Serendou – Tournée au Niger

Bon et bien voilà, en route vers une nouvelle aventure. Nous sommes le 11 septembre et je pars vers Paris en transit pour Niamey et Zinder. Le Niger! 5 ans après avoir rencontré Yacouba Moumouni, je me rends chez lui pour 3 semaines de rencontres, d’échanges, de complicité,..ça c’est le rêve. On verra sur place comment les choses se déroulent.

Cette aventure portée par La Compagnie Hirundo Rustica est soutenue par la Région Bretagne et CulturesFrance.

Logos

12 septembre 2010

Bon, le voyage s’est bien passé, nous avons retrouvé Yacouba qui arive de New York dans la zone d’embarquement de Roissy et nous voilà  partis pour 5 heures de vol.

Yacouba & Jacques-Yves

L’arrivée à Niamey, le choc, il fait archi chaud. On s’y était préparé mais c’est quand même rude pour nous.
Le passage à la douane a été très drôle. Les douaniers font repasser tous les bagages au rayons X.  C’est un joyeux bazar, tous les bagages y passent mais aucun n’est ouvert.

Aéroport de Niamey

Puis c’est la sortie de l’aéroport, on se fait assaillir par des jeunes qui nous mettent encore plus de pression quand ils voient que nous arrivons avec Yacouba que tout le monde appelle ici “Denké Denké” du nom d’un tube qu’il a composé. Jaco en sera quitte pour sa collection de petites pièces.
Puis petit tour de la ville, il y a des quartiers avec de la route bitumée (rares) et beaucoup de piste en argile avec des ornières impressionnantes. On y croise des chiens errants, des motos, des mobylettes, des 4X4, des motos, des biquettes, des motos, beaucoup de monde qui flâne,..

Niamey

Petit arrêt resto, nous commandons du poulet/frites, avec du piment qui déménage, nous sommes obligés de nous déplacer dans l’espace couvert car une soudaine averse déboule accompagnée d’un énorme coup de tonnerre. Il pleut ardemment de grosses gouttes dans une atmosphère moite, il fait à peu près 37°. Les ornières sont impressionnantes, le 4X4 est vraiment le meilleur moyen de déplacement avec la moto ici.
A Niamey on parle majoritairement le Zarma (Djerma) alors qu’à Zinder on parle davantage le Haoussa.

13 septembre 2010

Nuit difficile, je n’arrive pas à trouver le sommeil, décalage, chaleur,… ça va venir mais je me réveille un peu fatigué. Yacouba a des soucis de voiture donc c’est Bizo qui vient nous chercher pour nous envoyer au CCFN (Centre Culturel Franco-Nigérien).
Nous voyons la dureté de la vie ici, il fait très chaud, très sec, il a énormément de poussière, les gens vivent de peu, beaucoup de misère, une population en voie de paupérisation liée à une absurde répartition des richesses entre pays du Sud à forte ressource et pays du Nord pillant allègrement les premiers.

Niamey

Nous arrivons au CCFN (Centre Culturel Franco-Nigérien) et passons une bonne heure à discuter avec Bizo. Le choc culturel commence. il nous décrit son travail, la dureté de la vie ici, le prix de l’éducation une bonne école coûte 850€ à l’année et le salaire moyen est de 45€/mois. Puis Yacouba arrive, nous nous rendons dans les bureaux et faisons la connaissance de Adama Boureima, la secrétaire de Delphine Boudon et de cette dernière qui est directrice du Centre.
Puis en route vers le CFPM (Centre de Formation et de Promotion Musical), c’est un lieu de répétitions (il y a plusieurs espaces de travail) et d’enregistrement. Nous rencontrons plusieurs musiciens et techniciens, tout est très calme car nous arrivons après 3 jours de fêtes qui terminent le ramadan, c’était le week-end dernier. Nous retrouvons, Barry et faisons la connaissance de Darius, Koudédé et de beaucoup d’autres.

Niamey

Nous partons ensuite vers le quartier Zongo, quartier populaire très pauvre où Yacouba a été recueilli et élévé par Amsatou Danté qui s’occupait d’une troupe de danse. Nous arrivons entre les ornières jonchés de détritus et les moutons qui s’en nourrissent. La vieille dame nous attend, nous parlons de Yacouba, du petit Yacouba qui a travaillé beaucoup pour elle, qui a travaillé beaucoup la flûte, le chant et la danse (n’oublions pas qu’il est un super danseur qui connaît toutes les traditions d’ici). Nous parlons assidûment 30 mn, Jacques-Yves filme le tout et nous terminons à 2 flûtes à jouer des morceaux de Serendou que Yacouba a appris avec elle.Il y a là plein d’enfants autour de nous.

Niamey

Ensuite retour au CFPM, pour écouter un mix des Cigales, groupe de femmes de Niamey encadré par Haro (le bassiste de Mamar Kassey) et nous avons droit à 4 morceaux fantastiques de musiciens traditionnels d’ici (2 Molos – Salaté et Oumani, 1 Kalangu- Oumarou et une flûte – Moussa) suivi d’un fantastique solo de Oumarou au Douma (tambour basse).

Niamey

14 septembre 2010

Ce matin, Yacouba passe nous prendre et nous filons vers Boubon. C’est un village de potières, nous quittons donc Niamey et partons vers la brousse.
Petite pause sur la route pour aller voir de près le mil. Ici les cultures dominantes sont le mil et le sorgho. La saison des pluies se termine et tout est incroyablement vert. Yacouba nous explique que cela ne va pas durer et que dans 2 mois, tout sera redevenu sec.

Niamey

Nous arrivons à Boubon, Yacouba négocie pour que nous rencontrions des femmes potières, du coup, nous voilà assis dans 3 fauteuils, 2 femmes se mettent à travailler la terre et en 1/2 heure un pot est réalisé à la main. Jaco filme tout et est super heureux, quelques enfants sont autour de lui et regardent hilares le petit écran de contrôle où l’on voit leur mère et leur tante travailler.

Boubon

Puis visite du four et explication de la cuisson. Ensuite Yacouba nous dit que nous devons aller sur l’île de Boubon. Hop! Une pirogue et nous traversons le fleuve tout en jouant, Yacouba a apporté son Kamélé n’Gouni et ses flûtes et veut voir si le petit breton est opérationnel à 36°. ça va, j’ai eu peur du changement climatique et hygrométrique pour les flûtes mais elle tiennent le coup,..pour l’instant. Donc, petite répé sur le fleuve Niger, nous accostons et nous visitons un peu l’île, un peu car Yacouba veut travailler.
Pendant le repas, deux jeunes percussionnistes  viendront jouer (très bien) sur 2 bidons d’huile sur laquelle est tendue une peau de vache pendant que 4 jeunes danseront autour, à dissuader à tout jamais l’occidental que je suis de m’aventurer près d’une piste de danse. Quelle musique! Quel swing! Quel tempo! Quelle classe! Nous repartons en pirogue, nous ressortons les instruments et faisons la traversée en improvisant une pièce pour Kamélé n’Gouni, Flûte et moteur 2 temps Yamaha.
Retour vers Niamey, nous avons rendez-vous avec les 2 directeurs des Centres Culturels Français (Niamey et ZInder). Nous faisons la connaissance de Zara Moussa, rapeuse de Niamey qui va préparer un enregistrement avec Olivier Leroy et Jacques-Yves aux manettes.

15 septembre 2010

Alors ce matin, en route vers le CFPM, il y a là le groupe Sogha qui répète. Ivoirien à la basse, une calebasse, Issaka au Molo, Seîni au Kalangou, Lom à la guitare et Aïsatou et Ramatou au chant.

CFPM

Il y a de belles mises en place, des chanteuses au timbre incroyable et à la chorégraphie intéressante. Ils nous joueront 2 morceaux que Jacques-Yves va filmer Dam Kwali et Bassatarey
Je fais enfin la connaissance de Malam Mamane Barka, personnage très intéressant et très fin, nous discutons assidument avec lui, il a une vision très intéressante de la musique et de sa place dans la société. Il sera du voyage vers Zinder, nous aurons davantage de temps pour discuter mais la première rencontre est très riche. Puis Yacouba nous amène dans le bureau du directeur du CFPM et nous rencontrons Moussa, il nous présente son outil et nous fait visiter le Musées des instruments traditionnels, fabriqué en banco avec l’aide d’une association de coopération espagnole. Nous parlons de Dastum et il serait bien de les mettre en relation car le lieu est prêt à accueillir des consultations, il faut juste voir avec quelle organisation.

CFPM

Le musée est très intéressant, au niveau percussions, il y a déjà 60 instruments différents, des harpes traditionnelles, des trompes, … tout cela est fascinant.

CFPM

Nous faisons un crochet vers le quartier d’adoption de Yacouba qui nous présente “Arouna dit Johnny Maiga” il joue de la flûte à bec et sur un répertoire d’Afrique de l’Ouest. Il nous joue quelques morceaux et prend sa guitare pour 2 chansons inoubliables.

Johnny Maiga

16 septembre 2010

Bon retour à la musique pour un moment, Yacouba arrive avec Barry, chaleureuse embrassades à la Barry. Nous filons au CFPM pour réentendre Sogha, il y a deux chanteuses supplémentaires et les boubous sont de sortie, la classe.

Sogha

Jaco filme trois morceaux puis Yacouba décide qu’il est temps de répéter un peu Serendou. On installe des micros, Woaw!!! Tout sature, Jacques-Yves est écroulé, Serendou n’aura jamais sonné comme ça!!

Répétition

Nous jouons 2 heures, les gens passent, restent un petit temps, repartent reviennent, c’est très drôle, à la fin, tout le monde vient me saluer, j’ai enfin joué!! Me voilà accepté et respecté!
Yacouba file juste après la répé, nous restons discuter un peu tous les trois, quand il revient nous apprenons qu’il est parti faire des prises pour un hymne à l’équipe nationale de foot. Il n’arrête jamais!!!

Niamey

17 septembre 2010

Travail personnel autour de la flûte et du Logelloop toute la journée.
A 18h00, Yacouba vient me chercher pour le concert de Mamar Kassey et là ça commence à dérailler. Nous arrivons au Grand Hôtel où il y a une soirée de gala (je ne sais pas trop comment appeler cela) pour le 41ème anniversaire de la révolution qui a mis Kadafi au pouvoir. Tout est organisé par l’Ambassade de Libye. Tout le monde est en costume, il y a là le gratin de la société politique et économique nigérienne. des petits fours qui contrastent sérieusement avec l’ambiance que l’on trouve dans le rue. Yacouba a changé le diapason du Kamélé n’Gouni et le micro ne marche plus (la tension des cordes doit appuyer sur le chevalet qui écrase le micro), du coup le voilà stressé. On passe 1/2h à réaccorder l’instrument, ça marche un coup sur deux mais il n’a plus le choix, il doit faire le concert ce soir dans ces conditions. Il y a également ici le groupe Tal.
La soirée démarre, je ne sais pas où donner de la tête, l’armada de serveurs en tenue blanche, la fanfare tout d’orange vétue, le coucher de soleil sur le Niger,
Les moustiques arrivent par centaines flairant l’orgie qui se prépare tout dard devant. Les musiciens jouent, super passage de Mamar Kassey avec une nouvelle chanteuse/danseuse, ça joue vraiment très très bien. Mise en place impeccable, groove terrible, super…

Ambassade de Libye

Tal n’est pas en reste dans le style afro, ça groove super.

Ambassade de Libye

Puis le cérémonial commence, la fanfare tout d’orange et de vert vétue attaque, quel bonheur!!!
Nous partons ensuite vers l’Exotic Bar, Ce soir c’est Batoubé qui joue, c’est le groupe de Haro (la bassiste de Mamar Kassey), la musique est superbe, sorte d’afro-jazz
avec guitare acoustique, claviers, batterie, djembé et Haro à la basse. Le groupe joue vraiment bien et l’ensemble est de haute tenue.

18 septembre 2010

Je vais travailler tranquillement ce matin. Je me rends compte qu’un des lièges de ma flûte a explosé hier. La colle a du fondre avec la chaleur.

Flûte

Bon, c’est rafistolable avec un bout de teflon, j’espère que ça tiendra pour l’enregistrement. Yacouba passe me prendre à 12h30, en route vers le CFPM pour répéter toute l’après-midi. Nous traversons les rues de Niamey et la pauvreté fait mal au coeur. Il y a plein de petites boutiques faites de bric et de broc. Les gens, pour s’en sortir, font du petit commerce, Il faut se débrouiller comme on peut. La majorité des gens ici manque de tout, nourriture, médicaments, soins,.. pour les besoins de base, puis l’éducation,..et on en finit pas.
La répé se passera bien, même si mon ordinateur chauffe beaucoup, il a fait 38° aujourd’hui.

CFPM

Nous serons visités par pas mal de musiciens pendant la répé.

CFPM

Nous filons ensuite au CCFN où Olivier et Pierre-Yves présentent un ciné-concert. L’amphy en plein air est splendide, le spectacle sera très beau, ils seront rejoint par Oumarou au kalangou, douma et Seïni sera au molo.

19 septembre 2010

Réveil au rythmes des marteaux qui frappent le burin. Pas de dimanche sans travailler ici. Les maçons travaillent toute la journée sous le soleil qui tape à 35/39° sans un souffle de vent.

Ce midi,nous sommes invités à manger chez Barry (Boubacar Souleymane).

Chez Barry

Nous quittons le centre de Niamey pour nos diriger vers la périphérie où il réside.Nous aurons le droit à un très bon repas conclus par un thé servi dans le verre du Festival des Fifres de Saint Pierre D’Aurillac, grand souvenir pour les amis nigériens.

Le thé

En route vers le CFPM, nous retrouvons Jaco et Olivier qui sont en chômage technique depuis midi (il est 16h00), panne générale de courant, Yacouba nous explique qu’il fait très chaud, les gens allument les climatisation et tout saute à Niamey.

Studio

Le courant reviendra vers 17h30. Je discute avec Boubé Diallo. Yacouba arrive et nous improvisons une répétition, du coup, bon travail de détail sur 2 morceaux, des nouvelles idées d’arrangement, super!

20 septembre 2010

Une tempête vers 3h du matin. Un vent impressionnant, un orage assourdissant, des trombes d’eau incroyables! Ce matin, il y a beaucoup de vent et le ciel est gris pour la première fois depuis notre arrivée.

Il va pleuvoir toute la matinée, les rues sont gorgées d’eau, le changement d’ambiance est saisissant. Ciel gris, pluie, vent, boue,..Nous arrivons au CFPM et devons attendre 20mn dans la voiture tant la pluie est dense.

CFPM

Nous discutons un peu avec Jaco et Olivier, L’ambiance est détendue et ça travaille. Zara a l’air très contente.

CFPM

Nous attendons qu’une salle se libère et nous nous installons. Je branche mon ordinateur, constate que la colle de mon autre liège de flûte a également fondu et qu’il cherche à me quitter pour se réfugier dans une ambassade plus compréhensive et hospitalière, un petit coup de téflon aura raison de ses revendications inopportunes. Nous passerons un petit moment à trouver comment fonctionne le micro que Jaco a installé dans la nuit sur le Kamélé n’Gouni de Yacouba.
Retour au CFPM, Barry nous attend, nous commençons à répéter des détails sur des vieux morceaux, la matière s’affine et prend de la consistance en même temps. Puis, panne de courant, je n’ai pas encore allumé mon ordinateur, pour Serendou, ce n’est pas trop grave car nous avons toujours de quoi travailler en acoustique mais c’est une autre chanson pour les amis qui sont dans le studio en face, tout est bloqué, il peuvent travailler 2 heures grâce à l’autonomie des batteries mais la panne va durer 4h.
Le courant revient mais il nous faut partir!

 21 septembre 2010

Nous filons au CFPM, Barry n’arrivera qu’à 11h30.

CFPM

Répétition toute la journée, ça avance à l’Africaine. Déjeuner avec l’équipe de Zara Moussa, l’ambiance est bonne, le travail avance bien dans les 2 équipes et l’énergie est bonne.

Discothèque

22 septembre 2010

Préparation au départ vers Zinder, le planning aura été un peu chamboulé par les enlèvements d’ingénieurs d’Areva dans le nord du pays, mais finalement, nous serons autorisés à nous rendre à Zinder, 2ème ville du Niger à l’est du pays pour enregistrer l’album du trio.

23 septembre 2010

Tout va bien, le taxi était à l’heure, nous traversons Niamey qui se réveille, l’ambiance est très calme, j’ai le temps de regarder autour et je me rends compte qu’il y a des antennes relais tous les 100 mètres. Pas étonnant que tout le monde fonctionne au portable ici, tu captes mieux que dans le Trégor !! Tant pis pour les lésions du cortex, on communique! J’arrive en avance à l’aéroport, remarque la femme-policier en talon qui tape du pied des rythmes syncopés, tout en caressant son fusil mitrailleur. Enregistrement et hop! Me voilà dans les airs, le paysage est splendide et dur en même temps.

Vue d'avion

Immense étendue d’argile poussiéreuse. On distingue les canaux d’irrigation qui vont de village à village. Chaque village ressemble à une toile d’araignée qui aurait comme une “aura” verte autour. Ici, tu te rends compte que l’eau, c’est vraiment la vie. On la garde comme un trésor, là où en Bretagne on la gaspille et on la pollue.
J’arrive enfin à Zinder,  Je découvre la ville.

Zinder

C’est plus petit, plus sympa aussi, je m’y sens bien. Nous faisons le tour du CCFN, le directeur me présente l’équipe, le lieu est plus intime que Niamey.

Zinder

Il y a là un groupe qui répète “L’ensemble Madoubi” 5 femmes et 6 hommes, les femmes chantent et dansent, les hommes jouent guitare, Kountigui, Kalangou, basse, calebasse,..
C’est très joyeux, Jean-François Belleface me dit que cet ensemble est une sorte de groupe de griots appelé à jouer pour les mariages, baptêmes,.. quand ils viennent répéter, c’est qu’il y a du boulot à suivre. Donc, coup de bol. Jean-François m’explique le fonctionnement de son outil et me présente les membres de l’équipe. Je rencontre la responsable de la bibliothèque, le prof de français, le responsable musique (Léandre) qui s’occupe également d’une troupe de marionnettes, elles sont splendides, on ne sait pas si c’est un genre traditionnel mais les spectacles de marionnettes sont très répandus ici.

MarionnettesMarionnettes

L’ambiance est détendue et sympa.
Jean-François m’explique que Zinder a un passé commerçant très riche, négociants et nomades venaient ici faire des affaires, c’est un grand carrefour de commerce.Il y a 3 villes ici, la ville des négociants/commerçants sédentaires, celle des commerçants nomades et la ville coloniale construite par les français. J’espère avoir le temps de me promener un peu dans tout cela.Pendant la discussion, nous sommes entourés de lézards qui se promènent autour de nous. Les oiseaux chantent allègrement, des perruches et une sorte de gros geai très sonore, le tout ponctué par un ballet de gros camion. Jean-François habite près de la douane et des camions se réunissent ici, sont contrôlés et une majorité d’entre eux partent ensuite en convoi vers Tanout (60kms) où est en cours de fabrication la raffinerie des chinois.
Je me promène dans le quartier. Je vais faire un saut jusqu’au marché, la route est propice à la prise de son, j’allume le magnétophone et enregistre un feu d’artifice sonore, motos, piétons, camelots, muezzin, voitures et klaxons, … il y a tout. Quand inventera-t’on une machine à enregistrer les odeurs? Les mélanges dans le marché sont incroyables, épices diverses, parfums, transpiration, bouse, essence, ..je vois des courges énormes, des récipients immenses remplis d’un cumin odorant, je flâne et me régale de tout celà. L’ambiance est évidemment sans comparaison avec Niamey, personne ne me voit, ne me sollicite, je dois être le seul blanc sur le marché mais je n’existe pas. Tant mieux, je n’en suis que plus tranquille pour faire mes prises de son. retour chez Jean-François, un petit lézard m’attend. pour une fois, un specimen de l’espèce me laisse le prendre en photo et prend la pause, j’en profite.

Gecko

Puis, c’est l’appel à la prière, le chant des muezzin monte des 4 coins de la ville, je sors le magnéto et tente des enregistrement au milieu d’un ballet de chauves-souris de tailles impressionnantes, elle me passent à 50 cm au dessus de la tête.
A 19h00, nous allons chercher Yacouba et Barry qui sont partis à 5h00 ce matin de Niamey. La cohue est intéressante à la sortie du bus et on interpelle à tour de bras “hé! Moumouni! Denké! Denké!!” C’est reparti, un jeune homme se rue sur Yacouba pour lui porter ses valises. Nous arrivons chez Jean-François, petit apéro et bon repas. Nous voilà enfin réunis à Zinder, le travail démarre demain. Enfin!!!

24 septembre 2010

Alors, bonne nuit, je retrouve mes amis au petit déjeuner et nous allons travailler jusqu’à 11h00. Nous allons à la radio Anfani pour une interview.

Radio

D’abord Yacouba en Haoussa puis je le rejoint pour une interview en français. L’animateur, Amadou est complètement déjanté, il me présente comme le producteur de Yacouba qu’il appelle pendant toute l’émission “Mamar Kassey”.

Radio

l’Après-midi nous allons répéter pendant 2h00 avant que Yaco ne passe nous prendre pour une conférence de presse avec des radios, journaux, télévisions, … nous arrivons et le groupe Madoubi répète encore, J’ai le droit à un morceau solo de Rabé (ou Rabou ou Moussou), il chante et joue du gouroumi, instrument à 2 cordes, il tape sur un petit cercle de métal incrusté à la calebasse de l’instrument grâce à une bague, ça envoie terrible!! Woaw, super chanteur, il maîtrise son affaire, changement de tempo, il est rejoint par Abdou Garba au Kalangou et ça grimpe d’un coup.

Conférence de presse

Puis conférence de presse, 8 journalistes, là également, nous parlerons un petit peu de Serendou et beaucoup de Djogol Culture et de la fronde des artistes face à l’ancien Ministre de la Culture.

Conférence de presse

25 septembre 2010

Bonne nuit, ce matin filage, nous sommes visités par Ali A Tchibili et un ami à lui, c’est un grand chanteur ici, très actif dans Djogol Culture, il est venu saluer les amis. Le filage se passe bien, on affine les derniers détails.
Puis nous nous rendons au CCFN retrouver les amis. Nous attendent Abdelsalam (jeune) et l’ancien, 2 flûtistes qui veulent nous rencontrer.

Abdelsalam

Ici les gens communiquent difficilement entre eux, l’ancien ne transmets pas, le jeune ne veut pas connaître le patrimoine. L’ancien nous jouera quelques morceaux, enfin 1 morceau de 10mn. Puis le jeune, puis les 2 avec Yacouba et Barry s’en mêle, super boeuf!! Je filme le tout. Ensuite une pluie de questions s’abat sur Yacouba. C’est un martien pour les musiciens traditionnels, sa fantaisie, la liberté qu’il prend par rapport à la tradition sa connaissance du répertoire, fait qu’il est surprenant et respecté.

Abdelsalam

Puis nous filons au messe des officiers où il y a de la musique ce soir. C’est très proche, nous allons marcher jusqu’à là-bas. La nuit est calme, le ciel bleu, les grillons chantent allègrement, une petite brise adoucit le climat. En sortant de chez Jean-François, nous longeons la file de camion qui attend la douane, les chauffeurs dorment par terre avec une moustiquaire. Nous croisons de nombreuses motos, en fait, c’est l’unique moyen de déplacement des jeunes ici. Nous arrivons sur le lieu de musique, c’est un bal, il y a beaucoup de jeunes, le videur se prosterne devant Yacouba. Tout va bien. Nous écoutons le groupe de Kempès, vedette locale ici avec son groupe, Dangala, ils alternent au niveau du répertoire un morceau avec des rythmes Haoussa et du reggae, le public connaît tous les morceaux et chantent tous les refrains.

26 septembre 2010

Jaco et moi filons au studio, je vais conduire le 4X4 en respectant les règles élémentaires de prudence. En gros, je regarde bien des 2 côtés avant de passer au feu vert et je ne me considère jamais comme prioritaire. Installation au studio, tout marche bien. Il fait chaud il faudra couper les ventilateurs durant les prises, j’en transpire d’avance. Les menuisiers sont là et fabriquent un praticable pour Barry et sa calebasse.

Studio

27 septembre 2010

Bonne matinée, 6 morceaux en boîte, l’ambiance est bonne.

Studio

Il fait chaud, la flûte me glisse des doigts parfois mais ça va s’arranger.

Studio

Nous ne terminerons pas nos journées tard car nous devons couper la lumière pendant les prises, le néon produit un buzz désagréable.

Studio

Le vieux flûtiste est venu nous saluer, il nous donne son nom, Dobi Allahi. La journée se passera bien. Jaco est content du son, les nigériens aussi.

28 septembre 2010

Journée prises, en gros levés à 7h00, petit déjeuner et nous sommes au studio à 8h30 jusqu’à 14h00 (prière).

Zinder

Puis déjeuner, sieste, prière et reprise du travail jusqu’à 20h00/20h30, dîner et au lit.

Zinder

Aujourd’hui le jeune flûtiste est encore resté 3h00 attendre une éventuelle pause où Yacouba pourrait discuter avec lui mais l’heure est au travail rigoureux. Cet après-midi, c’est l’ancien qui est passé nous voir, Yacouba l’a invité à assister à une séance de prise, il était fasciné par les ordinateurs de Jaco.

Zinder

29 septembre 2010

ça démarre plus tard aujourd’hui, depuis hier, nous entendons du boucan dans le quartier un mec braille dans une vielle sono qui larsenne, quand nous passons près du lieu du boucan, nous découvrons un attroupement, un vieux fourgon avec 3 enceintes Bouyer et Barry nous dit qu’il s’agit d’un tradi-praticien, il y a du monde autour du fourgon pour récupérer les produits miracles. Nous allons passer la matinée autour du Kamélé n’Gouni, Jaco a refait toutes les soudures du micro et cela devrait marcher. Nous terminons le morceau attaqué hier, Aly Atchibilly passe nous saluer. Nous décidons d’attaquer les morceaux au Kamélé n’Gouni mais le micro ne fonctionne plus!! Après diverses tentatives il s’avère que la tension du chevalet (chevalier au Niger) est trop forte sur le micro. Jaco est équipé et 2 micros lui appartenant seront posés sur le délicat instrument. L’après-midi sera consacré aux 2 chansons de Yacouba. Nous terminerons à 21h00, pas trop tard car nous avons du pain sur la planche demain.

Zinder

30 septembre 2010

Nous attaquons de bonne heure ce matin, tout le monde a envie d’aller au bout de cette aventure. Nous sommes à 8h15 au studio, Yacouba refait quelques voix et Kamélé n’Gouni, puis ré-écoute des 14 morceaux que nous avons enregistré. Une écoute précise, l’heure des choix arrive, du compromis ou pas, de la rencontre et la différence culturelle, qu’est-ce qui est important? Les priorités ne sont pas toujours les mêmes. “il est vraiment chargé de diable, c’est ange sonorisateur là!” adresse Barry à Jaco mais on finit par y arriver. Pause déjeuner,
Nous retournons au studio, à 17h00 la voiture de Léandre arrive au CCFN, nous sommes attendus pour un tour de Zinder au dessous de 2 gros hauts parleurs Bouyer qui vont diffuser l’annonce du concert de Serendou samedi prochain.

Sono mobile

Sono mobile

La tournée de la ville sera complètement déglinguée, Jaco et moi dans la benne de la 404 avec les hauts parleurs à fond!! Nous traverserons la ville, les gens sont hallucinés, pas tant que nous. Jaco filme et je fais quelques photos, les enfants nous saluent, Nous croisons, voitures, motos, vélos, moutons, camions, piétons, chameaux, … les hauts parleurs hurlent vraiment fort.

Sono mobile

Avec le son :

Audio MP3

1er octobre 2010

Et bien voilà, nous avons terminé, 14 morceaux en boîte, on verra le mixage en Janvier maintenant. Pas mécontent, aucun soucis, d’électricité, de chaleur sur les instruments, de disponibilités des musiciens, tout le monde a joué le jeu avec en plus la bonne surprise du calme du studio et la qualité humaine du directeur.
Cet après-midi, nous nous remettons dans l’énergie du concert, les deux derniers rendez-vous avant le départ sont le concert demain à Zinder et lundi à Niamey. Le filage était nécessaire, pendant ce temps là, Jaco donne un cours à des jeunes et prépare un peu la mise à plat qu’il souhaite laisser au Nigériens.

Formation avec Jacques-Yves

Puis nous filons au club où joue le groupe d’Ali Atchibilly, l’endroit est curieux, ça sent le club de l’époque coloniale mais nous sommes les seuls blancs, il n’y a pas grand monde, les gens arriveront au fur et à mesure, la musique est intéressante, une bonne rythmique, des chanteurs.

2 octobre 2010

En route vers la radio Anfani. Interview en Haoussa d’abord pour Yacouba, le téléphone portable de l’animateur hurle dans sa poche pendant l’interview, il le laissera chanter pendant l’entretien.

Anfani

Puis nous retournons manger chez Jean-François, panne de courant pendant la sieste, je sens la transpiration m’inonder, j’entends un bruit de tonnerre. Jacques-Yves se lève émerveillé, les couleurs sont splendides, le vent se lève, il y a des tourbillons de poussière, la pluie se met à tomber, des hectolitres pendant une demi-heure avec un vent incroyable et un orage assourdissant.

Orage

Tout s’arrête, une demi-heure plus tard tout aura sèché. Mais l’électricité n’est pas revenue ce qui nous angoisse un peu pour le concert du soir. Nous allons au CCFN, pas d’éléctricité non plus et la pluie se remet à tomber. Nous ne pouvons rien installer, nous attendons 2 heures.

Orage

Orage

L’électricité revient mais il se remet à pleuvoir. Le concert du soir commence à être compromis. Nous sommes tous très déçus car ce concert était l’occasion de terminer comme il faut un temps de travail qui s’est super bien passé. Impossible de remettre le concert à demain car Yacouba et Barry reprennent le bus pour rentrer à Niamey. La pluie n’arrête pas de tomber, encore et encore. A 19h00, Jean-François propose un plan B, le hall de la bibliothèque, nous voulons tous jouer. 19h15, nous décidons de rapatrier une partie du matériel à cet endroit. 19h30 sous la pluie et dans un ciel plein d’éclairs assez lointains, nous nous installons. Un type de la radio vient de passer, Jean-François lui demande de courir passer l’annonce que le concert est maintenu. Je suis trempé, j’ai froid maintenant, j’avais presque oublié cette sensation.

Finalement, tout le monde s’y met, Jaco est trempé, Abdoulaye et Ousseiny aussi, tout le monde porte les caisses, les enceintes, les pieds de micros,..nous jouerons à 21h00 devant 80 personnes très attentives, 5 morceaux et paf! Panne de courant, nous attendons 30mn et miracle, le courant revient. Jaco ne sait pas si la console numérique du lieu va redémarrer, tout fonctionne, la télé arrive, sans gène comme chez nous, un gros quartz s’allume, le caméraman se met devant le public, monte sur la scène, filme Yacouba quand je fais des solos, me filme quand Yacouba fait des solos, le son est très bon. Jaco a archi-géré. Le concert se passera finalement très bien, tout le monde est très content. Toute l’équipe du CCFN s’y est mis, les femmes de la médiathèque sont même venues ce qui est un évènement rare pour la journée. Bon, Jean-François est très content, il n’avait pas pensé à faire des concerts dans cet endroit et cela lui donne plein d’idées pour l’avenir.

3 octobre 2010

Petite ballade dans Zinder au soleil couchant.

Zinder

Un petit saut chez Jean-François pour rencontrer Mariama Keita qui travaille pour l’ORTN (Office de Radio Télévision Nigérienne). Elle a beaucoup apprécié le concert d’hier et a plein de questions. Puis nous filons à la MJC où il y a un concert.

MJC

Au feu rouge nous voyons un semi-remorque qui tracte un mini-bus. Il y a les passagers du bus sur le plateau de la semi. De plus près, nous nous rendons compte que ce sont les musiciens de ce soir qui sont sur le camion avec une batterie démontée et la sono. Nous arrivons à la MJC, il y a un imposant service d’ordre. Il y a 200/300 personnes dans un espace énorme, la scène est 10 fois trop grande, il y a un énorme espace vide entre les musiciens et le public. Léandre est là, il me demande de jouer avec le Haske Stars, le groupe que nous avons entendu il y a 2 jours. Pourquoi pas, c’est la dernière soirée à Zinder, soyons fous.

Haske stars

Le chef d’orchestre-bassiste vient me voir, demande à voir ma flûte et m’équipe d’un micro-cravate en plastique HF. Je rejoint le groupe, jour une note et deviens l’espace d’un instant un transfuge de Jimy Hendrix et de Van Halen, ça tord de partout, soit, on va jouer rock’n’roll, Jaco est mort de rire, je commence mon solo et des jeunes du public viennent m’asperger de billets de banque, une véritable mousson me tombe dessus, Jaco filme, le sourire jusqu’au oreilles. Je jouerai 2 morceaux, puis un rappeur arrive, les musiciens traditionnels viendront le rejoindre et mettre un peu de sel dans le concert.

Haske stars

4 octobre 2010

Retour à Niamey, la dernière soirée avec les amis avant le départ. Dernier concert de Serendou au Niger, le public a l’air content.

5 octobre 2010

Nous saluons les amis et prenons congé, nous passerons quand même rencontrer la troupe de Zongo, ballet avec 3 danseuses, 3 danseurs et des musiciens.

Niamey

Niamey

Niamey

C’est très beau, nous partirons avec leurs musiques et leurs chants dans la tête, beau cadeau.

Une petite pause et Yacouba rejoint Zara Moussa pour faire un petit clip sur l’équipe nationale de football avec le collectif de Djogol Culture, ils reviennent habillés avec le maillot de l’équipe!!!

Yacouba et Zara Moussa

Un petit pot avec les gens de l’association MADéLA qui fabriquent des lampes solaires à Led pour scolariser des enfants d’un village, nous les avions rencontrés au Festival des Fifres de Garonne et ils ont un très beau projet qui touche beaucoup Yacouba.

Mais nous devons partir, Yacouba nous ramène à l’aéroport, du coup, nous savourons les derniers moments en sa compagnie, tout le monde nous salue, le douanier qui nous a vu arriver avec Denké Denké nous demande même de lui ramener une pédale Wah-Wah la prochaine fois que nous revenons!!
Prochain rendez-vous en novembre en Bretagne et Africolor le 3 décembre.