encore un grand merci à Claude pour toute cette ouverture, cette générosité, cette amour, cette pertinence et toute cette belle énergie qu’il m’a donné pendant toutes ces années.