Fifres de Garonne 2016

Samedi 18 Juin
Me voilà bien en avance cette année, L’arrivée de Ravichandra Kultur ce jour à Bordeaux me fait arriver en avance et c’est plutôt bien.

Chapeau chinois

Je le retrouve à la gare et nous nous mettons en route vers St Pierre D’Aurillac pour un dîner entre amis chez Pierre et Paulette. Tout va bien, le festival se prépare et il y a beaucoup à faire mais comme toujours, l’ambiance est décontractée et pleine d’humour.

Dimanche 19 Juin
Nous démarrons la journée par un tour au marché de Langon, l’après-midi sera dédié à la réécoute de l’album. Nous prenons des notes et commençons à réfléchir aux différentes versions des morceaux. Nous allons donner un premier concert d’une formation qui n’a jamais existé avec la moitié des musiciens qui vont découvrir cette musique. En effet, pour diverses raisons nous avons du remplacer Camilo Menjura par Philippe Bayle et inviter Prabhu Edouard à tenir les percussions. Donc, il y a du pain sur la planche.
En fin d’après-midi, je me rends au local des Fifres qui sont en réunion pour coordonner les bénévoles. Ce soir Ravi reçoit un massage avec notre hôtesse, Francine, tandis que je cuisine un mélange de légumes dans une sauce soja-gingembre. Le,dîner sera très doux et nous terminerons la soirée par une réunion intendance, la semaine va être longue.
Chez Francine

Lundi 20 Juin
Mauvaise nuit, j’ai très peu dormi, peut-être trop de choses en tête en ce moment.Mais bon, il faut y aller, nous prenons un copieux petit déjeuner et partons faire du shopping à Langon, nous achetons de quoi passer la semaine. Ravi est végétarien et il faut anticiper les questions d’intendance. Sur la route du retour, nous faisons un passage sur le site du Festival. Pierre est là, il blague comme à son habitude et Ravi commence à comprendre qu’il a affaire à un sacré personnage.
Bye Bye

Nous rentrons à notre qg pour un déjeuner à base d’Omelettes-pommes de terre et après une petite sieste , nous nous remettons au travail.

Mardi 21 Juin
Retour au travail ce matin avec Ravi, les 2 flûtes se retrouvent et nous cherchons les petites idées qui approfondissent cette étonnante rencontre. Vers midi nous aurons la visite de Michel Hilaire qui vient me voir car nous devons préparer le concert d’ouverture de la fête. Nous avons un synopsis succinct, mais il faut affiner les choses, l’ordre de passage, le contenu des interventions, les aspects techniques,…. On avance pas à pas et nous promettons de nous revoir demain. Nous reprenons le travail avec Ravi et nous passerons faire un tour pour la fête de la musique à St Macaire. Nous retrouvons les Sous-Fifres sur place et prendrons l’apéritif avec eux.
Fete de la musique

 

 

Freete de la misique2Après une petite flânerie dans la magnifique cité, nous allons dîner sur le site, les bretons arrivent progressivement, Riquet est déjà là. Le site a déjà bien changé d’allure, le Chapeau chinois est en place. Ravi observe calmement cette grouillante fourmilière.

Repas mardi

Nous commençons la journée avec une répétition avec Philippe Bayle. Camilo Menjura, le guitariste officiel de cette aventure est colombien résidant à Londres, pour de sordides histoires de démarches administratives liées à son titre de séjour en Grande Bretagne, son passeport est confisqué et il ne peut quitter le territoire britannique. Pierre Scheidt nous a conseillé de solliciter Philippe Bayle qui a accepté. je lui ai communiqué tous les morceaux il y a quelques mois et nous allons faire connaissance et travailler pour préparer le concert de dimanche. L’ambiance est bonne, Philippe est tout en douceur et en gentillesse. Il a relevé soigneusement les parties de guitare de l’album et nous allons maintenant travailler le fond des choses, les intentions rythmiques très subtiles de cette aventure. Tout se passe bien, nous sommes installés dans le bureau de Pierre Scheidt et sommes au calme pour bien avancer. Michel Hilaire passe faire sa visite quotidienne, je prends un temps avec lui pour préciser davantage les choses autour du concert de vendredi. Chaque jour, nous échangeons, voyons des interlocuteurs et des musiciens entre 2 séances et affinons l’écriture du déroulement général de ce concert d’ouverture. Nous continuons à travailler dans l’après-midi et je me rendrai sur le site du festival en soirée pour dîner et assister à une répétition des sous-fifres.

Repe mercredi

Le son de l’ensemble est superbe, il y a des nouveaux morceaux, ça sonne très très bien. Toujours fidèles au poste, l’effectif s’enrichit ce soir de la présence de Ronan Le Gourrierrec au baryton.  Le site continue son évolution, ce soir, le chapiteau est monté, le son de la répétition est impressionnant. Les structures ne sont pas encore digérées par tous les musiciens mais la direction de Francis Mounier est parfaite. Douce et ferme. Ronan essaie baryton et bombardes et son apport amène une couleur très intéressante à l’ensemble. Je pars dormir bercé par ces sons et ces rires. La pression commence à monter, je le sens.

Jeudi 23 Juin
Nous reprenons les répétitions avec Philippe Bayle. Le plus difficile dans toutes les collaborations que j’ai pu avoir, est de tomber d’accord sur la façon de penser le tempo. Tout se joue à cet endroit. On pourrait croire, que la pulsation est une donnée absolue. Il n’en est rien, chaque musicien le pense à sa façon, son corps vibre sur une certaine pulsation et s’accorder à plusieurs sur ce mouvement, sur cette vibration peut prendre du temps. Nous allons nous y employer aujourd’hui car c’est le coeur de notre rencontre. L’ambiance est bonne, Philippe ne maîtrise pas l’anglais, il me faut donc prendre le rôle de traducteur en permanence et je jongle de l’anglais au français sur des questions très précises. Depuis hier, j’ai un abcès à la gencive, j’espère que cela ne va pas durer trop longtemps, le week-end approche et je vais avoir besoin d’être en pleine forme. Pierre me dit clairement qu’il faut que j’aille voir un dentiste. Je prends donc rendez-vous et la dentiste de St Macaire va me percer l’abcès et les soins de Philippe Bayle (bicarbonate de soude-eau oxygénée) et Francine (huiles essentielles) vont peu à peu améliorer la situation.Pour l’instant, la joue gauche est gonflée et c’est un peu sensible mais j’arrive à jouer. Après une pause chez Francine, nous allons aller faire une promenade avec Ravi à Castets en Dorthe où Ravi sirotera une petite bière face au canal du midi.

Ravi Voiture

Il fait beau, le paysage est magnifique, nous observons la Garonne, le canal, les oiseaux,. et discutons passionnément de musiques, de la vie et de moult choses.

Ballade Ravi2 Ballade Ravi

Nous retournons sur le site et allons retrouver l’ami Carlos Malta qui arrive de Rio de Janeiro. Carlos est un grand ami, nous sommes très contents de nous revoir.

Avec Carlos-Marion

Un an a déjà passé depuis notre dernière rencontre qui fût fantastique, je lui montre une petite vidéo de Serendou que nous avons réalisé avec Jacques-Yves Lafontaine autour d’un morceau qu’il a composé pour les amis Yacouba et Boubacar. Ce soir arrive également Marcelo Costa. Il était au spectacle au bourg de St Pierre du magicien Gérard Naque. Il nous raconte son spectacle avec passion et amour. Nous allons dîner ensemble, discuter, rire, Marion nous propose un morceau de João Do Pife pour le final de demain …. ça y est. Le festival a déjà démarré, nous sommes réunis. L’énergie, l’amour, la communication est établie. C’est parti!

Vendred 24 Juin
Ce matin, est tranquille, j’amène Ravi sur le site, il va aller faire du shopping avec Riquet ce matin. Pendant ce temps là, je pars chez Pierre chercher du matériel pour l’ouverture ce soir. Nous avons une réunion de préparation à la conférence-concert avec Carole, Michel, Pierre et Calou., je gère comme je peux mon abcès, nous déjeunons et commençons les répétitions. Tout passe très vite, je cale la régie de la soirée, les passages de chacun, l’emplacement d’une malle sur scène où seront rangées toutes les flûtes ce soir, les balances, l’arrivée de Prabhu,une petite répétition avec Bel Air de Forro et Carlos, le final…. tout va très vite.

Carlos

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous allons dîner et préparer l’ouverture et là! La tuile, grosse averse à 20h15 sur le site. Il faut ranger les instruments en urgence, le matériel,… La pluie tombe avec violence, je me dis que la première soirée va être annulée et nous allons transformer le concert d’ouverture en une jam sous le chapeau chinois. Dommage. Nous attendons, les Sous Fifres vont jouer autour du bar, la FFI est arrivée et les boeufs commencent. ça va bien se passer. Puis Pierre vient me voir, il me dit que le compteur n’arrête pas de disjoncter sur scène et qu’il est impossible de démarrer. Pierre ne s’énerve pas, il reste d’un calme olympien, finalement vers 22h00, il nous dit que tout fonctionne et que la soirée va pouvoir démarrer. Branle bas de combat, tout le monde se remobilise et se met en place, la scène est encore mouillée mais on y va. Démarrage Michel Hilaire, puis Marion vient présenter le fifre avec le couple traditionnel fifre-tambour avec l’appui de Yoann Scheidt solide sur sa caisse claire. Marion invite aussi Ronan Le Gourrierec pour un étonnant et efficace duo fifre/baryton. S’en suivra Wilfried, Brune et Ismaël pour une formation travers, flûte à bec alto et flûte à bec basse. Ce poétique trio propage sa douce musique éloignant la pluie mais attirant une escouade de clarinettiste bretons arrivant par surprise sur le site. Intention louable mais mal à propos et Yoann Scheidt se précipitera pour leur demander de différer leur poétique générosité à plus tard. Puis je dois faire un solo sur la flûtes en bois. Difficile exercice, la fllûte est dans la malle, froide, je suis plus dans la régie que dans la musique, bon, je classe l’affaire rapidement, présente la Fujara

Fujara

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

et laisse la scène à Virginie Magimel qui vient présenter la flûte Bohem at une belle interprétation de Syrinx,  à Prabhu Edouard (Kanjira) et Ravichandra Kulur (Bansuri) pour un fantastique duo autour des musiques carnatiques. Tout va aller très vite et après une petite revue des rythmes du Nordeste par Carlos Malta (Pifano) et Marcelo Costa (Pandeiro), tout le monde se retrouve sur un standard de João Do Pife que Marion nous a joué la veille. Tout va bien. Les Sous-Fifres enchainent et entraînent tout le monde en bord de Garonne pour le feu d’artifice magnifique et ensuite place à Bel Air de Forro qui vont dynamiser la scène. Nous irons les rejoindre à 2/3 reprises avec Carlos Malta et le bal s’achèvera super bien. Voilà une première soirée un peu aménagée du fait des conditions climatiques mais tout s’est finalement bien passé. Je quitte le site en entendant le son du fifre, j’apprendrai le lendemain qu’un duo de baryton sauvage a tenu le public éveillé bien tard.

Samedi 25 Juin
Ce matin et pour une partie de la journée, je vais être concentré sur une répétition de Magic Flûtes. Nous nous installons chez Pierre et Paulette et allons travailler sérieusement et sereinement avec Prabhu, Ravi et Philippe durant la journée. Il y a une douce énergie mélangée à une rigueur incroyable.  Carlos vient nous rendre visite, il s’est réveillé au son de la répétition et nous rejoint tout en sourire.

Magic Flutesok

Nous allons en profiter pour lui proposer une de mes compositions figurant au répertoire du concert du quartet. Tout va bien, tout le monde est présent et joue le jeu. La journée passera rapidement. Nous allons retravailler un peu avec Carlos en fin de journée avant d’aller sur le site. Tout va bien, le soleil est au rendez-vous, les Sous Fifres jouent, je vais faire quelques notes avec eux avant d’aller au banquet de l’Alose (La Lamproie)
Banquet de l'aloze

, nous dînerons entre amis et deviserons tranquillement au son des treujenn gaol du Centre Bretagne.
FFI

Ce sera l’occasion d’expliquer aux amis où ils sont. Francis Lacroix nous rejoint et explique à Prabhu ce que sont les GAVESS (Garonnais Avertis pour une Vallée Epicurienne et Solidaire). L’ensemble fait sens, cette dimension où exigence artistique, volonté de provoquer des rencontres, gastronomie locale, vie au pays, valeurs et éthique, simple, profond, raffiné, exigeant, sans concession sur l’humain, la qualité, le politique qu’il soit local ou universel. Le message passe et les amis musiciens comprennent où ils sont, au royaume de ‘Utopie.
Nous allons écouter la musique du bal et j’en profiterai pour danser quelques valses et scottishes.
Bal

Le parquet est plein, les gens dansent, les sourires d’échangent, la convivialité est vraiment là. Autour d’un ensemble acoustique efficace, les gens dansent,main dans la main, vieux, jeunes, rencontre des générations, des classes sociales, … Nous sommes au coeur d’un enjeu de société primordial et essentiel. L’indice de bonheur brut est là! Palpable, cohérent, réel!!!
Arrive Little Big Noz autour de Ronan Le Gourierrec, Francis Mounier et Guillaume Schmidt. Un groove magnifique autour de la danse.  L’ensemble est super cohérent et jubilatoire, le parquet ne s’y trompe pas et les danseurs tournent sur cette belle musique chaude, pétillante, pleine de fantaisie. Bravo les amis!!!
Puis Aloze del Fuego, le poisson métallique bardé de pétards danse au sein du public et amène les festivaliers en bords de Garonne pour un feu qui sera ce soir magnifique.

Del Fuegook

Cette nouvelle équipe d’artificiers fait un travail remarquable, le feu est créatif, impressionnant, poétique,… Je me régale et me dis que ce festival sans les feux, ne serait pas le même. Chapeau bas à cette belle équipe de jeunes fous créatifs et explosifs.
Je vais rester un peu au bal mais il faut aller dormir la journée de demain sera longue.

Dimanche 26 Juin
Ce matin, on se lève tôt, nous préparons les balances tandis qu’au loin sonne la répétition de la grande Ripataoulère qui jouera durant l’après-midi.
Ripataoulere

Tout va bien, le tandem au son composé de Fabien et Vincent est parfait.

Balance

Nous nous installons, essayons quelques morceaux et cédons la place à Carlos Malta qui propose tout à l’heure une formule inédite avec Francis Mounier (Baryton) et Yoann Scheidt (batterie). L’inauguration de la fête démarre. Comme chaque année, on inaugure le festival le dernier jour ici. Les discours se succèdent, Sous Fifres, Les Gavess, le maire Stéphane Denoyelle que je ne résiste pas à publier ici:

 » Madame la députée,Mesdames, Messieurs les conseillers départementaux,Mesdames messieurs les maires et élus,Mesdames messieurs,Je suis très heureux de vous accueillir à Saint Pierre d’Aurillac pour cette inauguration …le dernier jour…du 26ème festival des Fifres de Garonne.Cette année je dois vous avouer que j’ai longtemps hésité à vous faire un discours, je ne voulais pas que certains d’entre vous se disent « il va encore en profiter pour faire de la politique, il n’a qu’a parler du festival ça suffit ! ». Ils ont parfaitement raison et cette année j’ai donc décidé de ne vous parler que du festival sans le discours idéologique écolo coco du maire du village d’irréductibles gaulois/gascons qui a fait peur à nos amis de l’autre côté du fleuve et qui pourrait effrayer nos nouveaux partenaires.Car en fait ce festival, comme Saint Pierre d’Aurillac, est parfaitement adapté aux réalités de notre temps.En effet à l’image de notre Président et du gouvernement nous avons nous aussi fait notre coming out libéral et intégré …enfin…les contraintes de notre époque.Moderne, compétitif, mondialisé, flexible, performant et enfin rentable sont autant de qualificatifs que l’on peut sans aucun doute attribuer à notre festival.La saine émulation compétitive généralisée entre le comité des fêtes, les sous fifres, les garonnais avertis pour une vallée épicurienne et solidaire, les viticulteurs, l’association vacances loisirs permet à ce festival de toujours viser l’excellence et la performance.Sans demander plus d’argent public, le festival a su chercher des partenaires privés, développer son actionnariat, et même , grâce à un accord gagnant gagnant, au plus près du terrain sur le temps de travail et les rémunérations … obtenir des dizaines de collaborateurs du festival qu’ils travaillent 35 heures …en deux jours… gratuitement … bénévolement.Avouez qu’en ces temps de grogne généralisée c’est une performance remarquable qui va, je n’en doute pas intéresser particulièrement notre jeune ministre du travail.Notre festival est aussi pleinement dans la mondialisation puisqu’il accueille …des bretons…des berrichons et même des brésiliens. Un festival ouvert sur le marché mondial puisque vous pouvez y acheter de l’huile d’olive, de la pâtisserie et de l’artisanat palestinien sur les stands des associations France Palestine et Solidarité Al Qarara.Notre festival a même décidé cette année de s’intéresser à la monnaie en créant le souf …la seule monnaie dans le monde a être indexée sur le cours de la bière artisanale !Enfin c’est un festival rentable car une récente étude du centre international des statistiques économiques de la vie rurale et vicinale garonnaise a indiqué que le festival des fifres de Garonne avait contribué de manière décisive à inverser la courbe du désespoir et de la sinistrose et provoqué un sursaut historique de l’indice du bonheur national brut.Donc vous le voyez nos voisins avaient tort de craindre notre singularité, nous sommes parfaitement assimilés à notre environnement et avons renoncé à toute idéologie…ou presque.Par contre, modestement mais avec détermination, nous allons continuer à essayer le temps d’un festival et tout au long de l’année de partager avec tous ceux qui le souhaiteront notre exigence de placer l’humain au centre de nos actions.En attendant je vous invite au nom de la municipalité de Saint Pierre d’Aurillac à lever le verre de l’amitié et de la fraternité et, qui sait, le vin aidant, nous pourrons, ensemble, refaire le monde. »

Voilà, le ton est donné, en fait non, les discours du dimanche ne font que mettre du sens dans des actes réalisés depuis le début de la fête, dès le montage et tout au long des arrivées des uns et des autres et durant ces 3 jours de musiques et de fêtes. Ces temps de verbalisation importants mettent en valeur l’implication de chacun dans cette merveilleuse fête. Les valeurs avec un grand V, humilité, générosité, partage humour, exigence, convivialité, profondeur, éthique au tac,…
Nous rentrons déjeuner chez Francine pour nous retrouver tous les quatre avant ce premier concert. Tout va bien, mon abcès s’est résorbé grâce aux remèdes de Philippe Bayle à base d’eau oxygénée et de bicarbonate de soude. Retour sur le site durant le concert du trio de François Lazarevich, je vais me poser près de la régie pour déguster cette douce musique, subtile et précise. Le phrasé de François Lazarevich est très précis, le son du trio est très beau. On sent qu’ils ne sont pas habitués à se produire dans ce genre de fête mais je suis très heureux d’entendre cette belle proposition ici. Signe d’un respect magnifique de l’organisation envers le public, on sert aux gens ici de l’orfèvrerie, on les respecte, on les secoue parfois mais tout cela se fait avec un respect magnifique. Le trio termine son très beau concert et nous allons nous installer sur scène pendant qu’au loin la Ripataoulère démarre.

Ripataoulere2

Il y a beaucoup de musiciens dans cette affaire et le son que j’entends est très beau. Le groove est installé, le trombonne de Mathieu résonne sur le site, chaud, vibrant, pétillant.
Mathieu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout va bien, le fifre vibre ici aujourd’hui.

Delphine

Piccolo
 

 

 

Nous allons démarrer le concert, l’écoute est là, nous sommes un peu fébriles, c’est le premier concert de cette aventure à l’histoire improbable. Nous ouvrons grand les oreilles et le dialogue s’installe, les coups d’oeil sont nécessaires, quelques signes pour recaler l’ensemble dans les moments de doute. Le concert passera très vite. La proposition semble fédérer le public, nous aurons droit à une standing ovation à la fin du concert. Il faut laisser la place à Carlos Malta. L’ami Carlos démarre dans le public par un solo de flûte basse que je connais bien mais qui est toujours magique. Puis le power trio se met en place avec Francis et Yoann sur un répertoire d’Hermeto Pascoal. Je connais Carlos depuis 6 ans maintenant mais c’est la première fois que je l’entends sur ce répertoire, magnifique, la grande classe. Carlos invitera ensuite Philippe Bayle puis Mathieu, Ravi, Prabhu et moi sur une composition à lui sur 7 temps. ça partage, ça écoute, ça joue, .. tout le monde a le sourire. Nous terminerons par un hommage à João Do Pife avant que les Sous Fifres ne reprennent possession du chapeau chinois.

Selfie

Je vais partager quelques notes avec eux avant d’aller retrouver les amis pour dîner tranquillement avant de nous séparer. Un petit tour au Café D’Oc pour gouter un peu de prune et de poire et Prabhu, Ravi et Philippe nous laissent. Je vais retrouver Carlos sous le chapeau chinois pour une jam d’anthologie avec Tots, quartet chant-guitare-batterie-contrebasse qui envoie du rock’n roll comme je n’en ai pas entendu depuis bien longtemps. La suite…… lâchage de pression total, je vais improviser avec Carlos sur ce rock’n roll incroyable à l’énergie époustouflante et plein de fantaisie. Superbe groupe, une vraie révélation pour moi, avec des musiciens merveilleux, pétillants, plein d’énergie, je me régale jusqu’à plus soif et la soirée va durer longtemps, longtemps.

Lundi 27 Juin
Petite gueule de bois ce matin, je dois me lever tôt pour accompagner Prabhu à la gare. Francine me sort du lit heureusement, j’ai fini très très tard ma nuit. Tout va bien, nous sommes à l’heure à la gare de Langon, Prabhu est très content de cette expérience nouvelle et nous promettons de nous revoir bientôt. Retour chez Francine, je vais ensuite envoyer Ravichandra à l’aéroport. Nous discutons durant le trajet de tout ce qui s’est passé autour de ce concert et de la façon dont nous tentons de nous projeter dans l’avenir. La relation est solide, le respect est là et ce n’est pas sans émotion que je le salue avant qu’il ne s’envole vers la Suisse où il doit réaliser un enregistrement. Je rentre sur le site du festival, les amis sont là, le démontage a commencé, cela va très vite. Mais comme à chaque fois, on prend le temps de l’apéritif, de déjeuner tranquillement, les rires fusent autour de moi, l’ambiance est très bonne et cette belle équipe est vraiment merveilleuse d’implication, d’énergie, d’humour. Je vais me poser avec Carlos pendant l’après-midi Je vais en profiter pour lui faire écouter des extraits du prochain album de Serendou sur lequel il participe à 2 morceaux. Ces 2 morceaux ont été enregistrés en 2 temps, une fois à Rio de Janeiro avec Carlos, Bernardo Aguiar et moi, puis une reprise en Bretagne avec Yacouba et Boubacar, le tout monté et mixé par l’ami de toujours, Jacques-Yves Lafontaine. Carlos est très ému, il trouve le résultat très beau et espère nous voir revenir au Brésil avec le trio.
Nous retrouverons tout le monde le soir pour la tracto-parade. Autre temps fort essentiel pour moi dans cette fête. Tout le monde s’installe dans un camion qui nous amène au centre du village.

Retraite2

Nous retrouvons des dizaine d’enfants avec leur parents autour de l’église où les Fifres vont les faire danser jusqu’à la tombée de la nuit. Puis, des lampions sont allumés et un cortège se crée pour déambuler dans les rues de Saint Pierre D’Aurillac au son des fifres, cuivres et tambours.

Flambeaux
retraite

Une fois sur le site, un spectacle de danse et de jongleurs est offerts aux « Drôles » (c’est comme cela que l’on appelle les enfants ici avant l’ultime feu d’artifice là encore, magnifique de créativité, de poésie et de rigueur. Le respect du public jusqu’au bout. Puis, le bal démarre et l’équipe va se lâcher autour des madisons et autres chenilles. Je dois quitter la fête pour des histoires personnelles à régler et laisse les amis clore leur festival dans la joie, l’humour et le 3ème degré qui leur va si bien.

Mardi 28 Juin

La journée va passer très vite, Je vais passer faire un coucou sur le site aux amis toujours au travail sur le démontage et saluer cette merveilleuse équipe de bénévoles.
Démontage

Je passerai une après-midi tranquille avec Carlos et Pierre avant un petit dîner en petit comité face à cette belle Garonne.

Voilà, maintenant il faut digérer beaucoup d’émotions, il s’est passé tellement de choses durant cette dizaine. Beaucoup d’émotions, d’amour, d’humour, de doutes, de questions, de rires, de musiques, de paroles, de larmes aussi… Une fois encore l’intégrité, le dévouement et l’amour des gens mobilisés autour de cet évènement m’émeut beaucoup. «  Saint Pierre d’Aurelax, Royaume de l’utopie!! » comme le dit si bien Carlos porte bien son nom. Cette bulle d’humanité essentielle et nécéssaire nous charge tous pour une longue période, Nous sommes prêts à revenir dans le « vrai monde », chargé de valeurs de partage, d’humanité, d’empathie dans ce monde qui dérive dangereusement. Gardons conscience de la force du collectif, un seul doigt ne peut tenir le caillou dit le proverbe Malien. Plusieurs mains peuvent créer du rêve et du bonheur nous montrent les gens de St Pierre D’Aurillac. Fête de la découverte, fête de l’altérité, fête de la mixité, fête du partage, fête des valeurs locales, fête de la danse, fête de l’écoute… il y a tout cela ici le temps d’un week-end nous prouvant que tout est possible si l’on s’en donne la peine. Un grand merci à vous. Quelle chance j’ai eu de croiser votre route, je me sens grandir ici. Je me sens également tout petit. « Nous ne sommes que des fourmis mais les dinosaures ont disparu depuis longtemps «  m’avait dit Toninho Carrasqueira. Longue vie aux fourmis!!!

Gavotte2Riquet

 

 

 

Lundi

 

 

 

 

 

 

 

(Merci à Laurent Petereau pour les images)

Comme tous les ans, dans ce beaucoup de rires, de sourires, de sons, de couleurs, d’odeurs, … il y toujours une impression dominante qui demeure.

Cette année, je repars avec du feu, avec des feux.. Le travail des artificiers en bords de Garonne est magnifique, poétique et violent, drôle et surprenant, tendre et charnel, sonore et coloré. Je rentre chez moi les yeux pleins de couleurs, de sons, de pétarades et surtout de feu.

Ce feu magnifique qui nous anime à chaque instant, ce feu qui nous fait nous surpasser, nous donne l’amour, la colère, le rire, le groove, l’improvisation, l’inspiration, l’imagination. Ce feu sans lequel, nous cesserions de vivre et de rêver. Je repars plein de cette énergie incandescente incarnée par ces feux et vécue par ces gens. Vive le feu!
Je vous laisserai avec ce dicton de Jean Cocteau
« Si leu feu brûlait ma maison, qu’emporterais-je? J’aimerai emporter le feu »